L’entreprise de demain sera-t-elle commandée par la voix? Et pourquoi pas, répond SAP. Le spécialiste des logiciels de gestion d’entreprise a développé une plate-forme d’achat capable d’intégrer les assistants vocaux de Google (Google Home) et d’Amazon (Alexa).
«C’est une solution qui peut être très intéressante pour les personnes handicapées, comme les non-voyants, car les commandes sont entièrement passées par la voix et directement transmises dans le système de gestion interne de l’entreprise», indique Bram Purnot, cloud architecte pour la plate-forme d’achat Ariba, développée par SAP. «Nous testons actuellement cette solution avec des entreprises espagnoles, et nous enregistrons déjà un grand intérêt de la part de sociétés américaines.»
Si l’intelligence artificielle s’immisce chaque jour davantage dans la vie des consommateurs, elle s’invite donc également dans les entreprises, et plus particulièrement les ERP, ces programmes informatiques qui centralisent la gestion d’entreprise, et dont le groupe allemand SAP est l’un des leaders mondiaux.
Budget, CV…
Ce mercredi, clients et prospects de la marque étaient réunis au SAP Forum, organisé tous les deux ans à Luxexpo. Environ 500 professionnels sont venus découvrir les nouvelles applications proposées par le fournisseur de logiciel. Et la tendance, qui se confirme depuis quelques années déjà, est la présence de plus en plus forte de l’intelligence artificielle dans la gestion de l’entreprise.
«Nous avons une application qui utilise le machine learning et qui est capable, si vous lui communiquez les budgets des trois ou quatre dernières années, de vous proposer un budget directement en lien avec votre stratégie et vos priorités pour l’année suivante», complète Alain Georgy, le CEO de SAP Belgique et Luxembourg. «L’entreprise de demain sera intelligente, et nos logiciels seront capables de prendre en charge les tâches administratives et récurrentes, pour libérer les forces intellectuelles et leur permettre de se concentrer sur les activités à forte valeur ajoutée.»
Le tri des CV est une autre application que SAP propose à travers les modules d’intelligence artificielle. Celle-ci est capable de lire des centaines, voire des milliers, de candidatures et de ne proposer aux responsables des services de ressources humaines que celles qui correspondent à leurs critères. «Si l’entreprise veut jouer le jeu de la diversité, notre intelligence artificielle est même capable de supprimer la photo, le nom, l’origine, ou encore l’âge du candidat», ajoute Alain Georgy.
Trois grands piliers
Et SAP de montrer fièrement comment il a collaboré avec Adidas dans la conception de sa «Speedfactory», une usine quasiment entièrement automatisée et capable de produire des chaussures personnalisées, à travers une expérience de réalité virtuelle qui vous plonge littéralement dans un monde qui semble appartenir au futur.
Pour SAP, l’entreprise de demain doit être accessible n’importe quand, n’importe où, pour être contrôlée en temps réel. Pour cela, le géant allemand mise sur trois grands piliers: le data management, les plates-formes cloud et les technologies intelligentes.
Il s’agit d’une vision idéale de la gestion de l’entreprise intelligente de demain, que se plaît de présenter le groupe allemand à ses clients. Mais il faudra du temps pour qu’elle devienne réalité au Luxembourg.
Réticence des entreprises luxembourgeoises
«Ce sont des choses intéressantes, mais il faut considérer l’acceptation des collaborateurs et des clients de ces nouvelles technologies. Et puis, être sûr d’avoir les compétences en interne pour mettre en place et utiliser ces nouvelles solutions», est d’avis Vincent Arnal, le CIO de l’assureur La Luxembourgeoise. «Pour l’instant, nous préférons attendre de voir les premières applications concrètes. Nous faisons une sorte de veille technologique.»
Cette réticence des entreprises luxembourgeoises à innover trop rapidement est confirmée par les sociétés de services informatiques. «Nous savons très bien que le marché luxembourgeois a toujours deux ou trois ans de retard par rapport à ses voisins dans l’adoption des nouvelles technologies, et le secteur des logiciels de gestion d’entreprise n’échappe pas à la règle», estime Benoit Richard, directeur des opérations chez e-Kenz.
«Du coup, c’est difficile de vendre ce type de solutions. Nous devons venir avec des exemples concrets mis en place par des entreprises étrangères pour espérer convaincre des entrepreneurs locaux.»