Le SREL a navigué dans le flou. Mais ça, c'était avant... (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Le SREL a navigué dans le flou. Mais ça, c'était avant... (Photo: Luc Deflorenne / archives)

17h20, ce mardi à la Chambre des députés. On ne sait pas encore si un gouvernement chutera sur ce coup-là. Mais en tout cas, l’affaire du SREL se tourne davantage vers le futur que vers le passé…

La réforme du service semble s’imposer aux yeux de tous. Mais les amateurs de déclarations fracassantes en auront été pour leurs frais.

Un peu plus de deux heures avant cette sortie finalement bien calme, on pouvait encore redouter l’empoignade.

Un avant et un après 2009

Patrick Heck, l’actuel «patron» des services secrets luxembourgeois a, d’abord et face aux députés, livré un rapport sans surprise. En gros, il admet que, avant les premières réformes du SREL, lancées en 2009, le service a connu des dysfonctionnements.

Le SREL tournait à sa façon, sans véritable règle, dans une transparence très artisanale et avec ses propres priorités. M. Heck a même évoqué une «parfaite méconnaissance ou une absence de respect des lois en vigueur».

Patrick Heck se dit favorable à une nouvelle évolution, dans un véritable cadre juridique défini pour les missions du SREL. Il préconise notamment un contrôle par une commission externe.

Un logiciel espion

Le Premier ministre va dans le même sens. Jean-Claude Juncker a bien marqué ses distances par rapport aux méthodes pratiquées jadis par les «barbouzes» luxembourgeois. Le Premier ministre reçoit, depuis 2009, un rapport mensuel sur les activités du SREL. Et tout est en principe consigné dans une banque de données.

Les errements autour de l’affaire du Bommeleeër? Il se souvient avoir été averti que le procureur d’État Robert Biever a fait l’objet d’une surveillance, et que l’hypothèse d’une prétendue pédophilie du magistrat avait été évoquée. Il en a même informé l'intéressé... Les services secrets suivaient une source anonyme à l’époque, se souvient Jean-Claude Juncker. Qui se dit horrifié que des amalgames aient pu être faits entre suspicions terroristes, homosexualité ou pédophilie…

Le Premier ministre révèle aussi que le SREL a utilisé, en son temps, un logiciel espion qui permettait de s’introduire dans des banques de données via internet. Quand? Comment? Contre qui? Mystère… Mais Jean-Claude Juncker lui-même aurait ordonné la fin de ces pratiques.

Contre-espionnage industriel

Au final, le message est clair: le passé était moche, demain sera mieux. Pour le Premier ministre, un service de renseignement n’a rien d’anachronique au Luxembourg. Au contraire, des missions importantes doivent incomber au SREL, notamment pour lutter efficacement contre l’espionnage industriel.

Il faudra donc bien réformer le service, le doter d’un cadre strict, de contrôles sévères, d’une transparence nouvelle et de règles juridiques claires. Il n’y aura pas de crédit budgétaire supplémentaire, ni de personnel ajouté. Mais une réforme quand même.