Les papas veulent aussi passer plus de temps avec leurs enfants. (Photo: Shutterstock)

Les papas veulent aussi passer plus de temps avec leurs enfants. (Photo: Shutterstock)

Le nouveau congé parental, qui est entré en vigueur en décembre 2016, connaît un succès extraordinaire. «Cela se passe même presque trop bien pour le ministre des Finances, car cela coûte cher», s’amuse Corinne Cahen (DP), la ministre de la Famille, lors d’un entretien accordé à Paperjam, à paraître la semaine prochaine dans l'édition magazine de février.

24.625 bénéficiaires

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Depuis le 1er décembre 2016 et jusqu’au 8 janvier dernier, pas moins de 24.625 personnes ont bénéficié de ce congé: 13.515 femmes et 11.110 hommes.

Le 1er congé parental est le plus souvent pris par la maman. Tandis que le second (à prendre avant les 6 ans de l’enfant) a suscité davantage l’intérêt des papas.

La forme la plus prisée de congé tant par les hommes que les femmes reste celle sur 6 mois à temps plein, puis sur 12 mois à mi-temps. Ils constituent plus de 82% des congés. Selon le sexe, il apparaît que les hommes choisissent nettement plus le congé parental 1 jour par semaine que les femmes.

Les couples ont changé, la façon d’être avec les enfants a aussi changé.

Corinne Cahen, ministre de la Famille

D’autres chiffres fournis par la Zukunftskeess mettent aussi en lumière les effets positifs du nouveau congé parental. «Dans l’ancienne version du congé, c’était surtout les femmes, gagnant peu, qui prenaient le congé. Mal rémunéré, il intéressait peu les hommes aussi inquiets pour leur carrière. On a voulu rééquilibrer les choses. D’une part, j’ai toujours trouvé qu’il était criminel d’arrêter de travailler. Une femme qui travaillait à mi-temps n’avait droit qu’à une demi-pension. Et si son conjoint venait à quitter le ménage, c’est elle qui faisait les frais de la situation. D’autre part, les papas veulent passer plus de temps avec leurs enfants. Ce n’est plus comme à l’époque de nos parents où le papa rentrait tard et venait nous faire une bise quand nous étions en pyjama», explique encore la ministre.  

+240,5% en un an

En revalorisant le congé parental, un des objectifs était donc aussi d’équilibrer le rapport femmes-hommes. L’effet a été immédiat. Si en décembre 2016, le congé parental était pris pour un quart par les papas et trois quarts par les mamans, les choses avaient déjà fortement évolué un an plus tard. «En décembre 2017, les congés concernaient à 55,5% des femmes et 44,5% des papas», fait remarquer la ministre. L’augmentation nette des seuls papas en congé parental était donc de 240,5%! Les demandes globales de congé ayant augmenté elles-mêmes de 89,2%.

Et en décembre 2018, l’égalité parfaite était presque atteinte puisque les congés parentaux (encore en augmentation de +19,5% entre 2017 et 2018) étaient répartis à 50,1% pour les dames et 49,9% pour les hommes. «En 1999, la première mouture du congé parental était surtout une mesure en faveur de l’emploi, pas des familles. Cela a été un échec. Nous, nous avons voulu voir les choses autrement et cela fonctionne. Cela ne plaît sans doute pas trop aux entreprises qui comptent beaucoup d’hommes, mais tant pis», analyse encore la ministre de la Famille.

Le «congé parental +»: une priorité

Corinne Cahen confirme aussi son souhait de poursuivre ses efforts en faveur de la qualité de la «work-life balance». Son prochain chantier sera donc de réunir les partenaires sociaux pour élaborer un «congé parental +», un droit au travail à temps partiel pour raisons familiales. Car «on constate qu’après le congé parental, de très nombreux parents souhaitent diminuer leur temps de travail. Mais aussi que cette diminution du temps de travail soit partagée entre les deux parents. Ce qui est très intéressant pour les parents et les enfants.»

L’idée est donc de proposer une prolongation à durée déterminée du congé parental, l’État payant les cotisations sociales du temps passé à la maison à la place de l’employeur. Ce qui assure au parent en «congé parental +» de ne rien perdre au niveau de sa pension. Le DP en a fait une priorité de la législature. «Combien cela va coûter à l’État? C’est encore difficile à dire. On veut en tout cas que les choses se passent bien et que les négociations soient sereines. Nous ne voulons pas non plus pénaliser les entreprises. Ainsi, il y aura sans doute une réflexion autour de la durée des CDD, qui pourrait être allongée pour assurer les remplacements des parents en congé», conclut la ministre.

Différents modèles de congé

Actuellement au Luxembourg, le congé parental:

  • Est destiné à tout parent ayant une affiliation au Grand-Duché du Luxembourg et qui remplit les conditions d’octroi. Il peut choisir son modèle de congé parental selon le nombre d’heures indiquées sur son contrat de travail au moment de la notification du congé à son employeur. L’un des parents doit prendre son congé successivement au congé de maternité, d’allaitement ou d’accueil, sous peine de perte du droit et de l’indemnité du congé parental. L’autre parent peut prendre son congé en même temps que son conjoint ou partenaire ou plus tard, mais le congé parental doit toujours débuter avant les 6 ans accomplis de l’enfant. 

  • Propose un revenu de remplacement calculé sur base des revenus déclarés par l’employeur auprès du Centre d’affiliation de la sécurité sociale pendant les 12 mois précédant le début du CP. Mais aussi de la moyenne des heures prestées au cours des 12 mois précédant le début du CP.

  • C'est différents modèles de congé parental selon le nombre d’heures indiquées sur votre contrat de travail au moment de la notification du congé parental à votre employeur.

Tous les détails sont aussi consultables dans la loi du 3 novembre 2016.