Chez les salariés du Républicain Lorrain, aucune mobilisation n’est prévue dans les prochains jours. (Photo: Olivier Minaire/archives)

Chez les salariés du Républicain Lorrain, aucune mobilisation n’est prévue dans les prochains jours. (Photo: Olivier Minaire/archives)

Moins de quatre ans après son rachat par le Crédit Mutuel (c’était en avril 2007), le quotidien Le Républicain Lorrain (RL) serait déjà remis en vente. C’est en tout cas ce qu’aurait laissé entendre le président de la banque propriétaire du titre. Présent au siège du journal, à Woippy, ce lundi et mardi, Michel Lucas a tenu des propos sans équivoque à trois reprises. Il a confirmé la cession ce jeudi lors de la présentation des résultats du groupe.

«Lundi, le directeur général de la banque a rencontré les membres du comité d’entreprise, puis les membres du personnel et mardi il a rencontré le conseil d’administration. Lors de chaque réunion, Michel Lucas a clairement fait savoir que Le Républicain Lorrain était à vendre», confirme un journaliste de la rédaction, syndiqué, qui préfère conserver l’anonymat.

Visiblement agacé par le mouvement de grève initié vendredi au niveau national par la CFDT, la CFTC, la CGC, la CGT, FO et le SNJ dénonçant le projet de baisse de l'ensemble des salaires dans la presse quotidienne, et qui a contraint le Républicain Lorrain à un jour sans parution, Michel Lucas a sans doute été surpris de l’ampleur du malaise à l’intérieur de son journal.

La direction conserve le silence

«Comme souvent la technique a suivi la grève à 98%, explique une source au siège, mais ce qui est plus étonnant c’est le taux de grévistes à la rédaction. Avec 80%, c’est du jamais vu!»

Depuis que l’information a filtré en dehors des murs du journal, la direction conserve le silence tandis que la rédaction se pose d’inévitables questions. «S’agit-il d’un coup de menton ou bien d’un acte réfléchi en cohérence avec une stratégie bien établie, se demande un chef de service. La rédaction est d’autant plus surprise, voire désarçonnée, que le RL avait l’impression d’être l’enfant chéri du groupe.»

Propriétaire à 100% du Républicain Lorrain (500 collaborateurs, dont 150 journalistes), le Crédit Mutuel détient d’autres titres au sein d’EBRA (Est-Bourgogne-Rhône-Alpes) comme Le Progrès, Le Dauphiné Libéré, Le Bien Public, Le Journal de Saône-et-Loire.

Le Républicain Lorrain est également présent au Luxembourg via le groupe Lumedia détenu à parts égales avec Editpress, qui édite le Quotidien.

Par ailleurs, depuis le début du mois de février, le groupe attend le feu vert de l’Autorité de la concurrence dans le cadre du rachat de l’Est Républicain et des Dernières Nouvelles d’Alsace (DNA). Un rachat qui, selon les syndicats du Républicain Lorrain, serait remis en cause.

Au siège de l’Est Républicain, à Houdemont, la sortie de Michel Lucas est perçue comme un «coup de colère». Chez les salariés du Républicain Lorrain, aucune mobilisation n’est prévue dans les prochains jours. Ils attendent avec impatience le prochain comité d’entreprise fixé au15 mars prochain, à moins que Michel Lucas n’aborde le sujet de la vente du RL demain à Strasbourg lors de la présentation des résultats du Crédit Mutuel.