Le «non» opposé aux réformes proposées par Matteo Renzi pourrair avoir des conséquences économiques dans la zone euro, estime le professeur Philippe Poirier. (Photo: DR)

Le «non» opposé aux réformes proposées par Matteo Renzi pourrair avoir des conséquences économiques dans la zone euro, estime le professeur Philippe Poirier. (Photo: DR)

Le politologue et enseignant-chercheur à l’Université du Luxembourg, Philippe Poirier, a fait part ce lundi de son sentiment quant à la présidentielle autrichienne, qui a vu hier la victoire de l’écologiste Alexander Van der Bellen, et au référendum organisé hier également en Italie, ayant conduit à la démission du Premier ministre Matteo Renzi.

«Dans le cas de l’Autriche, il y avait un choix politique à assumer», a indiqué Philippe Poirier à Paperjam.lu, rappelant que les Autrichiens étaient appelés à se prononcer sur leur volonté de tenter une nouvelle fois ou non l’expérience d’un parti d’extrême droite.

«Là, c’était très clair. Il y avait un véritable enjeu quant au fonctionnement de la démocratie en Autriche sous l’œil des valeurs européennes», a-t-il ajouté, jugeant la situation comparable ou presque à celle de 1999 quand des représentants du FPÖ de Jörg Haider avaient formé une coalition gouvernementale avec l’ÖVP du ministre des Affaires étrangères de l’époque, Wolfgang Schüssel, au grand dam de l’Union européenne.

On a trop souvent voulu rapprocher ces deux scrutins, suite à l’élection de Donald Trump.

Philippe Poirier, Université du Luxembourg

Dans le cas du référendum italien, trop souvent comparé ces dernières semaines à la présidentielle autrichienne et à l’éventuelle victoire là aussi d’un «non» populiste, Philippe Poirier note que – si effectivement des forces populistes soutenaient ce «non» – le sujet de ce scrutin était «avant toute chose» un problème interne à l’Italie, relatif à sa transformation constitutionnelle «vis-à-vis de laquelle les gauches italiennes étaient très divisées sur la réforme proposée par monsieur Renzi».

«On a trop souvent voulu – à tort – rapprocher ces deux scrutins dans la suite de l’élection de Donald Trump aux États-Unis», rappelle le politologue, concluant en «deux scrutins et deux résultats pourtant bien distincts».

Selon lui, les répercussions du vote autrichien sont en effet moins importantes pour le fonctionnement de l’Union européenne – «en dépit de l’éventuel clash en termes de valeur si Norbert Hofer avait été élu» –, que celles du vote italien.

Car, selon Philippe Poirier, «le problème interne constitutionnel italien provoque une crise de gouvernement de la troisième économie de l’Union européenne et de la zone euro».

«Et dans ce cas», conclut-il, «on peut supposer qu’il y aura des répercussions sans doute plus importantes non pas pour le fonctionnement de la démocratie italienne qui reste une démocratie solide, mais pour des raisons économiques et de convergence économique dans la zone euro».