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Deuxième région française la plus connectée à Internet, la Lorraine des TIC (Technologies de l'Information et de la Communication) n'a plus rien de virtuel. Il suffit, pour s'en convaincre, de partir à la rencontre des clubs de nouvelles technologies, qui se sont créés ces trois dernières années. 

Un réseau ciblé : les clubs NTIC

Site phare de la haute-technologie en Lorraine, le World Trade Center du Technopôle de Metz a lancé fin 1998 un club NTIC. Présidé par Yves Moinier, Directeur Délégué à la Région Nord et Est chez Cegetel, le club compte, désormais, une trentaine de membres (le club dénombre également une trentaine d'entreprises potentielles).

Ses objectifs: créer un lien entre les entreprises du secteur des NTIC, être un lieu de rencontres et d'échanges sur les nouveautés de ce secteur, devenir un outil pour faire connaître l'importance des NTIC aux entreprises mosellanes et lorraines.

Pour cela, le club s'est orienté vers deux activités. D'une part, l'Atelier NTIC, qui permet de répondre aux questions des PME-PMI en matière de NTIC et de favoriser les échanges avec les entreprises de ce secteur (par exemple: Internet et la Relation Client, Internet et la sécurité informatique, etc.)

D'autre part, le Comité NTIC, qui fédère les entreprises du secteur des NTIC et leur permet un échange d'expériences et une mobilisation sur certains sujets qui leur sont propres.

Concrètement, le Comité se réunit une fois par mois en alternance chez l'un de ses membres afin qu'une entreprise des NTIC présente ses produits et ses services. L'année 2000 a permis de présenter PB Concept et Soho Informatique (développement d'applications pour Internet), Ingedus (informatique de gestion industrielle), Linbox (ordinateur de réseau Linux), Meuse Logiciel SA (logiciel de comptage de billets et de pièces), Talkie Walkie (dessins animés) mais aussi les NTIC à l'Université de Metz, à la BPL (Banque Populaire de Lorraine), en Allemagne ou encore à l'Usine d'Electricité de Metz. Dernièrement, c'est la Caisse d'Epargne de Lorraine Nord qui présentait son call-center.

Deuxième point d'ancrage des clubs en Lorraine: Nancy. C'est en janvier 1999 que le LORIA (Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications), installé au Technopôle de Nancy-Brabois, lance son club LoriaTech en collaboration avec l'Aduan (Agence de Développement et d'Urba-nisme de l'Agglomération Nan-céienne).

«Nous souhaitons assurer la veille technologique à nos membres, susciter des rencontres et des collaborations de recherche entre eux et notre laboratoire», précise Jocelyne Dias, chargée de communication et des relations industrielles et commerciales au LORIA. Aujourd'hui, le club regroupe une cinquantaine d'entreprises régionales des secteurs de l'informatique (SSII, concepteurs de logiciels, business en ligne?) et des télécommunications.

Contre une adhésion payante au club (1), chaque membre bénéficie, entre autres, d'un accès gratuit au serveur Web (information technologique, actualités scientifiques?), des appels d'offre européens et du point de vue du LORIA sur des technologies/logiciels sur lesquels il possède une réelle expertise.

Une demi-douzaine de rencontres a lieu chaque année sur des sujets aussi divers que: la sécurité des e-transactions, les clusters de PC, les liaisons sans fil, l'ergonomie des logiciels? Sans oublier une journée dédiée à la veille technologique.

Dernier-né des NTIC à Nancy, les Jeudis du Net, organisé par le Club nancéien de la Net-économie et piloté par l'Aduan. Depuis octobre 2000, 60 à 110 personnes se réunissent une fois par mois autour de têtes d'affiches de la net-économie. Parmi elles, Stéphane Targon, designer chez ID-Net (cf. encadré) pour la réalisation du site officiel du basket français (www.basketzone.com) ou Thomas Froehlicher de l'ICN (Institut Commercial de Nancy), l'initiateur du projet ARTEM (Art, Technologie et Management), une filière pour travailler dans le net grâce à des passerelles entre les étudiants de l'ICN, de l'école des Beaux-Arts et de l'école des Mines de Nancy. Mais aussi, Business Initiative, First Tuesday, Houra.fr? «Il s'agit d'un club d'idées mais pas de business. Notre idée, c'est le développement économique, la promotion d'Internet; le jeudi est une soirée du club pour s'ouvrir à l'extérieur», précise Lydia Lobry, chargée de mission à l'Aduan. Bilan: entre 200 et 230 personnes différentes se sont déjà rendues aux Jeudis du Net.

