Romain Girtgen est un des artistes qui sera exposé dans la chapelle de la charité à Arles. (Photo: Romain Girtgen)

Romain Girtgen est un des artistes qui sera exposé dans la chapelle de la charité à Arles. (Photo: Romain Girtgen)

«C’est dans le TGV, en revenant d’une visite de l’exposition de Lucien Clergue, que nous avons commencé à fantasmer l’idée d’une participation luxembourgeoise aux Rencontres internationales de la photographie d’Arles», introduit Guy Arendt, secrétaire d’État à la Culture. Nous, c’est en fait l’association Lët’z Arles, née du désir d’établir un partenariat entre le Luxembourg et les Rencontres d’Arles, une asbl qui rassemble des professionnels du monde de la photographie partageant la même envie de présenter la scène luxembourgeoise à cet événement-clé que sont les Rencontres.

Un comité de pilotage s’est rapidement mis en place, «composé de personnes de la société civile, comme on dit actuellement, et des institutionnels», explique Florence Reckinger, membre de cette association et par ailleurs présidente de l’Association des amis des musées et dans le CA du Prix Edward Steichen. Cette Arlésienne d’origine est un des moteurs de ce projet. «De la simple envie de participer d’une manière ou d’une autre aux Rencontres d’Arles est finalement né un projet trisannuel, ambitieux et beaucoup plus vaste», explique madame Reckinger. «Grâce à la rencontre que nous avions faite avec Sam Stourdzé, directeur des Rencontres, lors de sa participation au jury du Prix Edward Steichen en 2015, nous avons pu établir un dialogue fructueux.» C’est à cette occasion que le directeur des Rencontres d’Arles a découvert le dynamisme de la scène photographique luxembourgeoise. «Le Luxembourg dispose d’une scène artistique de qualité et d’un écosystème qui lui permet de s’épanouir. Les Rencontres d’Arles vont pouvoir offrir une plateforme pour mieux faire connaître cet écosystème et ces artistes, dont je dois le reconnaître, je ne connaissais que la partie immergée de l’iceberg», avoue Sam Stourdzé.

Une première exposition dès 2017

Grâce à quelques institutions, dont une grande participation et implication du CNA, une première exposition a pu se mettre en place en un temps très restreint. Menée par un groupe de commissaires d’exposition composé d’Anke Reitz et Michèle Walerich du CNA, accompagnées de Paul di Felice, l’exposition «Flux Feelings» ouvrira dès le 3 juillet dans la chapelle de la charité, un lieu central faisant partie du parcours officiel des Rencontres. Construite autour du thème du territoire et de ses multiples interprétations et appropriations, ainsi qu’autour du thème de la lumière, la participation luxembourgeoise se décline en trois parties, dans une scénographie signée par Nico Steinmetz.

Christian Aschman Andres Lejona Michel Medinger 

Photos de gauche à droite: Christian Aschman, Andrés Lejona et Michel Medinger

La première partie est une vitrine de la scène photographique au Luxembourg. Dans une installation spécialement conçue pour l’occasion, sont présentées à la fois des photos d’artistes travaillant au Luxembourg (dont Christian Aschman, Andrés Lejona, Michel Medinger, Sébastien Cuvelier, Patrick Galbats…), mais aussi des œuvres de photographes internationaux issues de collections luxembourgeoises (Mudam, CNA, Fuak, Ville de Dudelange, etc.) ainsi qu’une sélection de livres et de vidéos. Au total, 26 artistes seront représentés dans cette section.

Sebastien Cuvelier

Photo: Sébastien Cuvelier

La seconde partie sera une exposition monographique d’Armand Quetsch, «Dystopian Circles / Fragments…All along», un accrochage repensé de l’exposition présentée dernièrement au CNA.

Armand Quetsch

Photo: Armand Quetsch

Enfin, le troisième et dernier volet est plus performatif: l’artiste Daniel Wagener, dont le travail oscille entre photographie et graphisme, réalisera le stART-up Studio (soutenu par l’Œuvre nationale de secours Grande-Duchesse Charlotte et son fonds stART-up) au cours duquel il réalisera une résidence, puis un atelier éphémère d’édition qui aboutira à un cahier de photographies.

Après les Rencontres, il est prévu que l’exposition «Flux Feelings» revienne au Luxembourg dès le printemps 2018, au Cercle Cité, pour que ceux qui n’auraient pas pu faire le déplacement à Arles puissent également en profiter.

Un partenariat pluriannuel… qui se paie

«Il nous semblait très important de pouvoir nous inscrire dans la durée pour pouvoir correctement soutenir notre scène artistique aux Rencontres», soutient Florence Reckinger. Aussi, un partenariat a été conclu pour trois ans, permettant ainsi au Luxembourg de participer à l’édition anniversaire des 50 ans des Rencontres d’Arles en 2019. «Un grand projet patrimonial est en cours de préparation pour cet événement d’importance», précise-t-elle. Mais cet engagement n’est pas qu’artistique, car il faut de l’argent à la fois pour la production des expositions, mais aussi pour payer le ticket d’entrée en tant que «soutien spécial» aux Rencontres d’Arles, comme il est indiqué sur le site des Rencontres. Un soutien qui, selon nos sources, s’élèverait à 150.00 euros pour 2017, soit plus de la moitié un budget 2017 annoncé à 250.000 euros. En contrepartie, le Luxembourg dispose d’un lieu d’exposition très bien situé dans le parcours, d’une présence dans la communication officielle des Rencontres et surtout offre la possibilité aux artistes luxembourgeois d’être présents à cet événement qui rassemble tous les professionnels du monde de la photographie.

«Nous partons de zéro pour ce qui est du financement», précise Florence Reckinger. «Aussi, nous avons cherché un maximum de partenaires institutionnels et privés. Aujourd’hui, l’apport du secteur public s’élève à 45%, celui du privé à 55%. Nous avons aussi demandé un mécénat de compétence pour mettre sur pied cet événement. Un tiers vient des ministères et des institutions culturelles, les deux autres tiers de partenaires privés. C’est comme cela que nous pouvons compter sur l’aide de Giorgetti pour la construction de la scénographie ou l’aide de Tranelux pour le transport. Comme tout s’est passé très vite, il nous était impossible de faire des demandes de budget correspondant aux calendriers institutionnels. Pour 2018, nous pouvons plus aisément introduire nos demandes de financement et nous espérons ainsi obtenir plus de budget qui pourra nous aider à passer de nouvelles commandes aux artistes.»

L’exposition sera officiellement inaugurée vendredi 7 juillet à 19h30.