L'actionnaire-fondateur de Docler Holding assume le choix du Luxembourg. Et a aussi des idées fun pour l'attractivité du pays. (Photo: Luc Deflorenne)

L'actionnaire-fondateur de Docler Holding assume le choix du Luxembourg. Et a aussi des idées fun pour l'attractivité du pays. (Photo: Luc Deflorenne)

C’est au départ d’une technologie de partage de vidéos de qualité en streaming que le groupe Docler s’est forgé. Entre Budapest, Los Angeles et Luxembourg, il emploie un millier de personnes. Il est d’abord connu pour être le développeur et gestionnaire du portail Jasmin, dédié à un public majeur et averti. Mais si Docler a percé dans cet univers particulier, cela semble relever plus du heureux hasard que d’une réelle volonté d’explorer ce créneau pour adultes. «Nous sommes avant tout les promoteurs d’une technologie, précise Gyorgy Gattyan, fondateur de Docler Holding. Regardez autour de vous : personne ne peut dire que l’on présente les caractéristiques d’une société active dans le divertissement pour adultes. Pour la simple et bonne raison que ce n’est pas notre métier. Au départ, la technologie qui sous-tend notre activité a été testée sur plusieurs marchés. Elle peut aussi bien être utilisée par des passionnés de cuisine, de jeux vidéo ou même dans la sphère financière… Mais c’est au niveau du divertissement pour adultes que cela a pris le plus de proportions. Cependant, notre volonté, c’est avant tout de proposer un média s’appuyant sur notre technologie.» Pour peu que le marché soit prêt à accueillir de telles solutions, Docler, aujourd’hui, le permet…

Non content d’opérer les plateformes web parmi les plus visitées au monde, le groupe a diversifié ses activités en explorant d’autres secteurs d’activité, comme la production de films hollywoodiens, en investissant notamment dans des start-up, en cherchant à soutenir son développement. «Rapidement, pour assurer notre croissance, nous avons voulu être indépendants. Nous avons créé diverses sociétés pour répondre à nos propres besoins, en matière d’hébergement, pour assurer la disponibilité de nos services, pour la gestion de nos noms de domaines, commente M. Gattyan. La bonne marche de notre activité dépend de beaucoup de paramètres que nous devons maîtriser. Comme nous étions confrontés à des difficultés pour être payés, j’ai décidé de créer notre propre processus de paiement par carte de crédit.» Depuis 2010, l’ensemble des activités est opéré depuis le Grand-Duché, où Docler Holding a installé son siège social. Le groupe se développe depuis Luxembourg, Budapest et Los Angeles. «Nous employons un millier de personnes à travers le monde, environ 200 au Luxembourg», précise l'actionnaire et fondateur.

Ce choix pour le développement de l’activité en Europe occidentale peut aussi s’apparenter à un concours de circonstances. «Au départ, je me suis installé à Paris, durant deux ans, mais je ne me suis jamais fait à l’état d’esprit qui règne là-bas. Il nous fallait cependant une implantation en Europe de l’Ouest. Étant un adepte de l’esthétique à la française, avec un souci du détail, mais aussi de la fiabilité et de la rigueur allemandes, le Luxembourg s’est présenté comme une évidence, à l’intersection de ces deux univers», commente Gyorgy Gattyan, qui précise qu’il n’avait jamais mis les pieds ici, un an avant d’y installer son siège. Ses motivations sont donc avant tout culturelles, et non dictées par le business… Surprenant? Le dirigeant se justifie: «On pense souvent que le Luxembourg présente un intérêt important en matière fiscale. Mais je paie trois fois moins de taxes en Hongrie. La main-d’œuvre est ici aussi beaucoup plus chère. L’intérêt n’est donc en rien d’ordre financier. Les infrastructures ICT ne sont pas nécessairement meilleures qu’ailleurs.» Si Docler travaille avec LuxConnect, le groupe a par le passé implanté ses serveurs ailleurs en Europe. Cela étant, Gyorgy Gattyan, au tempérament de fonceur, ne regrette en rien sa décision d’implanter son entreprise en Europe de l’Ouest. Et valide le Luxembourg.

Toutefois, pour lui, le Luxembourg pourrait renforcer son attractivité à l’égard des acteurs ICT. «Pour développer un business dans le secteur digital, il faut avant tout de l’énergie, pour alimenter les serveurs, et du froid, pour les maintenir à température. Au-delà, il faut pouvoir attirer des jeunes, avec des idées, des compétences en matière de développement. La difficulté du Luxembourg, c’est que le pays n’a rien d’attractif pour la jeune génération qui cherche à travailler et à s’amuser. Il faut pouvoir les attirer.»

Hors du discours convenu, l’entrepreneur, dont la société promeut le fun et la créativité, y va de quelques idées simples. «On pourrait offrir aux jeunes développeurs des billets de train leur permettant de rejoindre Amsterdam ou Paris en week-end, organiser des festivals musicaux d’envergure, promouvoir une autre animation du cœur de la ville, précise-t-il. Au niveau du système éducatif, il y a aussi un enjeu à promouvoir ces compétences, à encourager la créativité de la jeunesse à travers la programmation.» L’effet Docler, en quelque sorte.