Si ces clubs ont réussi à créer une dynamique régionale en matière de nouvelles technologies, il devenait nécessaire que les pôles d'innovation se tournent vers les futurs créateurs de start-up. Mieux, qu'un incubateur soit créé exclusivement pour elles.

Transfert de technologie

les Centres européens d'entreprises et d'innovation (CEEI)

Pionnière en matière d'innovation, la Lorraine crée en 1984 Attelor (Association pour le Transfert de Technologie en Lorraine), un réseau composé de 32 organismes régionaux rassemblés autour d'un objectif: le développement technologique des PME-PMI.

Ce réseau bénéficie de subventions du Conseil Régional de Lorraine, de l'Etat et de l'ANVAR (Agence Nationale pour la Valorisation de la Recherche). Dans ce réseau, deux Centres Européens d'Entreprises et d'Innovation voient le jour: Promotech, sur le Technopôle de Nancy-Brabois puis Synergie sur celui de Metz.

«A l'origine, il s'agissait d'aider les chercheurs et les étudiants à mettre en place le résultat de leurs recherches, autrement dit, qu'ils créent leur entreprise», précise Achim Mayer, chargé de mission chez Promotech.

Dédié aux projets à caractère très innovants, le Centre nancéien  se fixe trois missions: le transfert technologique, la recherche de partenaires européens et l'hébergement (pépinière d'entreprises).

Aujourd'hui, les priorités sont les mêmes. Signe de changement, Promotech relève depuis au moins quatre ans une sensibilité des projets aux TIC. «Sur la trentaine d'entreprises que nous hébergeons et la trentaine que nous suivons chaque année, Internet est un outil de développement», affirme Achim Mayer.

En effet, si 1/3 des projets appartiennent aux secteurs de la chimie et de la bio-technologie, 2/3 utilisent de près ou de loin les TIC. Les plus impliqués étant les créateurs de sites Internet. Parallèlement à cette évolution, Promotech a lancé en février dernier son projet Startup-Support for Entrepreneurs in Europe (un programme similaire dénommé Train-IT avait déjà eu lieu entre décembre 1997 et décembre 1999).

Destiné aux start-up de la nouvelle économie en phase de création ou de premier développement, ce programme propose un appui complet du créateur: une semaine de séminaire (rédaction du Business Plan, séances de formation, présentation des projets devant des dirigeants d'entreprise, des financeurs, des capital-risqueurs), un suivi individualisé et la mise à disposition du réseau d'entrepreneurs ayant participé à Train-IT depuis 1998.

Deux autres centres experts dans la création d'entreprise participent à ce projet: le BIC (Business Innovation Centre) de Kaiserlautern et le Technoport Schlassgoart d'Esch-sur-Alzette. Du côté messin, les choses sont à peu près similaires.

Depuis sa création en 1985, Synergie accompagne une soixantaine de projets innovants par an, surtout dans leur phase de création et de premier développement (élaboration du Business Plan, formation, recherche de partenaires?). Avec, cependant, une caractéristique très forte: le Centre aide les créateurs à monter leur plan de financement et les accompagne en phase de négociation financière.

A l'instar de Promotech, Synergie constate que beaucoup de projets traditionnels intègrent désormais Internet et que d'autres sont véritablement des projets centrés sur les NTIC: environ 25% ont été déposés et retenus cette année. Ceux-ci concernent l'utilisation d'Internet (le paiement sécurisé par exemple), le développement de sites, la création de sites-portail sectoriels (BTP, régie publicitaire?) mais aussi la création de bornes interactives ou la communication inter-véhiculaire.

«L'épiphénomène médiatique sur Internet a heureusement atterri et aujourd'hui nous arrivent des projets plus concrets et plus solides», argumente Boris Ouarnier, chef de projet chez Synergie.

