Plus de 100.000 kilomètres parcourus sur les routes grand-ducales pour mettre au point la nouvelle «running shoe» de Decathlon. (Photo: LIH)

Plus de 100.000 kilomètres parcourus sur les routes grand-ducales pour mettre au point la nouvelle «running shoe» de Decathlon. (Photo: LIH)

La course à pied a beau être conseillée pour la santé, elle peut entraîner son lot de blessures. Dont une part non négligeable est liée à la manière dont le joggeur attaque le sol. Pour faire simple, les coureurs «neutres» poseront d’abord le milieu du talon et dérouleront le pied dans l’axe, les «pronateurs» auront tendance à écraser leur pied vers l’intérieur et les «supinateurs» resteront sur l’extérieur du pied.

Si vous regardez un rayon de chaussures de jogging, vous verrez que les grands fabricants tiennent compte de ces types de foulées pour proposer des corrections intégrées à la chaussure. Un problème pour le profane qui ne sait jamais vers quel modèle s’orienter, certains n’hésitant pas à lui promettre des bobos à coup sûr en cas de mauvais choix.

Or, depuis quelques jours, Decathlon a lancé sa nouvelle gamme 2016 en clamant avoir conçu une chaussure pour tous les types de pied. Une innovation importante, peut-être à tempérer un peu, mais qui a en tout cas pu être réalisée grâce à l’aide du Luxembourg Institute of Health (LIH).

372 cobayes luxembourgeois

Après une première étude réalisée pour l’enseigne française de sport en 2012 concernant l’importance de l’amorti de la chaussure, Decathlon a, à nouveau, fait appel au LIH en 2014. «L’objectif était de mener une enquête afin d’analyser si les chaussures prévues pour corriger les problèmes de pronation – grâce à une pièce rigide intégrée à la semelle au niveau du médio-pied – permettaient d’éviter les blessures», explique Laurent Malisoux, docteur en éducation physique et sportive et chercheur au laboratoire de recherche en médecine du sport du LIH.

Le LIH a donc recruté 372 coureurs amateurs luxembourgeois et les a suivis pendant six mois, entre juin et décembre 2014. Une partie avait reçu des chaussures neutres, l’autre des chaussures anti-pronation. Au total, annonce Decathlon dans son clip, plus de 100.000 kilomètres ont été parcourus pour la tester.

Un double constat

«Le premier constat que nous avons pu faire est que, en cas de pronation chez un joggeur, une chaussure correctrice est vraiment efficace contre les blessures», poursuit le chercheur. Et la seconde, tout aussi importante, est que le fait, pour un coureur neutre, de porter des chaussures correctrices n’entraîne par contre pas de risque de blessure.

«Aucune étude n’avait jamais été faite sur ce sujet», note Laurent Malisoux. «C’est donc une étape importante pour le monde de la course à pied, dans la mesure où elle répond à une question importante.»

Aucune étude n'avait jamais été réalisée sur ce sujet.

Laurent Malisoux, chercheur au laboratoire de recherche en médecine du sport du LIH

C’est donc à partir des conclusions du LIH que le Decathlon Sport Lab a mis au point, au cours de l’année 2015, son modèle «K-Only», qu’il présente comme étant destiné à toutes les foulées. En fait, un modèle qui corrige la pronation mais qui peut être utilisé par l’ensemble des joggeurs – les conclusions manquent sur les supinateurs, mais ils sont plus rares –, puisqu’on sait désormais qu’ils ne courent pas de risque à utiliser des chaussures correctrices.