Les Anglo-saxons les appellent des «guerilla stores». Ces points de vente temporaires, généralement installés dans des locaux commerciaux vacants en centre-ville, proposent divers articles de marque à des prix défiant toute concurrence. En France, la société lyonnaise Chronostock développe ces magasins éphémères (entre un et six mois d’existence) depuis 2007.
Avec un succès certain puisque le concept a séduit sept franchisés dans l’Hexagone et un en Belgique. «Seul franchisé au nord de la Loire», Yann Quintus s’est lancé dans l’aventure en 2009. Ce pharmacien de formation, propriétaire d’une officine à Mont-Saint-Martin (Meurthe-et-Moselle), avait tout simplement «envie de changer d’orientation professionnelle».
En avril dernier, il revend donc son fonds de commerce et se met en quête d’un nouveau challenge. «J’ai découvert Chronostock un peu par hasard, explique ce solide gaillard rapidement converti à la cause. Ce qui m’a plu, c’est l’absence de routine et la possibilité de toujours bouger.» Yann Quintus a en effet obtenu – moyennant un droit d’entrée de 15.000 euros, un investissement en stock initial de 50.000 euros et une redevance mensuelle établie à 2,5% du chiffre d’affaires mensuel – l’exclusivité de l’usage du nom et du concept Chronostock en Moselle et Meurthe-et-Moselle. Libre à lui de créer où bon lui semble ses points de vente. Après une première expérience (concluante puisqu’il a dégagé en deux mois un chiffre d’affaires de 60.000 euros) à Nancy en fin d’année, le voilà à Thionville depuis quelques semaines. Monté en cinq jours, son magasin de 80 m2 propose des articles d’art de la table et ménagers à des tarifs hyper concurrentiels. Un aspirateur à 69 euros, une cafetière à 49 euros, des couteaux à 2 euros… Uniquement des produits de marque. «C’est la base même du concept Chronostock, assure-t-il. Des produits de qualité vendus entre 20 et 40% moins cher que dans le commerce traditionnel de centre-ville.»Les produits sont directement négociés par la maison mère par le biais de partenariats établis avec certains fabricants qui trouvent là un moyen rapide et efficace d’écouler leurs invendus et fins de série. Ce qui explique les tarifs pratiqués… «Si le client cherche la dernière nouveauté, ce n’est pas chez Chronostock qu’il va la trouver, concède Yann Quintus. Par contre, s’il est intéressé par un produit sorti sur le marché il y a six mois, un an à petit prix, il trouvera certainement son bonheur chez nous.» Comme les ventes flash sur InternetLa ficelle est bien connue des adeptes du e-commerce. Sur la Toile, ces ventes flash connaissent un succès grandissant qui fait de l’ombre au commerce traditionnel de centre-ville. «Chronostock présente au moins deux avantages par rapport à la vente sur Internet. Tout d’abord parce que le client peut voir et toucher la marchandise. Ensuite, parce qu’il lui est plus facile de faire jouer la garantie ou le service après-vente en cas de produit défectueux.» Le franchisé, lui, bénéficie d’une grande liberté de choix. «Chronostock nous fournit un catalogue produits et nous pouvons vendre aussi bien des produits de beauté que du prêt-à-porter, des articles de sport, ménagers ou d’arts de la table, souligne Yann Quintus. En outre, la maison mère apporte ses moyens de communication (signalétique, site Internet…), négocie des baux précaires avec des agences immobilières et nous forme à la vente et à l’aménagement d’un magasin.»
L’aménagement, justement, est pour le moins sommaire. Monté en cinq jours sans travaux préalables, démonté en deux jours, les magasins obéissent à un modus operandi d’une simplicité évangélique: on vient, on vend, on part. Comme le fait Yann Quintus depuis quelques mois. Après celui de Thionville qui reste ouvert jusqu’en juin, le prochain magasin doit accueillir ses premiers clients en mars prochain à Nancy. Pour garantir une rentabilité optimale, «l’objectif est d’avoir constamment deux enseignes ouvertes simultanément, une par département».