Pour accompagner ce mouvement, le Centre a créé en janvier dernier un club informel de créateurs d'entreprises spécialement NTIC. Des rencontres ont lieu tous les deux mois dans les bureaux de Synergie afin d'encourager les échanges d'expériences.

«Nous avons remarqué que les gens qui avaient des projets de NTIC, encore plus que tout créateur d'entreprises, avaient besoin d'échanges avec leurs pairs», affirme Boris Ouarnier. Depuis le printemps 2000, Synergie initie également un club de business-angels: aujourd'hui dans l'ombre, ce club devrait prochainement rejoindre la lumière?

Des Universités aux Entreprises: le rôle des incubateurs

C'est probablement cette arrivée, non-prévue, de projets NTIC dans les centres d'innovation qui a suscité la création récente de deux incubateurs. Le plus actif est sans conteste l'incubateur de l'INRIA-LORIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatisme). Inauguré en novembre 1999, il a été créé pour «permettre le développement scientifique dans le domaine de l'informatique par la valorisation de travaux de recherche, à travers la création par exemple de start-up et l'aide à leur développement», stipule son texte de présentation.

En effet, l'incubateur accueille deux types de créateurs: les membres du LORIA-INRIA qui préparent une création d'entreprise et les start-up nouvellement créées. Pour celles-ci, la durée maximale de l'hébergement est d'un an. Accueillies sans formalités dans l'incubateur, les start-up bénéficient d'un accompagnement logistique (locaux meublés, réseau informatique du LORIA, téléphone, fax, copieur?) et surtout scientifique du LORIA et de l'INRIA-Lorraine.

Grâce à l'incubateur, quatre start-up se sont créées en 2000: Lorasi.fr (assistance à la maîtrise d'ouvrage pour les réseaux de transmission de données, réalisation de sites Web et Intranet) Neoxy (cf.encadré), Enginest Software (logiciels d'optimisation pour la planification et l'ordonnancement) et Lucid IT (produits et services basés en partie sur le modèle logiciels libres pour des applications aux domaines mutimédia, information distribuée et Internet).

Pour 2001, quatre projets de création sont en cours: VSP (Visualisation Services Pro-vider, visualisation réaliste et interactive de maquettes numériques de très grande taille pour l'industrie), COSProd (commercialisation de deux logiciels, l'un pour l'optimisation de découpe, l'autre pour l'agencement physique d'atelier), Bio-expert.com (portail spécialisé pour les biologistes avec expertises et formations en ligne) et Diatelic (télé-médecine, suivi de dialyse à domicile).

Tout aussi innovant, même s'il est moins ciblé NTIC, l'Incubateur Lorrain note l'arrivée de dossiers qui relèvent de la société de l'information. Créé fin 1999-début 2000 par les quatre universités lorraines de Nancy 1, Nancy 2, l'INPL (Institut National Polytechnique de Lorraine) et Metz, cet incubateur est le fruit de la loi Innovation de juillet 1999. Celle-ci demandait aux Universités d'accompagner des projets de création d'entreprises issus des travaux de recherche de leurs laboratoires.

Pour ce projet, l'Etat a alloué la somme de 4,5 MF sur trois ans avec l'engagement d'accompagner dix-huit projets sur lesquels douze deviennent des créations d'entreprises. Outre une aide régionale de 1 MF, l'Incubateur a aussi bénéficié de l'aide des Conseils Généraux de Moselle et de Meurthe-et-Moselle et des villes de Metz et Nancy.

Aujourd'hui, l'Incubateur suit une douzaine de projets (dont deux se sont concrétisés en création) dont plusieurs dédiés aux NTIC: invention d'un nouveau langage informatique, création d'un village du net (tout ce que peut amener la nouvelle économie aux isolés; en partenariat avec France Télécom), création d'un site pour la vente de produits régionaux, création d'un portail pour l'imagerie médicale, projet qui cerne tout ce que peut apporter le net dans l'apprentissage, la formation'Bref, on l'aura compris, la Lorraine pense à l'avenir de la nouvelle économie.

