Le Pr Peeters (ISU) estime que le secteur spatial luxembourgeois n'a pas, à l’étranger, la reconnaissance qu’il devrait. (Photo: Martine May)

Le Pr Peeters (ISU) estime que le secteur spatial luxembourgeois n'a pas, à l’étranger, la reconnaissance qu’il devrait. (Photo: Martine May)

L'industrie spatiale au Luxembourg est bien placée pour connaître une croissance substantielle. Ce constat est fait par le Pr Walter Peeters, recteur de l'Université spatiale internationale (ISU) à Strasbourg, en visite la semaine dernière au Luxembourg dans le cadre d’un master organisé en partenariat avec SES.

Il y a fait l’éloge des fortes racines commerciales qui y sont déjà présentes, mais estime que c’est par le biais d’une coopération accrue au niveau européen que l’industrie a le plus de chances d’être stimulée. Il est, du reste, en train de lancer une nouvelle formation universitaire qui sera de nature à améliorer encore la compétitivité du secteur.

Le Pr Peeters explique que la plupart des pays ont eu «un secteur spatial géré par le gouvernement depuis les années 1970, axé sur les sciences et la recherche, qui, peu à peu, est entré dans des approches commerciales.» En revanche, «le Luxembourg est allé dans l'autre sens, en ayant d’abord passé beaucoup d’années avec une forte base commerciale, mais ne regarde que depuis très récemment les aspects purement technologiques.»

L'adhésion du pays à l'Agence spatiale européenne (ESA) en 2005 «a ouvert les portes pour l'industrie spatiale du Luxembourg, afin de pouvoir être impliqué dans d'autres domaines», explique-t-il. Cela comprend des projets de l'ESA tels que la conception et la construction de voiles solaires utilisées pour la propulsion des satellites ou encore le système de navigation Galileo. «La réalisation d’antennes pour un tel système de navigation constitue une suite logique de ce qui existe déjà au Grand-Duché.» Et d’être persuadé que la croissance des autres activités, dans les prochaines années, se basera sur les capacités technologiques actuelles. «Et je ne voudrais pas non plus exclure d'autres secteurs, comme les services juridiques ou de conseil.»

Dans le même temps, le Pr Peeters estime que le secteur spatial luxembourgeois n'a pas, à l’étranger, la reconnaissance qu’il devrait. «Beaucoup découvrent bien plus de capacités d’ingénierie qu’ils ne l’imaginent.» Et de suggérer que le Grand-Duché créé un portail en ligne dédié à l’espace, pour permettre aux clients potentiels internationaux d’entrer plus facilement en contact avec les firmes locales. Car, selon lui, si une entreprise spécialisée dans le domaine spatial est à la recherche de fournisseurs, elle va forcément se tourner vers «quelque chose de très ciblé. Elle n’utilisera pas les pages jaunes pour cela.» Or, à l'heure actuelle, Walter Peeters constate combien il est difficile de trouver des informations spécifiques sur le web.

Nouveau programme en avril

Dans le cadre de leur visite, le Pr Peters et ses élèves ont rendu visite au CRP Henri Tudor, au cluster «Luxembourg Space» et, bien sûr, à SES, où les étudiants ont pu plancher sur un certain nombre d’études de cas concrets.

L’ISU est une université dont Walter Peeters juge le fonctionnement «inhabituel»: «Contrairement à d'autres universités, nous n'avons pas différentes facultés. Nous avons une structure plus horizontale. Nous ne proposons qu’un seul sujet d’enseignement, l'espace, mais décliné selon toutes les matières qui peuvent s’y rattacher, comme le droit, la gestion des affaires, la politique publique, de l'ingénierie ou des aspects plus sociaux.»

L'université offre actuellement un programme de master en un an, un executive MBA et un programme estival intensif de neuf semaines. Mais le Pr Peters a présenté une nouvelle formation qui débutera le 1er avril 2011, avec le CRP Henri Tudor. «Tout comme les professions juridiques ou médicales, les gens vont utiliser un certain langage spécialisé. Tout le monde, dans l'industrie spatiale, l’utilise, mais si vous n’êtes pas directement concerné, cela peut vous paraître très bizarre. Cette formation a pour but de présenter à des gens des autres secteurs d’activité les méthodologies et les terminologies utilisées dans le cadre des technologies spatiales.»

Le cours est conçu à la fois pour des personnes actives chez les fournisseur potentielles, mais aussi pour des personnes travaillant directement dans le secteur spatial, dans d’autres services non techniques, comme les services juridique ou financier. «Ce cours va vraiment ouvrir la porte sur le monde de l’espace», estime le Pr Peters.