Yves Kuhn, chief investment officer de la Bil. (Photo: BIL)

Yves Kuhn, chief investment officer de la Bil. (Photo: BIL)

Pour l’heure, les statistiques économiques confirment la poursuite de l’accélération de l’économie américaine, si bien que les marchés s’attendent à trois relèvements de taux par la Réserve fédérale en 2017. Le secteur manufacturier affiche une croissance robuste et les indices actions ont rebondi pour atteindre des sommets historiques. En Europe, l’indice composite des directeurs d’achat (PMI) a atteint 56 (son niveau le plus élevé en 70 mois), ce qui pourrait augurer un taux de croissance de 2% ou plus. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), Mario Draghi, a eu raison de la déflation, l’inflation des prix à la consommation ayant augmenté jusqu’à 1,9%, soit juste en-deçà de l’objectif de 2% fixé par la BCE. Cependant, les partis europhobes gagnent du terrain. Si elle est élue à la présidence de la France en mai prochain (un scénario peu probable), Marine Le Pen compte sortir la France de l’euro et renégocier l’appartenance à l’UE. Cette posture met en péril l’existence même du bloc.

Deutsche Bank indique que le rebond des PMI mondiaux a été le principal moteur de performance du prix des actifs au cours des six derniers mois. Par ailleurs, les données tendent à montrer que l’élan récent a été inspiré par la croissance (plutôt que par Donald Trump).

Alors, que choisir au rayon des actions?

Les actions américaines sont onéreuses et nous estimons qu’une correction tactique à court terme ne devrait pas tarder. Les marchés évoluent en fonction des valorisations, mais aussi en fonction du facteur psychologique. Les poussées régulières des marchés actions ont été déclenchées par un basculement des flux depuis les produits obligataires vers les actions, ce qui a désarçonné certains investisseurs. Reste maintenant à savoir qui va bouger en premier: ceux qui bénéficient d’un rendement à six mois de 9% mais qui comptent vendre à un bon prix, ou ceux qui veulent abandonner leur position attentiste et se jeter dans le marché actions à tout prix?

Nous le saurons dans les semaines à venir. Le marché semble être mûr pour une correction tactique, et le jeu du chat et de la souris entre ceux qui détiennent des actions et ceux qui n’en ont pas fait progressivement grimper les prix.

Les actions européennes permettent une exposition à bêta[i] élevé à la croissance américaine, sans la prime correspondante. Aujourd’hui, l’indice MSCI Europe (cet indice représente l’évolution des marchés actions de 15 pays européens) se situe à 10% au-dessous de ses plus hauts historiques, constatés en 2000 et 2007. Les actions bancaires européennes pourraient bénéficier de l’augmentation des volumes de prêts. La banque d’investissement Morgan Stanley envisage même qu’elles puissent surperformer leurs homologues américaines. Pour l’heure, l’étiquette «décote» qui colle aux actions européennes tient au risque politique.

Dans l’ensemble, les marchés actions sont partis pour enregistrer de bonnes performances, même si quelques accidents de parcours ne sont pas exclus. Le marché actions américain devient onéreux et les investisseurs pourraient se tourner vers l’Europe, en privilégiant les petites capitalisations comme source de valeur. Pour les actions européennes, le déclic pourrait venir d’un résultat des élections françaises qui n’hypothéquerait pas l’avenir de l’UE.

[i] Le bêta, ou coefficient bêta, d’un titre financier est un coefficient de volatilité ou de sensibilité qui indique la relation existant entre les fluctuations de la valeur du titre et les fluctuations du marché.