(1): Coût gratuit pour les entreprises de moins d'un an. 500 FRF HT pour les entreprises de moins de 50 salariés, 2.000 FRF pour les plus de 50 salariés, 6.000 FRF pour les grands groupes.

Interviews:

Interview de

M. Gérard Longuet,

Président du Conseil régional de Lorraine

Le terme "Grande Région' a-t-il un sens pour la Région Lorraine? S'agit-il d'une réalité?

La Grande Région incarne une réalité très forte pour la Lorraine: par l'histoire et par la géographie qui font d'elle la seule région tri-frontalière de France, à la croisée des grandes voies de communication nationales et européennes. Et être l'une des composantes de ce vaste ensemble humain a naturellement des implications très concrètes pour la Lorraine: chaque jour, 70.000 Lorraines et Lorrains traversent l'une de ces trois frontières pour aller travailler. Dont plus de 48.000 pour le seul Luxembourg! Ce qui nous amène à entretenir des rapports étroits et fructueux avec nos voisins. C'est par exemple le cas des transports en commun: la Région Lorraine a conclu des accords avec le Grand-Duché d'une part et le Land de Sarre d'autre part pour l'acquisition de matériels sur les lignes TER transfrontalières. La Grande Région, c'est une réalité de tous les jours!

A l'avenir, est-il nécessaire de développer ou de renforcer cet espace?

Il est bien sûr nécessaire de développer et de renforcer la Grande Région. Mais je suis confiant dans son évolution, pour plusieurs raisons. D'abord parce que nous entretenons des relations institutionnelles anciennes et étroites entre les différents membres. Ensuite parce que l'intégration, l'imbrication même de nos économies nous amènent, de fait, à chercher ensemble des solutions et des améliorations pour nos concitoyens. Je vous parlais à l'instant des transports ferroviaires. Je peux aussi citer la question de la voie autoroutière nord-sud que nous souhaitons voir construire en Lorraine pour répondre à la saturation de l'A31. Bien sûr, ce dossier concerne aussi tous nos voisins de la Grande Région. C'est pourquoi j'ai entrepris de rencontrer l'ensemble de mes homologues pour en parler. Mon premier entretien a d'ailleurs eu lieu avec M. le Premier ministre Juncker, le 10 avril dernier.

Comment se positionne la Région Lorraine à l'égard de la nouvelle économie?

L'encouragez-vous? Comment? Pourquoi?

Nous avons une vraie carte à jouer avec la nouvelle économie. C'est un rendez-vous décisif, à ne manquer sous aucun prétexte, et depuis plusieurs années déjà nous agissons dans ce sens. En amont d'abord, avec le soutien et l'accompagnement de la recherche. Je songe par exemple au réseau Lothaire qui est une véritable autoroute de l'information à très haut débit dont profitent les enseignants et les étudiants lorrains. Il y a aussi les dispositifs de rapprochement entre la recherche et le monde de l'économie: incubateur, aides à la création d'entreprises, veille technologique?

Quant aux entreprises, je vous donnerai deux exemples: dans le domaine de l'aide à l'innovation, nos subventions concernent, au fil des ans, de plus en plus d'entreprises de la nouvelle économie. Et puis, il y a les centres d'appels qui participent directement de la société de l'information; en l'espace de quelques années, nous avons accueilli de nombreux call-centers qui emploient aujourd'hui plus de 5.000 personnes.

Pensez-vous que la nouvelle économie puisse être un moyen de faire plus pour la Grande Région'

C'est indiscutable. La nouvelle économie, les TIC abolissent les frontières temporelles et géographiques. Très concrètement, elles rapprochent les différents acteurs économiques de la Grande Région: c'est le moyen de renforcer des relations qui existaient auparavant et qui désormais sont facilitées et amplifiées. Mais au-delà, quand on songe aux enjeux technologiques et financiers que la nouvelle économie implique, il est évident que nous réussirons grâce à des partenariats avec nos voisins de la Grande Région. Je crois qu'en la matière, les "solidarités de fait", pour reprendre le terme de Robert Schuman évoquant la construction de la CECA, existent et vont aller en s'accroissant: pour les questions de recherche, d'innovation, d'investissements publics et bien sûr, entre les entreprises.

