Amnesty International évoque «un moment historique où un nombre croissant de personnes se mobilisent pour demander justice», comme lors de la dernière Marche des femmes, aux États-Unis. (Photo: DR)

Amnesty International évoque «un moment historique où un nombre croissant de personnes se mobilisent pour demander justice», comme lors de la dernière Marche des femmes, aux États-Unis. (Photo: DR)

L’année 2017 à travers le monde a été marquée par des discours de haine et de peur qui ont stimulé un nouvel élan de militantisme social, a indiqué ce jeudi Amnesty International dans son rapport annuel sur les droits de l’Homme.

«Ces droits fondamentaux ne peuvent plus être considérés comme acquis, 70 ans après la Déclaration universelle des droits de l’Homme», souligne l’ONG, selon laquelle de nombreux dirigeants ont mené des politiques «rétrogrades» l’année dernière, tandis que les mesures d’austérité et les catastrophes naturelles ont exacerbé la pauvreté et l’insécurité.

Amnesty International, qui a étudié la situation de 159 pays, cite notamment la stigmatisation de catégories entières de la population à travers le monde, l’emprisonnement de journalistes, le contrôle des réseaux sociaux, ou encore les attaques contre les militants des droits de l’Homme.

L’organisation nomme des dirigeants tels qu’Abdel Fattah al-Sissi, Rodrigo Duterte, Nicolás Maduro, Vladimir Poutine, Donald Trump et Xi Jinping, «qui portent atteinte aux droits de millions de personnes».

L’Europe n’échappe pas au phénomène de recul des droits humains décrit par Amnesty, préoccupée par la remise en question des modes de protection existants.

L’organisation s’inquiète, par exemple, de la loi jetant le discrédit sur les ONG qui recevaient des fonds de l’étranger en Hongrie, de la politique de répression en Azerbaïdjan, des menaces qui pèsent sur l’indépendance du pouvoir judiciaire en Pologne, des accords de coopération signés par les États européens avec les autorités libyennes, ou encore des interdictions de manifester justifiées par la lutte contre le terrorisme, notamment en France.

Répondre aux préoccupations des gens

Mais le rapport rappelle toutefois que «les politiques rétrogrades ont incité de nombreuses personnes à rallier des combats menés de longue date», et met en avant des victoires importantes remportées grâce à l’aide des militants des droits humains, telles que la levée de l’interdiction totale de l’avortement au Chili, l’avancée en direction de l’égalité face au mariage à Taïwan et la victoire historique remportée contre la pratique des expulsions forcées à Abuja, au Nigeria, «qui ne sont que quelques exemples».

«Au lieu de tenter de faire taire ceux qui s’expriment haut et fort, les gouvernements devraient répondre à leurs préoccupations», affirme Amnesty International, pour qui il convient d’assouplir les restrictions pesant sur les médias, la société civile et les mécanismes essentiels de contrôle du pouvoir.

 «Nous assistons à un moment historique où un nombre croissant de personnes se mobilisent pour demander justice. Si les dirigeants ne parviennent pas à comprendre ce qui pousse les populations à la contestation, ils courent à leur perte», note encore l’organisation.

Qui conclut: «Les gens ont clairement fait comprendre qu’ils veulent que leurs droits fondamentaux soient respectés, et les gouvernements doivent à présent montrer qu’ils les ont entendus.»