Pour Isabelle Schlesser de l'Adem, pour trouver un emploi, il faut disposer d'un goût de l'effort et d'une grande curiosité. (Photo: Christophe Olinger)

Pour Isabelle Schlesser de l'Adem, pour trouver un emploi, il faut disposer d'un goût de l'effort et d'une grande curiosité. (Photo: Christophe Olinger)

Ce vendredi 2 octobre, dans l’amphithéâtre du salon du recrutement junior Unicareer.lu organisé par l’Université du Luxembourg, se tenait une table ronde dédiée à l’insertion des jeunes sur le marché de l’emploi, mêlant des professionnels du recrutement à des figures institutionnelles, comme Isabelle Schlesser, directrice de l’Adem, et Nicolas Schmit, ministre de l’Emploi.

Le fil rouge: réfléchir à comment intégrer les jeunes talents de manière plus efficace dans les organisations du pays, une responsabilité partagée. «Les jeunes talents ont aussi un important rôle à jouer. L’ouverture est une vertu indispensable, je le vois dans mon ministère. Quand on décroche son diplôme, on n’en est qu’au début de son parcours. Le vrai apprentissage commence après l’école, au cœur de l’entreprise», affirme le ministre.

Trouver du travail requiert un goût de l’effort et une certaine dose de courage.

Isabelle Schlesser, directrice de l'Adem

Et Isabelle Schlesser d’embrayer: «Trouver un emploi n’est pas une chose facile, quel que soit son parcours. Cela requiert un goût de l’effort et une certaine dose de courage. Les entreprises veulent être face à des collaborateurs qui ont envie de travailler. Mon premier conseil à une jeune recrue serait de développer sa curiosité.»

Si on ne peut pas minimiser la précarité chez les plus jeunes travailleurs, on peut encore trouver des CDI sur le marché, à condition d’être patient et d’avoir un peu de chance. «Il y a de l’emploi et de la croissance au Luxembourg. Il faut avoir confiance en l’avenir», souligne Vinciane Istace, human capital partner chez PwC, qui accueillera 230 juniors dans les semaines à venir.

Perles rares

En combinant les expertises des panélistes, on peut en déduire que s’il n’y a plus de voie royale, travailler sur son employabilité commence par des stages, des expériences de volontariat ou un engagement associatif. «Un parcours académique type dispose de nombreux temps morts. Il faut les valoriser. Un CV sans aucune expérience n’a que peu de valeur. Les entreprises luxembourgeoises sont très friandes de stagiaires, c’est une chance. Le diplôme n’est pas une fin en soi, mais le début d’une aventure», affirme Magali Maillot, DRH chez Allen & Overy.

Je vois les étudiants comme une chaîne de production.

Eric Tschirhart, vice-recteur académique

Le candidat junior idéal est à la fois humble et sûr de lui, agile et adaptable. Il se renseigne sur l’entreprise qu’il vise et garde les pieds sur terre. «L’humilité est importante. Soyez authentiques, restez vous-mêmes et n’essayez pas de vous survendre! On sait ce que vous ne savez pas. Montrer qu’on a envie d’apprendre et qu’on a de la volonté, c’est ce qui nous attire», conseille à son tour Valérie Massin, HR coordinator chez ArcelorMittal.

Le junior doit savoir saisir les opportunités et changer de trajectoire si nécessaire. «Je vois les étudiants comme une chaîne de production. Il faut les former à chaque étape et les rendre directement utiles sur le terrain. C’est notre rôle en tant qu’université. Aux jeunes d’ensuite se prendre en main. Il ne faut pas avoir peur d’évoluer et de se lancer dans une activité pas forcément en lien direct avec son diplôme», soutient Eric Tschirhart, vice-recteur académique, ayant lui-même changé de fonction six fois au fil de son parcours. «Avoir un plan de carrière figé n’est plus une option», le rejoint Isabelle Schlesser. «Il ne faut surtout pas rester sur ses acquis et ne pas hésiter à saisir une opportunité si elle ne correspond pas à 100% à ce qu’on avait imaginé. On peut toujours changer d’entreprise et il reste plus facile de trouver un emploi en ayant déjà un travail.»

Plus qu’un diplôme, on cherche des expériences de vie pour raconter des histoires à nos clients.

Sébastien Pagnon, operations manager chez Arhs Cube

Comme le rappelle Vinciane Istace, un mix entre compétences techniques et aptitudes sociales est de plus en plus demandé, quel que soit l’entreprise ou le secteur envisagé. Parcours atypiques, Erasmus ou séjours de volontariat à l’étranger sont de plus en plus appréciés des entreprises. «Chaque entreprise a sa méthodologie, ses manières de fonctionner et ses valeurs. On les apprend sur le terrain en s’investissant des deux côtés de la relation de travail. C’est l’intelligence émotionnelle et sociale qui fait la différence.»

Et Sébastien Pagnon, operations manager chez Arhs Cube de synthétiser: «Les entreprises ont besoin de gens qui bougent avec elles, qui ont des idées et de la passion. Plus qu’un diplôme, on cherche des expériences de vie pour raconter des histoires à nos clients. Compter sur des entrepreneurs en interne est essentiel pour assurer le futur de sa société.»