C'est sur le site du Halve Maan, dans l'avant-port d'Ostende, l'endroit même où seront construites les 60 éoliennes du futur parc d'énergie renouvelable Thorntonbank, que la signature des contrats a eu lieu. Un financement qui permettra la construction et l'installation des six éoliennes, constituant la phase test de l'unique ferme éolienne far-shore de Belgique.
Après les premières demandes introduites en 2002, plus de 567 kg de procédures administratives en tout genre et une vingtaine d'autorisations, C-Power, consortium d'investisseurs belgo-français, peut enfin démarrer
le chantier du premier parc éolien far-shore au large de la côte belge, à environ 30 km d'Ostende. La société initiatrice du projet est composée d'investisseurs et de sociétés actives dans le domaine énergétique. Elle réunit, sous le même nom, le groupe Deme (spécialiste mondial d'ingénierie maritime), Ecotech Fi-nance (holding environnemental de la société régionale d'investissement de Wallonie), Socofe (Société coopérative de financement en matière énergétique de la Région wallonne), NUHMA (véhicule d'investissements pour la participation en entreprises électriques et d'uti lités) et EDF (spécialiste en financement et développement de projets environnementaux et d'utilités).
6, 18 et 36 éoliennes
La première phase du projet devrait aboutir à la construction et l'installation des six éolien nes et de leur raccordement sous-marin au réseau électrique terrestre en octobre 2008, pour atteindre une puissance installée de 30 MW soit une production électrique annuelle de 120 GW/h. Lorsque celles-ci seront opérationnelles, deux nouvelles séries de 18 et 36 éoliennes seront lancées jusqu'en 2010, date à laquelle le parc devrait être finalisé. Pour les deuxième et troisième phases du projet, un second montant de 350 millions d'euros devrait être injecté par Dexia et Rabo Bank. Ce projet, comportant 60 éoliennes d'une envergure de 158 m, devrait produire à terme une capacité énergétique de 300 MW, soit l'équivalent de la consommation en électricité de 600.000 habitants.
L'engineering réalisé par la société allemande Repower Systems, incorpore une nouvelle géné ration d'éoliennes spécifiquement conçues pour les fermes far-shore, en mer et loin du rivage, permettant une production de 5 MW, contre 2 MW pour les éoliennes de type on shore, triplant quasiment la production énergétique de ces dernières.
En termes d'emplois, ce projet va mobiliser plus de 3.700 personnes réparties dans le déve loppement du projet et les études préliminaires, la fabrication des éoliennes et la construction de leur fondation, le transport et l'assemblage en mer; enfin, l'exploitation et la maintenance occuperont près de 500 personnes.
Sur le territoire belge, deux initiatives similaires far-shore emboîtent le pas à C-Power. Edelpasco (Electrawinds, Depret, Aspiravi et Colruyt) s'est vue octroyer la concession en mai 2006 et devrait introduire sa demande de permis environnemental au cours de cette année. Ce parc, d'une plus petite envergure, devrait comporter 30 éoliennes contre 66 pour la ferme Belwind (Econcern) qui a, quant à elle, introduit sa demande de concession en avril 2006.
Un secteur prometteur
L'obtention des permis et la mise en place d'un cadre juridique adéquat et performant représentent autant d'obstacles qui ralentissent le délai de réalisation de telles plates-formes. De plus, une consultation publique est organisée, le public disposant alors de 45 jours pour déposer critiques ou avis sur le projet. C'est ainsi que C-Power dut déplacer l'endroit de sa ferme éolienne vers Ostende, après que les riverains de Knokke aient vivement critiqué le projet, prévu initialement au bord des rives de cette commune.
Ces dernières années, la Belgique, à travers sa politique énergétique, s'est fixé de nombreux objectifs semblables à ses homologues européens: la ratification du protocole de Kyoto l'obligeant à réduire ses émissions de gaz à effets de serre de 7,5% d'ici trois ans par rapport à son niveau d'émission de 1990, une loi de sortie du nucléaire en plusieurs années et une production d'énergie renouvelable devant représenter 6% de sa production totale pour 2010.
Grâce à ce parc du Thorntonbank, la Belgique devrait atteindre un tiers des objectifs fixés. Parallèlement à ces initiatives nationales, lors du Sommet européen des 8 et 9 mars derniers, l'Union Européenne s'est accordée sur un grand plan pour protéger l'environnement ayant comme priorités principales la réduction des émissions de CO2 et l'utilisation d'énergie renouvelable. Ce plan se présente comme la continuité de Kyoto et vise à prolonger l'effort après la fin du protocole, même si aucun nouvel accord international ne devait être signé.
Concrètement, pour 2020, l'UE voudrait développer ses énergies renouvelables pour qu'elles atteignent 20% du total d'énergie que l'Union consomme, alors qu'elles ne représentent que 5% à l'heure actuelle.
Un défi de taille qui galvanise le secteur des énergies renouvelables et ses investisseurs. En effet, la montée des prix des énergies fossiles a rendu les recherches dans le domaine éolien attractives pour les investisseurs.
La dernière conférence européenne sur l'énergie éolienne, se déroulant à Milan en mai dernier, a d'ailleurs permis aux organisateurs de rebondir sur la décision de l'UE et de souligner le potentiel de développement du marché de l'énergie éolienne, bien qu'il soit par définition limité. Parmi toutes les énergies renouvelables, l'éolienne connaît la plus forte croissance. De 5.000 MW en 1995, la production mondiale a été multipliée par douze en douze ans pour dépasser les 73.000 MW en 2006. Actuellement, l'Europe n'a pas à rougir de sa production d'énergie éolienne. L'Allemagne est la première productrice mondiale d'énergie éolienne, avec 18.500 MW, suivie de l'Espagne avec 10.000 MW et les Etats-Unis (9.150 MW). La Belgique est, quant à elle, actuellement 21e et produit 170 MW.
Certains experts attendent par ailleurs une deuxième vague de pays européens rejoignant l'industrie européenne de l'énergie éolienne. Selon The European Wind Energy Association, la capacité de production d'énergie des fermes éoliennes devrait atteindre, à elle seule, entre 13 et 16% de la consommation en électricité de l'UE. Mais cette vague de nouvelles fermes éoliennes risque d'être insuffisante pour atteindre l'objectif du plan européen visant les 20% d'énergie renouvelable d'ici 2010.