Arnaud de Meyer (Steinmetzdemeyer) est revenu sur le projet du Centre Guillaume II, ouvert en juillet à la population. (Photo: Jessica Theis)

Arnaud de Meyer (Steinmetzdemeyer) est revenu sur le projet du Centre Guillaume II, ouvert en juillet à la population. (Photo: Jessica Theis)

En découvrant les clichés de bâtiments rénovés lors de la soirée «10X6 architecture» organisée par le paperJam Business Club mercredi, on pouvait légitimement se poser la question du fil rouge du travail des dix architectes invités à témoigner de leurs réalisations.

D’impressions émotionnelles en considérations mathématiques, ce fil a été dévoilé, chacun à sa manière, devant 300 personnes présentes dans le cadre de la première édition luxembourgeoise du salon Architect@work, créé il y a 10 ans et existant dans une dizaine de pays en Europe.

Assumer et expliquer ses choix

L’une des clés pour comprendre le cheminement de l’architecte réside probablement dans la relation qu’il bâtit avec le maître d’ouvrage du projet concerné. Ce fut le cas pour Tatiana Fabeck (Tatiana Fabeck Architecte), qui a compté sur la collaboration avec l’administration communale pour réhabiliter le moulin de Pétange en lieu culturel: le Wax.

«Seul l’enduit de façade a suscité une discussion nourrie pour expliquer qu’il ne s’agissait pas d’un sous enduit et que nous n’allions pas recourir à un enduit coloré», se souvient précisément l’architecte.

Le temps joue un rôle

Assumer ses choix, les expliquer, laisser le temps au grand public de les comprendre. Le temps peut aussi jouer en faveur du professionnel. Arnaud de Meyer (Steinmetzdemeyer) a expérimenté ce cas de figure en tant que coordinateur du futur Centre Guillaume II utilisé par l’administration de la capitale et dont la passerelle le reliant à l’Hôtel de Ville avait suscité une polémique citoyenne.

«Le maître d’ouvrage a saisi une opportunité et ne savait pas quoi faire du bâtiment», s’est rappelé quant à lui Stéphane di Carlo (egb Hornung & Associés) en revenant sur le projet «Lili’s Garden» à Dommeldange. «Nous avons donc voulu en quelque sorte en faire un projet pour nous, un projet intégré, global, une sorte de pari au-delà du calcul de rentabilité au mètre carré.»

Écouter le bâti existant

Un pari architectural qui ne pouvait être gagné qu’en s’imprégnant de l’âme des lieux, en ne renonçant pas sur ce qui peut apparaître d’un certain point de vue comme des imperfections ou d’un autre comme la trace d’un besoin qui aurait été traduit sans forcément tenir compte d’aspects esthétiques.

D’où le souhait d’Eve-Lynn Beckius (Bel.architecture) de ne pas profondément modifier l’agencement de la façade d’un ancien atelier à Diekirch aujourd’hui destiné à la création artistique.

Mais si l’apparence côté rue est conservée et rafraîchie, les intérieurs sont généralement – et logiquement, vu l’état vétuste de certains bâtiments – modernisés, tout en sublimant certaines pièces anciennes.

«Nous étions à la recherche d’une qualité de vie correspondant à 2014 au départ d’une bâtisse de 1824», rappelait Diane Heirend (Diane Heirend architectes) au sujet d’une maison rénovée en appartements, rue Notre-Dame. «La mémoire des lieux fait partie du passage de tous les jours.»

Cette évocation pouvait aussi être attribuée à Anouk Thill (A+T Architecture) qui a dévoilé comment l’ancienne gare de Noertzange a habillement été transformée en logement d’étudiants en tenant compte du passage des trains à proximité.

Mémoire vivante

Et la mémoire industrielle du pays continue de donner lieu à de belles réalisations qui s’inscrivent dans leur époque. À l’image du château d’eau et de la salle des pompes de Dudelange, dont la seconde vie a été expliquée par Claudine Kaell (Kaell Architecte) ou de la rénovation du site du Schéiss à Belair replacée dans son contexte par Jean Petit (Jean Petit Architectes). Deux sites qui appartenaient autrefois à l’Arbed.

Naturellement artistes dans l’âme, les architectes doivent aussi et avant tout résonner de façon cartésienne, comme l’a montré Monique Étienne (Klein & Muller) concernant le réaménagement du bâtiment du bureau d’ingénieurs-conseils Best.

«Nous devions augmenter le volume du bâtiment pour correspondre à la croissance des activités sans remettre en cause l’organisation interne ni disposer de plus d’espace», indiquait-elle.

Cette réappropriation de l’espace semble décidément prépondérante pour réussir un projet de transformation. A fortiori lorsque les volumes sont peu conventionnels. Lisi Teisen (Teisen Bureau d’Architectes) en fait actuellement l’expérimentation via le projet de réhabilitation des deux Rotondes jouxtant la gare centrale.

Le site, qui a servi de point de convergence en 2007 pour l’année européenne de la culture, poursuit sa mue pour accueillir à nouveau des événements culturels pour tous publics. La fin du chantier de la première Rotonde est annoncée pour la fin d’année, la seconde devrait être finalisée d’ici juin 2015, dépendamment du contexte budgétaire.