Romain Grosjean a décidé de quitter la team, alors qu’il constituait le principal actif de Gravity. (Photo: F1fansite.com)

Romain Grosjean a décidé de quitter la team, alors qu’il constituait le principal actif de Gravity. (Photo: F1fansite.com)

La guerre continue entre les familles Becca et Lux en marge de la F1. Neuf mois après le placement en liquidation de l’entité luxembourgeoise Gravity Sport Management, en charge de la gestion des carrières des pilotes, Promobe Finance, qui en est actionnaire à hauteur d’un tiers, relance les hostilités. Cette société liée au développeur immobilier Flavio Becca réclame le remplacement des liquidateurs actuels, Eric Lux et Gerard Lopez, qui, à travers la société Genii, disposent des deux tiers du capital de Gravity.

Le collège des liquidateurs, initialement composé de Lux, Lopez et de Patrick Louis, ne compterait plus que deux membres, le dernier ayant jeté l’éponge en juillet dernier, quatre mois après la mise en liquidation volontaire en mars 2015.

Il leur est reproché de poursuivre l’activité de Gravity comme si la société était en mode de fonctionnement normal, en creusant le déficit au détriment de ses créanciers. «Il apparaît que Gravity continue de gérer les droits ainsi que les carrières des pilotes de Formule 1 avec lesquels elle a contracté et que son collège des liquidateurs n’a, à ce jour, pas réalisé le moindre de ses actifs», note une assignation lancée par Promobe devant le tribunal de Luxembourg siégeant en matière commerciale.

Bisbille sur les comptes 2013

La société de Becca exige la mise en place de liquidateurs indépendants.

Les liquidateurs actuels vont devoir comparaître le 11 décembre prochain devant les juges et s’expliquer sur l’état d’avancement de la procédure de liquidation.

L’actionnaire minoritaire de Gravity accuse Eric Lux et Gerard Lopez d’agir dans l’intérêt exclusif de Genii, majoritaire dans le capital, et également actionnaire indirect, à travers deux autres sociétés luxembourgeoises, Gravity Motorsports sàrl et Gravity Racing International SA, de Lotus F1 Team Limited. Les actionnaires ultimes de Lotus étant Eric Lux et Gerard Lopez.

Selon l’assignation, Lotus fait l’objet d’une procédure judiciaire au Royaume-Uni en vue de voir prononcer sa mise en liquidation à la demande de plusieurs créanciers. En Belgique, la société est au cœur d’une procédure de saisie à la demande d’anciens pilotes réservistes, toujours selon l’accusation. 

Promobe a demandé début septembre la tenue d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires. Elle fut convoquée à la dernière minute le 30 septembre. En amont de ce rendez-vous, des chiffres provisoires pour 2013 furent communiqués à tous les actionnaires. Le projet de rapport annuel pour 2013 a fait apparaître une perte de 1,142 million d’euros, alors que les chiffres communiqués début janvier 2015 pour le même exercice montraient encore un bénéfice 939.179 euros.

Les liquidateurs, souligne l’assignation, n’ont pas encore commencé à préparer une ébauche de projet de comptes pour 2014. «Les liquidateurs ne semblent donc pas être en mesure de dresser une liste des actifs et passifs de Gravity», poursuit Promobe.

Or, le pilote vedette de l’écurie Lotus, Romain Grosjean, a décidé de quitter la team, alors qu’il constituait le principal actif de Gravity.

Actifs valorisés à 2,47 millions

Promobe voit dans le refus de Genii de remplacer les liquidateurs «un abus de majorité» qui s’ajoute à «de graves manquements dans l’exercice de leurs fonctions».

Dans l’intervalle toutefois, une nouvelle assemblée générale extraordinaire de Gravity s’est tenue le 9 novembre dernier. Si les comptes pour 2013 et 2014 n’ont pas été formellement approuvés, les liquidateurs ont toutefois présenté une évaluation des actifs de la société, ce qui relativise une partie de l’accusation de violation de leur mission.

Selon nos informations, les actifs de Gravity devraient être vendus avant la fin de ce mois de novembre et les activités commerciales cesseront à la fin de l’année.

Des propositions de rachats auraient été formulées, sans toutefois convaincre les liquidateurs de vendre, les offres extérieures ayant été jugées peu satisfaisantes jusqu’alors. La société de gestion des carrières des pilotes aurait été valorisée à 2,470 millions d’euros.

Le scénario le plus probable est le rachat des actifs par l’entité Gravity Sports Agency, liée à Genii Capital, c’est-à-dire que les liquidateurs volontaires se vendraient à eux-mêmes.

Contacté par Paperjam.lu, Eric Lux n'a pas été en mesure de répondre à nos sollicitations.