Poule aux œufs d’or de Kering, Gucci a réalisé 1,5 milliard d’euros de ventes au troisième trimestre 2017. (Photo: Licence C.C.)

Poule aux œufs d’or de Kering, Gucci a réalisé 1,5 milliard d’euros de ventes au troisième trimestre 2017. (Photo: Licence C.C.)

Le groupe de luxe, et en particulier son PDG, François-Henri Pinault, est au cœur de révélations publiées ce week-end par le site français d’information Mediapart. M. Pinault aurait lui-même avalisé un montage financier élaboré dans le but de payer le salaire de Marco Bizzarri, PDG de Stella McCartney et Bottega Veneta, puis Gucci depuis 2015. Ce montage impliquerait une société luxembourgeoise qui rémunère officiellement M. Bizzarri, lequel est domicilié fiscalement en Suisse.

Mediapart publie l’extrait d’un courriel en anglais daté du 17 décembre 2014 envoyé par Jean-François Palus, directeur général délégué de Kering, à Marco Bizzarri avec François-Henri Pinault en copie. «Après ta discussion avec François-Henri, il est revenu vers moi avec un objectif de rémunération nette annuelle de 8.000k€», indique le courriel, soit 8 millions d’euros par an. «Si Kering avait versé cette somme nette de tout impôt via un contrat de travail italien, cela aurait coûté plus de 21 millions d’euros par an», calcule Mediapart. Sachant que Kering a commencé à verser une partie de ce salaire en Italie à partir de 2015, selon le site d’information. Le groupe aurait accumulé 50 millions d’euros d’économies par ce procédé.

Après Prada et Amazon

Le groupe Kering a réagi par un communiqué en affirmant avoir «mis en place une gouvernance d’entreprise visant à assurer une conformité totale avec les réglementations fiscales à tous les niveaux, y compris celui de ses collaborateurs». Quant à M. Bizzarri, «il est parfaitement en règle avec les autorités fiscales italiennes, pays où il est résident fiscal», précise le géant du luxe.

Gucci vient ainsi allonger la liste des entreprises du secteur inquiétées par le fisc italien. En 2013, Prada avait dû rembourser 470 millions d’euros pour avoir déclaré pendant dix ans à l’étranger des revenus réalisés en Italie.

Récemment, Amazon a passé un accord avec le fisc italien après l’ouverture d’une enquête sur ses pratiques fiscales entre 2011 et 2015, lui permettant d’échapper à 130 millions d’euros d’impôts en déclarant ses revenus au Luxembourg. Le géant du commerce électronique versera 100 millions d’euros pour solde de tout compte.