C’est une complexe histoire d’espionnage, mâtinée d’une histoire d’amour impossible, que met en scène Möbius – l’explication du titre ne viendra qu’à la fin et fait référence au fameux anneau infini. Après Les Patriotes, succès critique mais flop public, Éric Rochant poursuit son exploration du genre espionnage : « C’est un régal pour mener une narration : des situations tordues, des luttes d’influence, des mensonges, des secrets. » Lorgnant du côté des Anglo-saxons, le grand Hitchcock et son Notorious en tête, le film, plutôt éloigné de l’action, présente aussi, voire surtout, une histoire d’amour interdit. « Quand l’amour est interdit et dangereux, c’est plus intéressant. »
Jean Dujardin y campe un espion russe, Cécile de France, une as de la finance et Tim Roth, un milliardaire, russe et véreux comme il se doit. Tout ce beau monde est embarqué dans un jeu de faux-semblant, de lutte de pouvoir et de manipulation. Rien qu’à l’énoncé de la distribution, le spectateur a l’eau à la bouche et les résultats des premières séances françaises (qui donnent une indication de la future carrière du film) vont bien dans ce sens. « Je sens que Möbius sera mon plus grand succès en salle », se réjouissait le réalisateur Éric Rochant, venu présenter son dernier opus lors de l’ouverture du festival Discovery Zone.
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Un enthousiasme partagé avec Jani Thiltges qui, avec Samsa Film, est coproducteur du film. « J’ai rencontré les producteurs français au Festival de Berlin il y a quatre ans. Ils espéraient tourner l’été suivant. On a bien tourné en été, mais… trois ans plus tard ! » La plupart des scènes filmées à l’intérieur (les bars, le sauna, les bureaux ou la chambre d’hôtel) ont en effet été tournées au Luxembourg, essentiellement à LuxExpo, transformé en studios pour l’occasion. Éric Rochant a d’ailleurs partagé son quotidien du tournage sur Tweeter pour « faire comprendre ce que c’est de faire un film ».
« C’est une réalité du financement de beaucoup de films européens : on doit coproduire et dans l’accord, il y a des jours de tournage loin de chez nous. Cela peut faire peur de tourner avec des équipes que l’on ne connaît pas, mais dans le cas présent, tout s’est extrêmement bien passé », constate le réalisateur qui estime aussi que « la machine s’améliore et les gens sont compétents au Luxembourg ». Certes, les techniciens français s’inquiètent de cette délocalisation d’une partie des tournages et l’ont largement fait savoir lors de la cérémonie de remise de césars. Ce que le producteur luxembourgeois comprend parfaitement. « On essaie tous de travailler. Je comprends que les Français soient inquiets, mais le système d’aide luxembourgeois est équilibré et vertueux, ce qui n’est pas le cas partout », plaide-t-il.
Filmé en pellicule et non en numérique, un choix onéreux mais justifié par la qualité de l’image, Möbius se révèle être un film sensible et délicat dont il restera une des scènes d’amour les plus sensuelles qui soient. « Un moment difficile à concevoir, difficile à décrire aux acteurs, mais finalement facile à tourner, tant j’avais surmonté ma pudeur pour la mettre en scène », avoue Éric Rochant, en reconnaissant qu’il s’agit finalement de l’enjeu principal du film.
Möbius d’Éric Rochant
En salles