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Les particuliers peuvent commander une ligne ADSL chez les P&T. Après la commande, l'attente...

"L'Internet à haut débit? Yakadmandé. Remplissez le formulaire". De là à l'obtenir?

Cela fait 6 mois que l'ADSL a été lancé sur le marché luxembourgeois. Ce relatif attentisme aura permis à l'opérateur local de laisser ses voisins essuyer les plâtres et de pouvoir déployer une technologie bien rodée.

Alors tout va bien' On peut déplorer que seul un nombre limité de demandes soit satisfait. On peut également s'étonner qu'un quartier comme Luxembourg-Kirchberg ne soit pas desservi par l'ADSL. Mais bon quand on aime, on ne compte pas? les mois qui passent sans ADSL.

Il faut non seulement être patient. Il faut aussi être fortuné et disponible. Il vous en coûtera, dans les meilleurs des cas, LUF 17.417,5 et une demi-journée de congé quand vous aura été accordé l'insigne privilège de faire partie de la Nomenklatura des branchés haut-débit. Bien entendu, ce coût comprend la visite du technicien qui vous livrera l'appareil. Evidemment vous n'avez que cela à faire, attendre ce Monsieur. Et vous jalousez vos voisins d'outre-Sterpenich qui achètent le kit ADSL au supermarché et les BEF1500 mensuels tout compris qu'ils paient.

Mais, à bien y réfléchir, l'offre actuelle n'est pas centrée sur la clientèle particulière, quoiqu'en dise l'opérateur. Ce sont plutôt les professions libérales, les indépendants ou les petites entreprises qui peuvent justifier le coût et la disponibilité pendant les heures du bureau. Pour ces groupes l'ADSL est une véritable bénédiction.

Concurrent des lignes louées

Il est vrai que l'ADSL constitue un grand danger pour le juteux business des lignes louées, lequel a valu au Grand-duché de se faire montrer du doigt par la Commission Européenne, à cause de ses tarifs, parmi les plus élevés d'Europe.

De là à se demander si l'opérateur ne se tire pas dans le pied en commercialisant une technologie concurrente, il n'y a qu'un pas. Ceci pourrait expliquer tant la lenteur du déploiement de l'ADSL que la volonté de limiter ses possibilités.

Pourtant, les possibilités d'utilisation de l'ADSL sont nombreuses. Que l'on songe par exemple à un point de vente: mise à jour du stock, commande, transactions de cartes de crédit, télésurveillance ? et voix, pour un coût mensuel fixe, prévisible.

Voilà où se niche l'angoisse existentielle de l'opérateur de télécoms dont le modèle économique repose sur la facturation à la durée. Vous payez pour chaque minute de communication. Parfois même vous payez les minutes que vous n'utilisez pas par le biais des "unités de taxe".

Le forfait mensuel

Les opérateurs européens regardent avec méfiance le principe du forfait mensuel. C'est pourtant déjà de facto le système de tarification utilisé pour l'ADSL.

La tarification à la minute ou à la seconde, héritée de la téléphonie vocale et qui était fondée à l'époque de la communication analogique, n'est plus justifiée du tout à l'heure des réseaux numériques. Le forfait s'étendra à tous les types de connexions voix et données.

Déjà, la France prépare ce virage sous l'impulsion de son gouvernement, qui presse France Télécom à offrir un forfait illimité pour l'accès à Internet pour environ FF 200/mois.

Il s'agit désormais pour les opérateurs de raisonner en terme de bande passante, de quantités de données échangées, la voix étant un type de données comme un autre.

Au nom de la concurrence, il faudra aussi mettre en place les conditions permettant aux opérateurs alternatifs de proposer le même service.

Le forfait est à nos portes. Evitons les combats d'arrière garde et prenons le taureau par les cornes.