Interview de

M. Jean-Marie Rausch, Sénateur-Maire de Metz

Le terme «Grande Région» a-t-il un sens pour Metz? S'agit-il d'une réalité?

«Il s'agit d'une double réalité. Quand j'étais président, il y a quinze ans, de la Région Lorraine, j'avais créé le Conseil parlementaire interrégional entre la Sarre, le Luxembourg, la Belgique, la Rhénanie-Palatinat et la Lorraine. Aujourd'hui, les problèmes se règlent toujours là. Parallèlement, on a créé un Quattropole entre Luxembourg, Trèves, Sarrebruck et Metz.

Nous avons beaucoup de projets communs, notamment en matière de nouvelles technologies.

Nous voulons câbler les quatre villes et les relier avec des réseaux à haute vitesse. Nous avons également ensemble des projets économiques en matière de coordination d'entreprises, d'emplois ainsi que des projets culturels et touristiques. Nos réunions reprendront en mai.»

A l'avenir, pensez-vous nécessaire de développer ou de renforcer cet espace?

«Le déplacement de la capitale allemande de Bonn à Berlin risque de créer ici un no man's land. En créant ici le Quattropole, une agglomération dotée de quatre villes, trois aéroports, nous pouvons être plus efficaces pour maintenir un pôle de développement fort.»

Comment se positionne Metz à l'égard de la nouvelle économie? L'encouragez-vous, la soutenez-vous? Comment, pourquoi?

«Nous investissons dans les nouvelles technologies depuis vingt ans. Metz est la ville la plus câblée de France avec Internet sur le câble, 80 chaînes de télévision. Par ailleurs, le technopôle est très prisé avec 250 entreprises. Nous avons également des filières technologiques à l'Université de Metz. Nous avons le câble à haute-vitesse avec des réseaux supplémentaires pour les entreprises et les particuliers. Le nouveau quartier de l'amphithéâtre avec 30 ha destinés aux services, aux bureaux est équipé en nouvelles technologies.»

Pensez-vous que la nouvelle économie puisse être un nouveau moyen de faire plus pour la «Grande Région»?

«Oui. On ne se rend pas compte que les entreprises auront de plus en plus besoin des NTIC pour être compétitives. En nous réunissant à quatre, nous espérons avoir une longueur d'avance. De mon poste, je peux télécharger de la musique, des programmes'Pour beaucoup, il leur faut une éternité alors que le réseau de haute technologie de 100 Mégabites me permet d'envoyer des films. Les entreprises en auront de plus en plus besoin pour communiquer. On a réfléchi au système Wap. Il ne semble pas destiné à un grand développement mais l'UMTS et les nouvelles technologies nous feront faire un maximum de choses avec notre téléphone portable, nos télécommandes.»

Interview de

M. Helminger, maire de Luxembourg

Le terme "Grande Région' a-t-il un sens pour la Ville de Luxembourg? S'agit-il d'une réalité?

Pour la Ville de Luxembourg la "Grande Région' est bel et bien une réalité. Notre ville est aujourd'hui le principal pôle d'attraction économique de la région Saar-Lor-Lux-Rhénanie, Province du Luxembourg, la coopération transfrontalière est donc une nécessité absolue.

Il revient à notre ville de jouer un rôle primordial dans le développement d'une coopération étroite et très concrète en matière de transport et de circulation, d'animation culturelle, d'éducation et dans bien d'autres domaines encore.

A l'avenir, est-il nécessaire de développer ou de renforcer cet espace?

Avec mes collégues du collège échevinal nous entendons intensifier encore le dialogue avec les villes de la Région Saar-Lor-Lux-Rhénanie, Province du Luxembourg.

En février 2000 les villes de Luxembourg, Trèves, Sarre-bruck et Metz ont créé le «Pôle de Communication Luxem-bourg, Metz, Sarrebruck, Trè-ves», en abrégé «QuattroPole». Il s'agit d'un réseau de villes interurbain et transfrontalier dont l'objectif est de renforcer la valeur économique de la   région.

Nous avons l'ambition de créer une métropole virtuelle tout en sauvegardant la qualité de vie très particulière de chacune des villes

Comment se positionne la Ville de Luxembourg à l'égard de la nouvelle économie?

