ArcelorMittal est le premier producteur mondial de palplanches laminées à chaud. (Photo: Mike Zenari / archives)

ArcelorMittal est le premier producteur mondial de palplanches laminées à chaud. (Photo: Mike Zenari / archives)

Tarkett - Pionnier, mais encore méconnu

Engagé depuis cinq ans dans une démarche prônant le respect et la santé, le groupe Tarkett (production de revêtements de sol pour bureaux et installations de sport) a établi à Wiltz ses activités de recherche et développement de la plupart de ses usines au niveau mondial. «Notre responsabilité est que les utilisateurs vivent, travaillent et/ou pratiquent leur(s) sport(s) bien dans leur environnement, en tenant compte de la biodiversité», explique Anne-Christine Ayed, vice­-présidente Recherche et Innovation au sein du groupe.

Suppression des phtalates et des biocides; introduction de polyvinyle butyral (PVB) récupérable après utilisation d’une moquette; récupération du carbonate de calcium de l’eau pour le réinjecter dans le processus de production; solutions de fixation sans colle; réduction très intense des émissions de composés organiques volatils… Les axes de développement sont multiples. «Aujourd’hui, 68% des matières qui entrent dans nos productions sont renouvelables ou minérales. Et non seulement nous travaillons sur des produits qui n’ont pas d’impact négatif, mais qui génèrent aussi des impacts positifs.»

Nous sommes quelque part des pionniers, mais cela ne va pas aussi vite qu’on le voudrait.

Anne-Christine Ayed, vice­-présidente Recherche et Innovation chez Tarkett

Le groupe a aussi développé des machines qui permettent, sur chantier, de séparer et traiter les sables et caoutchoucs provenant de moquettes ou revêtements récupérés, évitant ainsi de nombreux déplacements inutiles de matériaux. «L’une des difficultés réside dans la compréhension de notre modèle par le marché: nous sommes quelque part des pionniers, mais cela ne va pas aussi vite qu’on le voudrait», note Mme Ayed.

Cliquez pour agrandir les photos (Photos: Christophe Olinger)

ArcelorMittal - Services compris

Quand on est leader mondial de la sidérurgie, on se doit aussi de mettre en œuvre un maximum d’initiatives pour insuffler de nouvelles tendances, de nouveaux modes de fonctionnement, voire de nouveaux modèles économiques. ArcelorMittal s’est ainsi engagé, en particulier, aux côtés des acteurs de l’industrie automobile, pour privilégier une utilisation «en boucle» des matériaux selon le principe des 4R: réduire (en utilisant moins d’acier présentant une plus haute résistance, le poids des véhicules fabriqués a été réduit en moyenne de 25 % en moins de 30 ans); refabriquer (les produits, après utilisation, sont réusinés «à neuf» et reviennent sur le marché avec les mêmes caractéristiques qu’initialement); réutiliser (les produits qui ne sont pas refabriqués peuvent servir de pièces de rechange après nettoyage et vérification, comme les moteurs ou les panneaux de carrosserie); et enfin recycler (tous les aciers automobiles sont entièrement recyclables et peuvent être facilement séparés des autres matériaux et récupérés avec un aimant. La demande de nouvelles matières premières naturelles est alors réduite drastiquement).

Autre initiative dans un tout autre domaine, celui des palplanches laminées à chaud en acier, dont il est aussi le premier producteur mondial. Produites à partir d’acier recyclé à 100%, pouvant être réutilisées plusieurs fois et recyclées indéfiniment en fin de cycle de vie, elles s’intègrent désormais dans un processus commercial également en plein bouleversement, basé sur la fourniture d’un service global comprenant une possibilité de location de ces palplanches.

Boson Energy - De l’énergie à revendre

C’est fin 2008 que Boson Energy a vu le jour à Luxembourg avant d’émigrer à Grevenmacher en 2015. Également présente en Suède, en Pologne et en Israël, la société est spécialisée dans des solutions intégrées de distribution d’énergie basées sur un procédé écologique de gazéification à haute température. Ses unités compactes et décentralisées de refroidissement et de production combinée de chaleur et d’électricité fonctionnent à base de biomasse ou de déchets. L’utilisation de tels combustibles solides permet non seulement de renforcer la sécurité énergétique, mais aussi de contribuer à la prospérité économique des collectivités locales.

Le pays possède notamment une solide base industrielle qui peut aider pour innover.

