SES risque de devoir un peu modifier son orbite pour se remettre droit dans ses chiffres. (Photo: Licence C.C.)

SES risque de devoir un peu modifier son orbite pour se remettre droit dans ses chiffres. (Photo: Licence C.C.)

Dans une note d’analyse boursière datée du 26 janvier 2018, Barclays Capital notait que l’opérateur satellitaire luxembourgeois SES avait perdu 40% de sa valeur depuis le début de l’année 2017… et que ce n’était peut-être pas fini.

Et, de fait, quelques jours plus tard – le 12 février –, SES annonçait un véritable hara-kiri managérial: dans le même communiqué, le groupe faisait part du remplacement du directeur général et président du comité exécutif, Karim Michel Sabbagh, et de celui de son directeur financier, Padraig McCarthy.

Deux postes aussi cruciaux libérés en une fois, les analystes ont à nouveau pris peur. Sur la journée, le cours a nouveau perdu 8,85% pour arriver à 11,7 euros. Il a encore poursuivi sa course vers le bas jusqu’à atteindre 11,04 euros le 15 février, avant d’entreprendre une lente remontée.

Un avertissement qui passe mal

Mais depuis le mois de juin, le titre a en tout cas perdu la moitié de sa valeur (23,19 euros le 6 juin sur Euronext Paris). Que s’est-il donc passé? «Différents éléments ont joué, estime-t-on chez Degroof Petercam. Les revenus n’augmentent plus, le groupe affiche des dettes importantes sur son bilan et le dividende n’est pas couvert par les ‘cash flows’. Enfin, il faut tenir compte des départs au sein du management.»

Pour rester au niveau des chiffres, le groupe a lancé un avertissement sur résultat lors des résultats du troisième trimestre, le 27 octobre, qui a également fait chuter le cours de 14% en une séance. SES annonçait cette fois que sa marge d’Ebitda resterait tout au long de l’année 2017 sous le niveau de 2016.

Panique dans le ciel

Viennent ensuite des événements liés à l’activité proprement dite, que les observateurs boursiers ont, une fois de plus, peu apprécié. À la mi-juin, le groupe a ainsi admis avoir perdu le contrôle sur son satellite AMC-9, qui assurait des fonctions de télécommunications au-dessus du continent américain. Il s’est depuis fragmenté dans l’espace.

Plus récemment, le 26 janvier, le satellite SES-14, embarqué à bord d’Ariane 5, a été largué au mauvais endroit. Sans conséquence à long terme finalement, mais les marchés n’aiment pas les «couacs». Même s’ils donnent parfois l’impression de simples battements d’ailes de papillon à l’échelle de la stratégie globale d’une entreprise.

Il n’y a effectivement pas de raison de remettre en cause l’ensemble du modèle d’affaires de la société de Betzdorf. Dans une étude récente, Morgan Stanley la citait en effet parmi les 20 géants qui devraient tirer leur épingle du jeu de la course au «new space», à côté de géants comme Apple, Boeing, Alphabet ou Microsoft. Mais ça, c’est pour le plus long terme.