Pour la Ville de Luxembourg la globalisation économique nécessite le développement de nouveaux réseaux pour traiter le nombre toujours croissant de données transmises, tant en ce qui concerne la communication interne que dans nos relations avec le public. Ainsi, parallèlement au projet du "Bürgeramt" (guichet unique d'accueil et d'information) la ville a commencé l'implémentation de "e-city", l'hôtel de ville virtuel. Améliorer la satisfaction du citoyen/client, augmenter l'efficacité des processus administratifs tout en réduisant leur coût, mieux intégrer les fonctions économique, culturelle et sociale de la ville et améliorer l'image de marque de l'administration au sein de la communauté - voilà les objectifs de notre démarche.

Pensez-vous que la nouvelle économie puisse être un nouveau moyen de faire plus pour la Grande Région'

La nouvelle économie est le moyen idéal pour renforcer encore la coopération transfrontalière: les infrastructures de télécommunication et les nouveaux médias deviennent de plus en plus indispensables pour le développement culturel et économique de la "Grande Région'.

L'objectif de la coopération des quatre villes membres du Quattropole prévoit entre autres la préparation, l'élaboration et la réalisation de projets communs, en particulier dans les domaines des télécommunications et des nouveaux médias. Cette coopération permet d'exploiter de manière plus efficace les infrastructures des villes partenaires et renforce par là également les performances de la région. Cette action commune permet de concentrer les potentialités des villes partenaires et de renforcer leur présence dans la région.

Musique Allo.com monte le son

Le 1er janvier 2000, Patrick Dodeler et Georges-Pascal Lendel lançaient Musique Allo.com grâce à un concept novateur: créer l'identité sonore des entreprises et la transposer sur tous ses supports de communication. Aujourd'hui, la start-up, installée à Solgne (Moselle - 57) compte déjà parmi ses clients Saint Gobain Canalisation et Olitec, et prévoit l'embauche de sept personnes dans six mois.

Comment est né Musique Allo.com'

«Mon associé, Georges-Pascal Lendel, et moi sommes tombés tout petit dans la musique. On a organisé des spectacles, on avait nos propres groupes, on a enregistré avec des musiciens tels que André Ceccarelli, Michel Coeuriot ou Raymond Ginenez. Georges-Pascal a reçu le premier prix du Conservatoire de Metz en flûte traversière et dirige aujourd'hui un groupe de jazz. Parallèlement, on a toujours travaillé pour la publicité; des choses qui nous amusaient. On s'est demandé comment allier cette passion à notre métier. On a donc créé Musique Allo.com pour une raison très forte: aujourd'hui la communication par le visuel est aboutie et en général bien traitée alors que le son, c'est tout neuf, et parle à l'autre dans sa dimension émotionnelle.»

En quoi consiste votre activité?

«Notre c'ur de métier, c'est de créer une image son puis de la développer sur tous les supports en tenant compte des contraintes de ceux-ci: Internet, messagerie téléphonique, CD-Rom, DVD' On intervient aussi pour de l'événementiel, lors de manifestations, de présentations de v'ux? au cours desquelles on ajoute une partie musicale ou un environnement sonore. Nous pouvons intégrer globalement la communication d'une entreprise et la transposer sur tous ses supports; il peut s'agir de sa communication externe ou interne (par exemple des cartes-mails avec sons). Pour cela, on travaille entièrement en numérique. On a investi entre 4 et 500 000 F de matériel et on doit en racheter autant. On dispose notamment d'une console de mixage Yamaha 01V, d'un échantillonneur Yamaha A5000, de synthétiseurs et d'expandeurs (Korg, Yamaha, Rolland)? Parallèlement, on travaille avec Supélec sur la modélisation de fichiers pour des supports difficiles tels le net. Avec eux nous affinons notre travail et conservons un temps d'avance. En effet, le son a été longtemps boudé sur Internet à cause des problèmes de poids de fichiers, de temps de chargements et de qualité. Ces problèmes en partie réglés le seront encore plus demain. De plus, les entreprises lors du renouvellement de leurs parcs informatiques prévoient cartes son et enceintes.

