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Laurent Gayet, head of business, development, wealth planning and legal (AXA Wealth Europe). 

La flexibilité luxembourgeoise s’incarne dans son assurance, secteur moteur de la croissance nationale. À ce jour, le Grand-Duché compte plusieurs centaines de sociétés d’assurances et de réassurances et doit en accueillir d’autres suite au Brexit, preuve de son attractivité.

Tout comme sa population (47,9% d’étrangers en 2018), le marché assurantiel luxembourgeois est international. Plus de 90% du business des assureurs luxembourgeois est réalisé hors frontières. Les principaux marchés corroborent l’idée d’un carrefour incontournable sur les routes de la gestion de fortune: la France, la Belgique, l’Italie et l’Allemagne ne démentiront pas cette assertion.

L’assurance-vie luxembourgeoise offre dans la panoplie patrimoniale une diversification profitant de la sécurité d’un pays noté 3A dans un cadre légal et réglementaire à la fois stable et adaptable. Elle concilie un accès élargi à l’investissement et une protection toujours plus soucieuse des souscripteurs, comme en témoignent les réflexions législatives locales sur le fameux triangle de sécurité.

À cet égard, le Luxembourg compte réaffirmer, via la loi à venir, son engagement dans la protection de l’épargnant et démontrer qu’il s’inscrit toujours plus dans un pragmatisme «early adopter» au niveau de l’insolvabilité d’un assureur, comme il l’avait déjà fait pour CRS (dans les premiers pays listés).

La communication sur la transparence et les facteurs différenciant du Luxembourg est payante puisque le marché reste très porteur nonobstant un «Luxembourg bashing» mettant en exergue, et à tort, un discours supposé très commercial des assureurs du Grand-Duché. Or les fondements de la protection sont bien juridiques, même si le talent marketing n’est pas étranger au succès.

Mais ‘chant des possibles’ ne signifie pas pour autant que la musique permet de tout jouer sur la gamme exotique des supports.

Laurent GayetLaurent Gayet, Head of business, development, wealth planning and legal (AXA Wealth Europe)

Dans l’enveloppe assurance-vie, le prêt à poster mute en sur-mesure avec les atours du charme luxembourgeois, ce qui confère une souplesse sans équivalent, mais également un messager assureur luxembourgeois qui se distingue par une maîtrise sans égal des langues et des environnements internationaux de l’assurance.

Mais chant des possibles ne signifie pas pour autant que la musique permet de tout jouer sur la gamme exotique des supports. Les possibilités de diversifier les actifs détenus augmentent proportionnellement aux montants investis et en fonction du type de fonds choisi: des plus classiques aux produits structurés avec portefeuilles de titres cotés ou non cotés, en passant par les fonds alternatifs investis sur des matières premières, des fonds immobiliers, FCPR, EMTN... FID, FIC et désormais FAS sont autant d’acronymes et de références à des gestions personnalisées qui font perdurer la mélodie du contrat luxembourgeois; mélodie qui n’est en aucun cas une mélopée lorsque l’on rappelle que le choix des actifs relève du droit luxembourgeois, et ce quels que soient les marchés (règle du «home country control»).

Certes, les discussions récentes relatives aux apports de titres dans les contrats luxembourgeois (marchés français, belge, portugais...) suscitent débats et interprétations, de même que les nouveaux produits comme le FAS, mais cela témoigne du sens de l’innovation de la Place. C’est également un gage de son pragmatisme concernant l’accompagnement, visant à ne pas lutter contre l’inéluctable (contraintes sur la connaissance client et la traçabilité des fonds), mais à en faire une opportunité (devoir de conseil renforcé avec approche holistique).

Le contrat luxembourgeois propose ainsi une symphonie séduisante à l’oreille des patrimoines nécessitant un accompagnement.

Laurent GayetLaurent Gayet, Head of business, development, wealth planning and legal (AXA Wealth Europe)

L’expertise, l’expertise, l’expertise pourrait être le pendant immobilier de l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement comme adage de la Place mettant en exergue des services plutôt que des produits.

Le contrat luxembourgeois propose ainsi une symphonie séduisante à l’oreille des patrimoines nécessitant un accompagnement métronome à même de les conseiller sur le meilleur usage de cet instrument dans un environnement fiscal favorable.

Car parler de rentabilité d’un placement sans évoquer la fiscalité est un non-sens dans un contexte de taux bas durable avec des rendements corrélés à une nécessaire prise de risque.

En effet, souvent les hauts taux fiscaux impactent les taux de rendement bas. Or l’absence de taxation luxembourgeoise des flux transfrontaliers et la non-remise en cause, a contrario de la France, de l’application des conventions internationales pour des résidents bénéficiant dans leur pays de régimes fiscaux privilégiés sont de nature à conforter la position du Luxembourg comme hub européen patrimonial et financier de référence.

Enfin, si la révolution digitale ne fut pas la priorité des assureurs luxembourgeois victimes de leur succès, elle l’est aujourd’hui comme un facteur différenciant sur lequel l’échelle de Richter qualitative n’est pas encore à l’acmé quand les insurtech arrivent en force.

Ce point faible est devenu une force, car conjugué en langue luxembourgeoise, une adaptation est une révolution et la vitesse y est inhérente: numéro 1 de la Place oblige.