Jean Asselborn a félicité la Turquie pour certains dossiers, mais s’est montré plus inquiet pour d’autres. (Photo: MAEE)

Jean Asselborn a félicité la Turquie pour certains dossiers, mais s’est montré plus inquiet pour d’autres. (Photo: MAEE)

Lundi, le ministre Jean Asselborn a été reçu à Ankara par son homologue turc pour une réunion de travail et a eu une entrevue avec le président de l’Assemblée nationale, Binali Yildirim. Le ministre Asselborn a également rencontré le président du Parti républicain du peuple (CHP), Kemal Kılıçdaroğlu.

Cette première visite du ministre Asselborn depuis la tentative de coup d’État de 2016 contre les institutions démocratiques de la Turquie a comme objectif de faire le point sur les relations bilatérales, les relations UE-Turquie et la situation régionale. Les ministres ont exploré différentes pistes pour renforcer davantage les relations dans le domaine économique et culturel. En ce qui concerne les relations entre l’Union européenne et la Turquie, le ministre a souligné que «nous attendons de la Turquie qu’elle respecte les engagements auxquels elle a souscrit en tant que pays candidat à l’Union européenne et en tant que pays fondateur du Conseil de l’Europe». 

Respecter la présomption d’innocence

Les deux parties ont également pu faire le point sur le dossier de la migration. Dans ce contexte, le ministre Asselborn a exprimé sa reconnaissance en ce qui concerne l’accueil réservé par la Turquie à 3,6 millions de réfugiés syriens, de même que plus de 400.000 autres réfugiés et l’étroite coopération avec l’UE visant à prévenir les pertes de vies en mer Egée. 

Tout en se disant conscient de l’incidence dramatique de la tentative de coup d’État de 2016, que le Luxembourg avait fermement condamnée à l’époque, le chef de la diplomatie luxembourgeoise a fait part de son inquiétude à l’égard de l’ampleur des mesures prises par la suite et leur effet à long terme. Jean Asselborn a mentionné dans ce contexte la détention de nombreux journalistes, académiciens, défenseurs des droits de l’Homme et autres représentants de la société civile. Il a encouragé le gouvernement de la Turquie à respecter le principe universellement reconnu de la présomption d’innocence et d’autres principes de droit en phase avec la Convention européenne des droits de l’Homme et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Inquiétude pour la Syrie

Les discussions ont également permis de faire un tour d’horizon de l’actualité politique régionale et d’aborder notamment les derniers développements en Syrie suite à l’annonce du retrait des États-Unis. Le Luxembourg partage avec la Turquie l’objectif de mettre fin à la violence en Syrie, de combattre le terrorisme, de promouvoir la stabilité et de trouver une solution durable au conflit. Toutefois, le ministre Asselborn a fait part de son inquiétude par rapport à une éventuelle opération unilatérale de la Turquie au nord-est de la Syrie, qui pourrait détourner l’action contre Daech et déstabiliser encore davantage une situation déjà extrêmement complexe. «La Syrie a déjà connu trop d’opérations militaires, une solution au conflit ne pourra être trouvée que par la voie diplomatique», a conclu Jean Asselborn. 

Ce mardi, le ministre Asselborn se rendra dans les villes de Gaziantep et Kilis, près de la frontière syrienne, afin d’y rencontrer les autorités locales et visiter divers projets pour réfugiés syriens cofinancés par le Luxembourg pour se rendre ainsi compte de la situation sur le terrain.