Qui sont vos clients?

«Par exemple Saint Gobain canalisation: nous avons créé leur image sonore et avons équipé 18 sites de messageries téléphoniques. Nous développons actuellement pour eux des modules en flash associant son et graphisme. Nous avons également réalisé l'image d'Olitec et équipé leurs modems de messages préenregistrés pour la  France, l'Italie, l'Angleterre, l'Espagne et  l'Allemagne. Sans oublier la Foire de Metz, l'Usine d'Electricité de Metz? Nous pensions intervenir localement mais il existe beaucoup de demandes de groupes importants au niveau national' On verra.»

Pensez-vous, en termes d'image, devoir quitter Solgne?

«Nos bureaux sont installés dans une maison adaptée à la composition et l'arrangement mais c'est certain, il nous faudra bouger; c'est stratégique notamment pour bénéficier du haut-débit. Aujourd'hui, on regarde dans deux directions, Blénod-lès-Pont-à-Mousson (1) ou Longwy.»

(1) Une plate-forme multimédia, Blénovista, devrait bientôt voir le jour. Les travaux commenceront en octobre 2001.

Linbox: l'univers du logiciel libre

Créée il y a un an sur le Technopôle de Metz, Linbox est en plein essor. Pour preuves, elle a été choisie en décembre dernier par la Direction Générale des Impôts pour mettre en place 950 serveurs d'application répartis sur le territoire français.

Le logiciel libre a son porte-parole en Lorraine. Co-fondateur et ancien vice-président de l'AFUL (Association Franco-phone des Utilisateurs de Linux et des Logiciels Libres), Jean-Pierre Laisné a créé Linbox, une entreprise dédiée aux logiciels libres. «La Lorraine présente des avantages économiques. Elle nous permet d'être sur l'axe franco-allemand, d'être proche du Luxembourg. De plus, à Metz, il n'y aucun problème de recrutement: nous ne sommes pas en concurrence pour la main d'oeuvre comme c'est le cas dans la région parisienne. D'ailleurs, nous sommes installés dans les locaux de Georgia Tech», explique ce titulaire d'une maîtrise en sciences économiques et d'un diplôme en informatique du Control Data Institute.

Il ajoute: «Je voulais monter une société en réseau en faisant du réseau: notre siège et la production sont à Metz, le marketing et la vente à Boulogne et la Recherche/Développement à Claret, près de Montpellier». Linbox est née d'une fusion entre deux sociétés, celle de Jean-Pierre Laisné, Servbox SAS, et celle de Stéfane Fermigier, Linbox Inc.

Société de l'état du Delaware, Linbox Inc. souhaitait développer la LNA (Linbox Network Architecture) en se basant sur les technologies Linux. Quant à Servbox SAS, elle voulait développer et commercialiser un service en ligne qui utilise les technologies Linux. Fina-lement, Linbox est née d'un cas d'application: l'équipement d'une salle multimédia à l'école Jules Ferry de Saint-Dié dans les Vosges.

«Nous proposons un logiciel qui à partir d'une architecture dite LNA (Linbox Network Architecture) recentralise les données sur un serveur de proximité et les redistribue sur des stations de travail dépourvues de tout équipement de stockage», explique Jean-Pierre Laisné. Ces solutions peuvent être gérées à distance grâce à une gamme de services en ligne fournis par le centre de données de Linbox.

Aujourd'hui, la start-up couvre des besoins standards comme la bureautique (Linbox Basic Office) mais aussi des besoins spécifiques à un métier, la salle de classe (Linbox Basic Education) ou la petite entreprise (Linbox Basic Entre-prise).

L'éducation représente d'ailleurs un réel marché pour l'entreprise: Linbox a notamment équipé le CRDP (Centre Régional de Documentation Pédagogique), l'Ecole des Mines d'Albi et l'IUT du Havre. Sans oublier Hill House Hammond, une so-ciété d'assurances nationale implantée au Royaume-Uni, et plus récemment (18/12/2000), la Direction Générale des Impôts (DGI) en France pour qui elle a mis en place 950 serveurs. Actuellement, vingt personnes travaillent sur les trois sites et une quinzaine d'autres devrait bientôt les rejoindre d'ici la fin de l'année, à Metz et à Claret.

