Jean-Paul Staudt: « Nous avons affaire à différentes générations, dont certaines ont peu d’affinité avec l’écran. » (Photo : Andrés Lejona)

Jean-Paul Staudt: « Nous avons affaire à différentes générations, dont certaines ont peu d’affinité avec l’écran. » (Photo : Andrés Lejona)

L'émergence des technologies de l’information apporte son écot au secteur de la formation, élargissant l’éventail des supports possibles. La question de leur utilisation se pose dorénavant en caractère gras, là où il y a encore quelques années, le papier (sous toutes ses formes) n’était concurrencé que par les diapositives, ou les supports transparents projetés sur écran blanc. Si le papier a, évidemment, toujours sa place, les rétroprojecteurs sont définitivement remisés au placard. Au sein de Goodyear Dunlop, par exemple, le choix des supports se pose pour chacune des formations mises en place. Pour les formations techniques concernant les nouveaux embauchés, les opérateurs, les techniciens et les ingénieurs, la théorie est transmise au travers de livres, documentations imprimées et autres documentations Internet. « Il s’agit souvent de supports remis par le fournisseur de la machine qui est sujet de la formation en question, et que nous adaptons à nos exigences. En revanche, pour tout ce qui concerne les processus spécifiques ‘pneumatique’, ou nos standards internes, c’est nous qui les réalisons », développe Jean-Paul Staudt, manager Leadership & Management au sein de Goodyear Dunlop.


Ces séances, effectuées en groupe, se font invariablement à l’aide de projections qui, grâce à l’ordinateur, sont généralement animées. « Les descriptifs – souvent indigestes – qui étaient le lot de toutes formations techniques d’antan sont maintenant enseignés au travers de vidéos, qui permettent de décortiquer chaque geste. C’était impossible avant, sinon en allant sur le terrain, ce qui bloquait la chaîne de production. Et cela rend, clairement, la formation plus attractive. »

Les formations plus générales (management, communication, etc.) qui touchent tous les secteurs de l’entreprise offrent, quant à elles,
une plus grande souplesse, quant à l’emploi des supports. « Le principe est le suivant : l’objectif de la formation doit être clair, et ce, dès le début. Il faut pouvoir répondre à la question : ‘que doivent être capables de faire les apprenants à la fin de la session ? ’ Ensuite, les méthodes d’apprentissage et les supports mis à disposition doivent permettre d’atteindre le but assigné. »

Une question d’aisance

Aussi l’un des moyens les plus efficaces reste la mise en situation ou les jeux de rôles, qu’ils soient filmés (en vue d’une analyse ultérieure) ou non. Ces mises en situation ont également comme intérêt d’impliquer les apprenants, en les incitant à s’appuyer sur des situations réelles, rencontrées dans le cadre de leur fonction. « Dans ces cas, les supports se limitent à quelques documentations techniques que nous divisons en deux : une demi-page d’informations et une demi-page destinée aux annotations des participants. »

Si la formation exige une documentation plus dense, Jean-Paul Staudt estime qu’il est alors important de la fournir dès le début de la session, afin que les prises de notes puissent être faites en face du contenu correspondant.

A contrario, la documentation en format électronique peut être remise à la fin de la séance, « mais en format PDF dans la majorité des cas, afin que les participants puissent imprimer les pages qu’ils souhaitent. Il m’est souvent arrivé de voir dans le bureau de l’un ou de l’autre les copies de certains slides punaisées au mur », rajoute-t-il. Preuve de leur importance après la formation. Le print et l’électronique sont ainsi complémentaires, d’autant plus que certaines personnes sont peu à l’aise avec les supports immatériels. « Dans notre milieu, nous avons affaire à plusieurs générations, dont certaines ont peu d’affinités avec l’écran. Il faut donc utiliser des supports avec lesquels le plus grand nombre se sent à l’aise. » Exit ainsi, et pour le moment, la tablette. Quant à l’Internet, pourquoi pas, mais de manière encadrée. « J’ai pu constater que les personnes qui sont braquées sur l’écran sont plus facilement inattentives. Et Internet offre tant de distractions. Or, il en faut le moins possible, sinon on risque de perdre son auditoire », complète Jean-Paul Bruck, manager communications chez Goodyear.

Le choix du support a donc également vocation à maintenir les apprenants concentrés. L’alternance et la diversité ne sont pas de vaines formules dans le domaine de la formation : les projections, par exemple, si elles sont couramment utilisées, ne doivent pas excéder quatre heures. « Et doivent comprendre des slides PowerPoint, qui ne reprennent que les points importants, le tout agrémenté de métaphores. »

Viennent également se greffer des exercices de simulations souvent très appréciés : « le jeu de la catapulte, qui permet d’aborder les problèmes de qualité et de répétitivité », donne comme exemple Jean-Paul Bruck, « sans oublier le ‘jeu de la bière’ afin d’appréhender la chaîne d’approvisionnement et la gestion des stocks ou encore des constructions en Lego, qui mettent en exergue le team spirit », rajoute M. Staudt. Suite à ces « jeux », les apprenants, encadrés par le formateur, analysent les résultats et apportent eux-mêmes un certain nombre de solutions, « autour de l’indispensable paperboard. En effet, les gens apprécient d’être autour de cet indémodable tableau en équipe, plutôt que seuls devant une feuille ou un écran. » La dynamique de groupe aide en effet à aller plus loin dans les sujets traités, et stimule les individus parfois réticents à s’investir. Les différentes pages des paperboards, annotées par plusieurs mains anonymes, sont alors photographiées par le formateur puis remises aux apprenants ou, le cas échéant, peuvent servir à d’autres groupes comme base de travail.

« Un bon support évolue avec le temps, et est souvent l’aboutissement du travail conjoint du formateur et des formés », conclut Jean-Paul Staudt.  

 

« Comment optimiser les supports pour rendre une formation plus efficace ? »

Pour répondre à cette question, nous avons donné la parole à des experts de 11 entreprises :

Dimitri Davreux (Alter Domus)
Anne Oberle (Arendt Institute)
Sandra Grunewald (CRP Henri Tudor)
Anna Martino (Dale Carnegie Training Luxembourg)
Felipe Carrillo (Deloitte, Tax & Consulting)
Irene De Muur (Fast Training)
Michèle Steffen-Pisani (LLCE – Luxembourg Lifelong Learning Center de la Chambre des salariés)
Nicolas Lefèvre (PwC Luxembourg)
Antoine Rech (Sacred Heart University)
Séverine Schwander (SD Worx)
Philippe Zimol (Telindus)