Le site mosellan emploie environ 3.000 salariés. (Photo: ArcelorMittal)

Le site mosellan emploie environ 3.000 salariés. (Photo: ArcelorMittal)

Avant le P6, le P3 avait été éteint début juillet par la direction d'ArcelorMittal. Des centaines d'emplois sont menacés. Un comité d’entreprise extraordinaire a lieu ce vendredi sur le site mosellan. John Castegnaro, président de l'asbl Sidérurgie, réagit à l'interview de Michel Wurth, dirigeant d'ArcelorMittal, sur paperJam.lu. Selon lui, les propos tenus à l'égard de Rodange & Schifflange sont de mauvais augure pour l'avenir des deux sites luxembourgeois.

Lors d’un comité central d’entreprise organisé ce jeudi à Paris, la direction d’ArcelorMittal a annoncé la fermeture du P6, le second haut fourneau du site de Florange, à partir du 3 octobre et pour une durée indeterminée.

Il ne tournait qu’à 70% ou 80% de ses capacités depuis plusieurs semaines.

La direction avait déjà averti que l’activité avait ralenti et que le carnet de commandes était peu rempli. Le haut fourneau P3 avait été éteint début juillet.

Un comité d’entreprise extraordinaire a eu lieu ce vendredi sur le site de Florange. A cette occasion, le directeur du site Thierry Renaudin a qualifié cette fermeture de «conjoncturelle, temporaire et provisoire». Ses propos ont été rapportés par l'AFP. «Nous maintiendrons sur place les compétences pour assurer un redémarrage rapide», a-t-il ajouté, en indiquant que 500 salariés environ étaient concernés par la fermeture du P6.

Problèmes de surcapacité

«En Europe, la consommation d’acier reste encore inférieure de 20% à 25% à ce qu’elle était avant la crise de 2008. On a donc des problèmes de surcapacités. Cela varie d’un pays à l’autre et d’un marché à l’autre. C’est par exemple mieux en Allemagne qu’en France. Qui dit surcapacité dit arrêt momentané des installations, comme à Florange, pour tenir compte de ces phénomènes-là. Par ailleurs, le 2e semestre est toujours moins fort sur le plan de la demande. Nous sommes donc dans une situation difficile», avait déclaré Michel Wurth, membre du comité de direction d’ArcelorMittal, dans une interview parue le 2 septembre sur paperJam.lu.

A cette occasion, Michel Wurth avait confirmé que le haut fourneau P3, fermé au début de l’été ne serait «certainement pas» rallumé avant la fin de l’année.

Lors du comité d’établissement du 30 août, la direction avait également annoncé un net ralentissement des activités de packaging d’ici la fin de l’année et la fermeture complète durant cinq jours en septembre. Avec des mesures de chômage partiel à la clé.

Rien que du noir

«Le groupe prévoit la mise en stand-by d’une grande partie du site. Rien que du noir pour notre avenir», proteste la CGT dans un tract.

Les salariés ont été appelés à «montrer leur mécontentement» ce vendredi à 13 heures au passage à niveau de Daspich sur la route de Terville.

La députée PS de Moselle Aurélie Filippetti a appelé Nicolas Sarkozy, le président de la République française, à agir contre la politique d’ArcelorMittal. D’après elle, plus de 2.000 emplois (CDI, intérimaires et sous-traitants) seraient menacés par ces mesures.

Le site mosellan emploie environ 3.000 salariés.

Sites luxembourgeois

Dans une interview au Tageblatt.lu, John Castegnaro, président de l'asbl Sidérurgie, a exprimé ses doutes sur l'avenir des sites luxembourgeois de Rodange & Schifflange, aujourd'hui en pleine restructuration.

Les usines ont enregistré des pertes supérieures à 15 millions d'euros au premier semestre.

L'ancien membre du conseil d'administration d'ArcelorMittal fonde en fait ses craintes sur le contenu de l'interview publiée il y a une semaine sur paperJam.lu:

«Sur le site d’ArcelorMittal Rodange & Schifflange, qui a encore annoncé de très mauvais résultats, on est davantage axés sur les commodités et le marché de la construction. Et là, on a des problèmes économiques qui sont importants et qui ont nécessité la prise de certaines décisions…», indiquait alors Michel Wurth.

A la question de savoir s'il fallait repositionner ces sites sur des segments à plus haute valeur ajoutée pour assurer leur pérénnité, le membre luxembourgeois du comité de direction avait ajouté:

«Cela signifierait reconstruire de nouvelles usines. Cela revient à se demander si l’Europe a besoin de capacités nouvelles pour de nouveaux produits. La réponse est tout de même plus difficile... Il s’agit plutôt d’essayer de voir si on peut maintenir la compétitivité et comment on va gérer l’existant.»

Contacté par paperJam.lu, John Castegnaro indique: «Les choses peuvent aller très vite à Rodange & Schifflange, même avec le plan de sauvetage mis en place. Avant, cela se passait pas comme ça.»