Jonathan Benassaya: «Ici, tout est cadré, tout est légal, tout est facile.» (Photo: FrenchWeb)

Jonathan Benassaya: «Ici, tout est cadré, tout est légal, tout est facile.» (Photo: FrenchWeb)

Monsieur Benassaya, pourquoi avoir choisi le Luxembourg afin d’implanter votre nouvelle plateforme pour l’Europe?
«Franchement, il n’y a pas 50 choix possibles, quand on vient d’une société américaine à vocation internationale et que l’on veut se développer en Europe, dans un domaine de l’IT. Le Luxembourg s’impose assez rapidement. C’est devenu une évidence. Une start-up a besoin, avant toute chose, de stabilité. Sur un plan fiscal et financier, pour l’accompagnement à l’installation et les aides potentielles, pour tout ce qui touche au droit commercial. Pour tout ça, le Luxembourg présente des avantages importants. Vous pouvez ajouter la législation sur la propriété intellectuelle dans le package. Pour nous, il était aussi primordial de disposer d’excellentes infrastructures réseau, pour l’hébergement, la connectivité, la bande passante…

Et tout cela se trouve au Grand-Duché? «Absolument et, n’en déplaise à mes compatriotes français, tout est cadré, tout est légal, évidemment. Et tout est facile. Mener à bien ce projet en France aurait été impensable! Nous étions encore ce matin au ministère luxembourgeois des Médias et des Communications. On est bien accueillis… Il y a ici une compétence, un niveau d’aides important et fiable, un environnement politique stable. Le professionnel peut se focaliser sur son métier et sur son business.

Tout a, semble-t-il, été très vite...
«Nous avons développé le produit Stream Nation aux États-Unis. Le travail a vraiment commencé en janvier dernier. Nous avons eu plusieurs rencontres avec les autorités et des partenaires techniques. Et fin avril, nous avons constitué la société luxembourgeoise. The Digital Nation est enregistrée depuis quelques jours. Et, depuis mardi, la plateforme fonctionne pour l’Europe.

Comment va se développer cette implantation européenne?
«Nous avons un gérant et nous allons recruter au fur et à mesure des besoins. Dans ces métiers du web, on ne devient pas une société gourmande en ressources humaines. On aura une dizaine de personnes à terme. La base luxembourgeoise sera le centre de gestion de paiements, en lien avec PayPal Luxembourg. On y aura les services de comptabilité, le support client, pour assurer la proximité. Nous sommes une PME, qui a besoin de légèreté et de souplesse, pour fonctionner au plus près des besoins et par-delà les fuseaux horaires, en liaison directe avec nos développeurs et techniciens à San Francisco.

D’autres partenariats luxembourgeois à prévoir?
«Telecom Luxembourg Private Operator est notre fournisseur, notre hébergeur, et les capacités évolutives dans le data center de même que le suivi technique sont intéressants. En outre, on peut imaginer, à terme, que la start-up ait besoin de recapitaliser. On pourrait alors envisager des partenariats financiers avec des fonds private equity locaux, par exemple. Nous n’en sommes pas là. The Digital Nation est entièrement détenue par Milestone Project.

Un mot encore sur votre business model et vos cibles?
«Stream Nation est une solution technologique pour la gestion de contenus. Le cloud est déjà très développé mais il y a encore de vrais besoins. Nous proposons une plateforme pour stocker des images, vidéos ou films, de tous les formats. On peut y accéder de partout, à partir des browsers du marché, des tablettes, des applications mobiles. On doit juste encore développer la technologie sous Androïd.

L’avantage majeur, c’est le partage sécurisé et sélectif. Jusque ici, on peut stocker et partager sur Facebook par exemple, mais c’est une vraie passoire. On peut utiliser une dropbox, mais le destinataire peut télécharger le contenu. Stream Nation repose sur le transfert en streaming. Je peux choisir qui consulte et partager le contenu, sans qu’il devienne téléchargeable. C’est une question de maîtrise, de sécurité, de droit à la vie privée… Le modèle est gratuit jusqu’à 10 gigas de contenus. Des systèmes de parrainage permettent de gagner de la capacité. Puis, des formules d’abonnement mensuel ou annuel permettent de gérer davantage, jusqu’à l’illimité à 19 euros par mois. Pour 4 euros, on a jusqu’à 100 Go.

Les cibles, à la base, ce sont les particuliers, les familles. Mais cela peut aussi intéresser des créateurs, musiciens, cinéastes ou agences de communication par exemple, qui peuvent faire partager leurs productions à des prospects sans se faire piquer les images et les droits futurs… Il y a un vrai potentiel.»