Bertrand Schmeler: «Une reprise économique mondiale qui reste fragile.» (Photo: paperJamTV)

Bertrand Schmeler: «Une reprise économique mondiale qui reste fragile.» (Photo: paperJamTV)

Avec l’événement tragique du vol MH17 de la Malaysian Airlines et le regain de tension dans le conflit israélo-palestinien, les risques géopolitiques ont fait leur retour sur le devant de la scène. Pourtant, en dépit d’une correction mesurée sur les actifs financiers russes et une tension temporaire des prix du pétrole, les marchés financiers n’ont été que peu affectés, Wall Street continuant de voler de record en record.

Alors que les États-Unis accusent directement la Russie de soutenir les séparatistes en Ukraine, auteurs présumés de l’attentat de la Malaysian Airlines, et demandent des sanctions plus sévères, les réactions des dirigeants européens sont plus mesurées. Les politiciens européens savent en effet pertinemment qu’un raffermissement des sanctions économiques à l’encontre de la Russie, souhaitées par les États-Unis et la Grande-Bretagne, se retourneraient à terme contre les intérêts économiques des pays Européens eux-mêmes: la Russie demeure en effet, un partenaire privilégié pour les exportations Européennes.

Interdiction aux marchés de capitaux européens pour les Russes?

Parmi les sanctions potentielles les plus fréquemment évoquées, les Occidentaux mettent en avant la menace d’un refus à l’accès aux principaux marchés de capitaux (principalement des crédits en USD et en EUR) pour les grandes entreprises russes; alors que celles-ci demeurent fortement dépendantes des financements internationaux, l’impact négatif sur l’économie russe serait important, entraînant probablement le pays vers une récession. Les marchés financiers ont commencé à refléter ce risque, via la baisse des titres russes en bourse et le renchérissement du coût du crédit pour les grandes entreprises, telles que Gazprom.

Dépendance énergétique des Européens

Dans le cadre de ces négociations, la Russie dispose de son côté d’une arme déterminante: elle fournit en effet chaque année à l’Europe un tiers de sa consommation de gaz, et toute interruption de ce service aurait des conséquences désastreuses sur l’activité économique en Europe.
Depuis les derniers événements du vol de la Malaysian Airlines, la Russie apparaît de plus en plus isolée sur la scène internationale, ne pouvant soutenir ouvertement des actes terroristes, elle dispose de peu de marge de manœuvre dans les négociations. Alors que toute escalade dans les sanctions semblerait avoir des conséquences négatives d’un côté comme de l’autre, les perspectives d’apaisement du conflit entre Russes et Occidentaux et la poursuite d’une solution diplomatique restent le scénario privilégié par les investisseurs internationaux pour le moment.

Pas de panique pour les investisseurs

Loin de céder à la panique, les investisseurs continuent de privilégier les marchés actions internationaux, soutenus par un environnement de taux d’intérêt bas, de politiques monétaires accommodantes et de valorisations attractives par rapport au leur moyenne historique.
On sent bien toutefois que cet équilibre reste instable. Les mois d’été ont fréquemment été synonymes de fortes corrections boursières, souvent causées par des facteurs inattendus et exacerbées par les faibles volumes de transactions. Les risques potentiels ne manquent pas: outre ceux liés à l’Ukraine, un dérapage du conflit israélo-palestinien ou les tensions en Iraq peuvent à tout moment faire craindre un embrasement des prix du pétrole, facteur très négatif, dans le cadre d’une reprise économique mondiale qui reste fragile.