Représentant du patronat des entreprises des secteurs du commerce, des transports et des services, Nicolas Henckes regrette l’absence de chefs d’entreprise dans la sphère politique. (Photo: Maison Moderne)

Représentant du patronat des entreprises des secteurs du commerce, des transports et des services, Nicolas Henckes regrette l’absence de chefs d’entreprise dans la sphère politique. (Photo: Maison Moderne)

De sa formation d’avocat, Nicolas Henckes assure, lors d’une visite vendredi à la rédaction de Paperjam, avoir gardé «l’habitude de jouer les méchants». De par son expérience à la tête d’une PME, il revendique «sa connaissance des réalités du terrain». Quant à ses origines en partie françaises, il en assume le côté «râleur».

Un cocktail détonnant qui tranche avec le style habituellement plus feutré du monde des lobbies dans lequel Nicolas Henckes évolue depuis ces cinq dernières années. Que ce soit sous l’étiquette de l’UEL, ou de la CLC depuis le 1er juin 2017. Fidèle à son style direct, le représentant des quelque 13.000 entreprises des secteurs du commerce, des transports et des services n’hésite pas à défendre des positions peu populaires, mais jugées «indispensables dans l’intérêt de tous». 

Un ministère de la digitalisation, une idée marketing.

Nicolas Henckes, directeur de la CLC

Et ce, avec un postulat de départ relativement simple: «Toutes les dépenses effectuées au Luxembourg sont générées par les entreprises et leurs salariés.» D’où l’extrême vigilance en ce qui concerne les questions budgétaires qui dépendent avant tout de la Place, définie comme «la respiration artificielle de notre économie». En cas de ralentissement lié à une modification internationale, tout le système serait susceptible non seulement de cafouiller, mais aussi de s’effondrer.

Dans ce contexte, l’annonce faite jeudi par les trois partis de la coalition d’accorder deux jours de congé supplémentaires ou le renforcement probable du congé parental sont perçus comme «un ajout de sucre sur du sucre» de la part des politiques «qui veulent à tout prix répondre aux attentes des gens sans prendre en compte d’autres critères». Idem en ce qui concerne l’idée de mettre sur pied un ministère de la digitalisation – vue comme «une idée marketing» – ou la volonté d’augmenter le seuil du taux réduit d’imposition sur les bénéfices des PME analysée comme «une idée sympa, mais qui passera totalement au-dessus de la tête des patrons de petites entreprises qui ne font pas de bénéfices».

Lueurs d’espoir

Regrettant le fait de «ne plus avoir aucun relais» dans la sphère politique en raison de «la composition sociologique de la Chambre où ne siège aucun chef d’entreprise», Nicolas Henckes dénonce une classe politique qui «manque de maîtrise des dossiers» et «totalement déconnectée des réalités». En ligne de mire, non pas tant les ministres «abreuvés de notes par les fonctionnaires au fil des années» que les députés au niveau de connaissances parfois «affligeant».

Face à ces constats, le directeur de la CLC perçoit tout de même quelques lueurs d’espoir. Notamment dans la mise en place à venir du cadastre commercial qu'il voit comme «une plate-forme nationale qui devrait à terme devenir un outil de pilotage», l'essor des solutions pour le développement de l’e-commerce comme Letzshop ou bien encore «l’absence à l’heure actuelle de suroffre commerciale».

Autant de points qui devront cependant être suivis à l’avenir, surtout dans un pays qui enregistre «une arrivée nette de 10.000 à 12.000 résidents chaque année» et donc qui «évolue très vite». Interrogé sur sa vision du commerce, Nicolas Henckes estime que les acteurs du secteur devront être «flexibles pour offrir toujours plus de services et servir le client là où il est». Et ce, quelle que soit leur taille. Pour rappel, la CLC représente des entreprises qui, «dans 90% des cas», possèdent moins de 20 salariés.