Jan Grimbrandt, l’un des fondateurs de Boson Energy

Le concept a séduit Paul Wurth, qui a non seulement décidé de prendre une participation de 20% dans le capital de la société, mais a aussi annoncé une coopération directe pour la commercialisation d’un concept de gazéification développé et testé avec succès par Boson Energy.

«Le Luxembourg a un certain nombre d’atouts à faire valoir pour prendre les choses en main en matière d’économie circulaire», estime le Suédois Jan Grimbrandt, l’un des cofondateurs de la société. «Le pays possède notamment une solide base industrielle qui peut aider pour innover et réinventer des produits et des procédés industriels. Nous avons pu trouver, avec Paul Wurth, mais aussi SAB et Apateq, des partenaires stratégiques compétents ayant eux aussi l’ambition d’innover.»

Boson annonce également bénéficier du support du ministère de l’Économie pour créer au Luxembourg un pôle de compétence en matière de production d’énergie décentralisée.

Terra-Coop - De la terre à la terre

Si elle s’inspire largement des écocycles biologiques, l’économie circulaire peut aussi y être entièrement intégrée. Ainsi est né, en 2014, le centre agro-écologique Terra, acronyme de Transition and Education for a Resilient and Regenerative Agriculture.

C’est sous la forme d’une Amap (Association pour le maintien d’une agriculture paysanne) que Marko Anyfandakis, Pit Reichert et Sophie Pixius ont porté ce projet de coopérative, s’appuyant sur un champ de 1,5 hectare à Eicherfeld, sur le territoire de la Ville de Luxembourg.

Le but n’est pas de faire plus, mais d’inciter d’autres à faire pareil.

Marko Anyfandakis, cofondateur de Terra-Coop

Moyennant l’acquisition de parts sociales, les clients – qui sont 185 aujourd’hui contre 30 au commencement – reçoivent chaque semaine un panier de fruits et de légumes directement issus de la terre. Plutôt que de payer au kilo un prix de marché, ils paient (18 à 24 euros par semaine) pour le service de l’agriculture à l’avance. Cela permet au producteur de planifier son travail et de minimiser le gaspillage de la production.

«Tout le concept repose sur l’autogestion, la permaculture et la biodiversité avec récupération des eaux de pluie et des déchets pour le compost», explique M. Anyfandakis. La société est la première à Luxembourg à fonctionner selon le modèle ASC (Agriculture soutenue par la communauté) et espère bien ne pas être la dernière. «Le but n’est pas de faire plus, mais d’inciter d’autres à faire pareil.»

Terra a été récompensée à double titre en 2015 dans le cadre du parcours d’affaires 1,2,3 Go Social: sélection par le jury et Prix coup de cœur du public.

Peintures Robin - La peinture à l’huile, c’est plus joli…

Attentif depuis plus d’une décennie aux questions environnementales (la société reçut en 2002 le Prix de l’environnement décerné par la Fedil), Peintures Robin est rapidement entré de plain-pied dans l’économie circulaire. «Il y a 5-6 ans, nous avons fait le constat que 100% de nos peintures étaient faites à base de pétrole. Nous avons donc décidé à ce moment-là de sortir de l’ère fossile», explique Gérard Zoller, directeur du groupe Robin.

Il faut que le modèle devienne un grand mouvement de masse.

Gérard Zoller, directeur du groupe Robin

Et pour passer des intentions aux actes, le laboratoire de développement de la société, qui occupe six personnes sur la centaine d’employés, a planché sur la conception de peintures à base d’huile végétale ou d’huile minérale. C’est ainsi qu’est née la gamme Verdello, la première peinture biosourcée, qui de plus est basée à 100% sur des matières premières européennes. Le tout à qualité et prix équivalents des peintures classiques. Un développement une nouvelle fois récompensé par le Prix de l’environnement de la Fedil en 2013 et qui a permis à la société de s’ouvrir à de nouveaux marchés.

En attendant «une dizaine d’années» avant que l’ensemble de la gamme Robin soit exempte de pétrole, la société, qui utilise déjà de l’énergie électrique 100% éolienne et travaille en circuit hydraulique fermé, réfléchit également à des applications «fonctionnelles» de ses futures peintures. Et M. Zoller de plaider pour une plus large connaissance de l’économie circulaire auprès des citoyens. «Le modèle est encore un peu trop élitiste. Il faut qu’il devienne un grand mouvement de masse.»