Autre perspective de cette jeune pousse, le développement international. En attendant, Linbox peut se prévaloir d'avoir obtenu en avril 2000 un financement de 2,5 millions d'euros auprès des investisseurs Europ@web et Financière de Brienne.

Olitec: le n°1 du modem en France

Depuis seize ans, Olitec fabrique à Nancy (54 - Meurthe-et-Moselle) un outil indispensable pour se connecter à Internet: le modem. Leader français et challenger sur le marché européen, Olitec se prépare aujourd'hui à un nouveau défi: l'ADSL.

En 1985, Olivier Lejeune, passionné d'informatique, développe un modem destiné à tout public tout en préparant son baccalauréat. A la réussite de son examen, comme promis, ses parents lui offre une page de publicité dans Micro Systèmes, une revue spécialisée. Cette publicité, réalisée par Olivier, offre une interface gratuite et les commandes affluent. C'est alors, en août 1985, que démarre Olitec, futur numéro un français du modem.

Le décès accidentel d'Olivier en 1988 pousse sa mère, Jacqueline Lejeune à reprendre le flambeau. Olitec investit le marché de la grande distribution et devient leader en 1994. L'innovation est le point fort d'Olitec comme le prouve en 1996, le premier modem autonome, Self Memory, qui permet d'envoyer, de recevoir et de stocker des messages et des fax, ordinateur éteint.

Cette même année, Olitec entre en bourse. L'entreprise est propriétaire de plusieurs brevets et exporte environ 20% de sa production vers l'Europe, les Etats-Unis et le Magreb. Olitec s'est encore fait remarquer par la sortie du modem Universal Self Memory avec une double connectique PC et Mac, un double logiciel PC et Mac et un double port USB et série pour satisfaire à la demande de tous les consommateurs. Fin de l'année 1999, une nouvelle première, la sortie du Wave Memory, le premier modem sans fil et fin 2000, le Wave Phone, le premier modem téléphone sans fil autonome.

Aujourd'hui, la recherche et développement d'Olitec apportent à la gamme existante une panoplie complète de produits ADSL. Au terme de l'année 2000, l'entreprise affichait environ 300 MF de chiffre d'affaires avec un effectif de 120 personnes.

Neoxy: du 3D pour le Web

Depuis un an, Neoxy fournit à la fois du contenu 3D et des solutions logicielles pour le marché du Web 3D. Une double-compétence qui se révèle un véritable atout pour cette start-up installée à Vandoeuvre.

Comment est née Neoxy?

«Je rentrais des Etats-Unis, d'un post-doctorat à la Sillicon Valley. J'ai soutenu ma thèse à l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatisme) où il y avait une réelle volonté de transfert technologique. Là, j'ai pu bénéficier des aides et des conseils de l'incubateur du LORIA-INRIA (Laboratoire Lorrain de Recherche en Informatique et ses Applications), de Promotech et de l'Anvar (Agence nationale pour la valorisation de la recherche); des gens ont cru au projet. Neoxy a été créée le 29 février 2000.»

En quoi consiste votre activité?

«On fait surtout du 3D pour le Web, de la visualisation de produits pour les entreprises. Celles à qui on s'adresse ont un dénominateur commun: elles ont besoin de reproduire leur production en 3D, de la visualiser et d'y apporter une part d'interactivité. Nous avons une double-compétence: nous produisons du contenu 3D et nous développons des logiciels de visualisation très légers en Ko et qui ne nécessitent pas d'installation préalable.

Notre produit permet de visualiser un monde virtuel en 3D, des objets en 3D avec, à terme, une interaction avec l'internaute qui associera le texte, la voix, la vidéo, le 3D' C'est beaucoup plus communicatif, plus valorisant et permet des applications dans l'e-commerce avec une extension future aussi pour l'e-learning.

Qui sont vos clients et que leur apportez-vous?

«Il s'agit aujourd'hui du secteur immobilier, à qui nous permettons de visualiser de l'extérieur un bâtiment dans sa globalité ou bien un appartement témoin avec des