Une des classes passerelles organisées par Caritas.  (Photo: Pierre Levy)

Une des classes passerelles organisées par Caritas.  (Photo: Pierre Levy)

L’accueil et l’intégration des réfugiés sont des sujets qui touchent aux champs d’application de différents ministères, du logement à la santé, de l’économie à l’emploi, en passant par la famille. Si c’est le ministère des Affaires étrangères qui statue sur la demande de protection internationale, sur le terrain, c’est l’Olai, qui dépend du ministère de la Famille et de l’Intégration, qui est responsable de tout ce qui a trait à leurs conditions de vie. Il pilote ainsi la majorité des foyers et gère des logements communaux et des maisons privées. Au total, 3000 migrants, tous statuts confondus, sont hébergés dans ces structures.

La première étape de l’accueil se fait avec le concours de deux asbl bien implantées sur le territoire : Caritas et la Croix Rouge luxembourgeoise, qui gèrent aussi chacune une poignée de foyers. «Notre champ d’action est très large et balaye le logement, la santé, l’éducation ou encore la nutrition. Parmi nos missions centrales, l’accueil social et le suivi des mineurs non accompagnés. Nous les aidons dans différentes démarches administratives et encadrons leur demande d’asiles. Notre service éducatif est également agréé auprès de l’ONE dans le cadre du suivi des jeunes d’origine étrangère. Nous gérons, en outre, 60 unités de vie qui logent au total 120 personnes», cadre Yves Schmidt, responsable du service solidarité et membre du comité d’administration de Caritas, signataire d’une convention de partenariat avec l’Olai.

Trois classes de 70 jeunes âgés entre 16 et 22 ans sont également organisées par ses soins. «C’est loin d’être suffisant. Ce sont ces jeunes qui travailleront dans nos entreprises. Il faut préparer leur futur».

Gérer l’attente

Logés et nourris, les occupants des 133 foyers que compte le pays reçoivent chacun 25 euros par mois, ce qui limite les possibilités d’activités. Les enfants et les adolescents obtiennent, quant à eux, 12,5 euros. Au quotidien, l’attente et l’incertitude sont les choses les plus difficiles à vivre. La formation fait partie des réponses face à la lenteur des procédures.

Il faut directement penser à l'après

Yves Schmidt

Le ministère de l’Éducation nationale chapeaute ainsi différents programmes de cours de langue, comme celui des «cent mots de luxembourgeois», ensuite décliné en français, luxembourgeois, anglais et allemand. «En moyenne, il faut compter entre deux et trois ans avant de recevoir une réponse, affirme Yves Schmidt. Il faut directement penser à l’après. Nos équipes font tout pour occuper «utilement» ces personnes et les aider à garder le moral».

Pour tenter de changer les idées des demandeurs d’asile jusqu’au verdict et leur faire oublier leurs conditions de vie durant quelques heures, les foyers gérés par Caritas ou la Croix Rouge proposent ainsi différentes activités avec l’appui de bénévoles, comme des ateliers musicaux, des cours de cuisine, de couture... «Il faut être créatif. Nous avons récemment organisé des ateliers maquillages pour les femmes et des cours d’alphabétisation. Ces activités sont souvent financées grâce à des dons privés». Du côté de l’Olai, certains endroits d’accueil ne bénéficiant bien pas d’assistante sociale ni d’éducateur, les possibilités sont plus limitées.

En matière d’emploi, Caritas pourrait jouer un rôle de facilitatrice dans le cas où les demandeurs bénéficient d’une AOT, une autorisation de travail temporaire. «Certaines entreprises voudraient faire une geste et engager un demandeur d’asile, mais ne savent pas comment procéder. Nous pourrions servir d’intermédiaire, tout comme la Croix-Rouge. Nous connaissons les profils des réfugiés qui vivent dans nos foyers et nous les guidons déjà dans certaines démarches administratives. L’employabilité des réfugiés est le défi de demain. Le Luxembourg a une longue expérience dans l’accueil de citoyens étrangers. Je suis convaincu que le pays saura mettre les moyens requis pour leur intégration».