Les activités de gardiennage comptent parmi celles où le salaire social minimum est le plus souvent appliqué. (Photo: DR)

Les activités de gardiennage comptent parmi celles où le salaire social minimum est le plus souvent appliqué. (Photo: DR)

Le nouveau numéro, daté de décembre, du mensuel Forum paraît ce jeudi, avec comme dossier central le salaire social minimum.

Quel est-il et à qui s’adresse-t-il? L’économiste Jean Ries, qui dirige l’unité «Marché du travail et éducation» au Statec, tente de répondre à cette double question à travers un portrait statistique du salaire minimum au Luxembourg, le plus élevé d’Europe à 1.921 euros pour un travailleur salarié à plein temps.

En fonction d’un coût de la vie qui diffère fortement d’un pays à l’autre, ce salaire minimum luxembourgeois est toutefois difficilement comparable à ce qui se pratique ailleurs, «un euro ne conférant pas le même pouvoir d’achat au travailleur luxembourgeois qu’au travailleur roumain», écrit Jean Ries.

L'indice de Kaitz

Mais en utilisant la méthode des «parités du pouvoir d’achat», on parvient selon lui à réduire l’éventail des salaires minima, faisant qu’entre le Luxembourg et la France on passe de 14% à 3%, avec la Belgique de 17% à 8%, et avec les Pays-Bas de 18% à 8% également.

Il y a cependant encore un «mais» puisqu’un salaire minimum de 1.000 euros ne signifie pas la même chose selon que le salaire moyen est, ici où là, de 2.000 ou de 4.000 euros, poursuit l’économiste du Statec selon lequel il convient donc d’exprimer le salaire minimum par rapport à ce salaire moyen, ou «médian», un ratio connu sous le nom d’«indice de Kaitz».

Au Luxembourg, cet indice est passé de 56% en 2009 à 60% en 2012, identique à cette date à celui de la France alors que celui de la Belgique et des Pays-Bas est de 51%, et de 48% en Irlande et au Royaume-Uni. Tout est donc relatif…

Deux fois plus de femmes que d'hommes

Quant au nombre de bénéficiaires du salaire minimum au Luxembourg, il concernerait – sur base de chiffres partagés tant par Eurostat que par l’Inspection générale de la Sécurité sociale (IGSS) – 10% des salariés, soit un taux relativement élevé comparé aux 9% observés en France et en Irlande ou aux 4% des Pays-Bas et du Royaume-Uni.

«Le salaire social minimum se décline au féminin», poursuit Jean Ries, soulignant qu’au Luxembourg la part des femmes rémunérées de cette manière (16%) est deux fois plus importante que celle des hommes.

L’étude publiée souligne encore que c’est parmi la tranche d’âge des moins de 25 ans que l’on retrouve le plus de salaires sociaux – près d’un tiers –, et que le secteur d’activité qui affiche de loin (41%) la plus grande proportion de salaires rémunérés au minimum est celui des services administratifs et de soutien (nettoyage, gardiennage, travail intérimaire), devant l’Horesca (28%) et le commerce (17%).

À noter encore que cet article de Jean Ries est complété par un autre de Anne Franziskus consacré à quelques témoignages et à une étude relative à la manière selon laquelle on vit avec le salaire social minimum.

Et Forum propose enfin, parmi ses différents autres sujets, un article de Laurent Schmit concernant les fameux LuxLeaks et l’analyse que font Edouard Perrin (Cash Investigations) et Bastien Brinkmann (Süddeutsche Zeitung) du débat luxembourgeois ayant fait suite à ces révélations.