Javier Juncadella (Nektria) et Axel Schmiegelow (iTravel) se réjouissent de leur choix de venir au Grand-Duché. (Photo: Maison Moderne)

Javier Juncadella (Nektria) et Axel Schmiegelow (iTravel) se réjouissent de leur choix de venir au Grand-Duché. (Photo: Maison Moderne)

Il n’y aura pas de jaloux. 500.000 euros pour iTravel et 500.000 euros pour Nektria: les deux premières entreprises soutenues par le Digital Tech Fund, présentées ce lundi, partent avec la même enveloppe et un même support en tant que co-leaders d’un tour de table qui, dans les deux cas, a porté sur plus de deux millions d’euros.

Certes, leurs marchés respectifs n’ont rien à voir, si ce n’est dans l’utilisation des technologies de l’information pour le développement de ces business porteurs d’un haut potentiel de croissance. Suffisamment, en tous les cas, pour avoir convaincu les investisseurs.

iTravel ne jure que par le digital

100% digital, c’est justement la façon dont se décrit iTravel, en tant que premier tour-opérateur intégralement actif en ligne. Avec, d’un côté, une vraie relation contractuelle le liant au consommateur à la recherche de vacances sur mesure, et de l’autre, une vraie relation contractuelle avec les prestataires sur place. «Aujourd’hui, plus de 70% des voyages longue distance ou longue durée sont encore réservés en agence, car ils nécessitent des contraintes multiples en termes d’organisation. Nous avons décidé d’y changer quelque chose», a expliqué ce lundi Axel Schmiegelow, le CEO de iTravel.

L’idée est de permettre à l’utilisateur de composer son voyage en effectuant sa recherche pas nécessairement de manière géographique, mais aussi sur base d’expériences qu’il souhaite vivre. «La requête peut être du style: ‘Où rencontrer des éléphants et faire du kitesurf en août.’ C’est typiquement quelque chose que l’on peut demander en agence et maintenant chez nous. Ce n’est pas possible avec les plateformes en ligne traditionnelles de réservation de séjours. Il faut savoir que 60% de nos clients ne savent pas où ils veulent aller géographiquement au moment où ils commencent leur réflexion…»

iTravel, en tant que tour-opérateur, touche donc directement le client, sans intermédiaire. 80% des échanges se font via supports mobiles, et les interactions, par messagerie instantanée avec des vraies personnes de l’autre côté de l’écran. «Nous utilisons des séquences routinées, mais le service client doit se faire de manière humaine, porté par l’efficacité technologique qui permet de rendre ce conseil humain attractif économiquement.»

Au total, iTravel couvre actuellement 64 destinations, ce qui permet quelque 4.600 combinaisons différentes possibles.

Nous n’avons pas trouvé ailleurs une telle population et un tel talent humain facilement multilingue et multiculturel.

Axel Schmiegelow, CEO d’iTravel

Juridiquement parlant, iTravel International GmbH a été constituée au Luxembourg le 28 décembre dernier avec un capital minimal de 12.500 euros, après avoir commencé ses activités outre-Moselle. Mais le premier tour de table réalisé ce printemps a permis à la société de lever plus de 2 millions d’euros, dont un demi-million apporté par le Digital Tech Fund. La société est hébergée au sein de l’incubateur Innohub à Bonnevoie.

Le choix du Luxembourg s’est imposé de lui-même à Axel Schmiegelow, un Franco-Allemand de 45 ans, également associé unique de la société. «L’Europe est la région qui compte le plus de voyageurs qui visitent le reste du monde. Être dans un pays foncièrement européen comme le Luxembourg est logique», a-t-il indiqué ce lundi. «Mais concrètement, nous n’avons pas trouvé ailleurs une telle population et un tel talent humain facilement multilingue et multiculturel. C’est évidemment essentiel pour nous.»

Dans les 12 mois à venir, iTravel, qui souhaite opérer une dizaine de pays européens depuis le Grand-Duché, affiche une croissance multipliée par huit sur les 24 derniers mois. La société table sur une dizaine de recrutements, prémices d’un développement plus large qui pourrait mener, dans les trois années à venir, au déploiement d’un réseau de 150 personnes, dont la moitié employée au Luxembourg. D’autres investissements, de l’ordre de 2,5 millions d’euros, sont également prévus.

Nektria, du Sud au Nord

De son côté, Nektria Luxembourg est plus récente sur la Place, puisque la constitution de Nektria sàrl date du 24 mai dernier, portée par une maison mère espagnole, Nectria, basée à Barcelone. Derrière un objet social un peu obscur en apparence («Le développement de solutions logicielles destinées à répondre aux besoins de consommateurs finaux grâce à des algorithmes exclusifs de gestion des rendements (prix variables en temps réel liés à des créneaux horaires spécifiques), tout en optimisant les itinéraires de livraison pour les opérateurs impliqués (coté offres)») se cache une société de développement de type SaaS (Software as a service) qui vise à révolutionner les processus de logistique et de livraison.

«Quand on pense livraison, on pense consommateur d’un côté et livreur de l’autre. Pour notre part, nous avons pensé ‘modèle de livraison’», explique Javier Juncadella, jeune Barcelonais de 32 ans, CEO de Nektria. «La société se revendique comme étant la première plateforme qui, d’un côté, permet au consommateur final en ligne de choisir avec précision le créneau dans lequel il souhaite être livré, en même temps que nous, de l’autre, proposons aux fournisseurs d’optimiser l’organisation de leurs trajets.»

Nous pouvons disposer d’un partenariat efficace avec l’université.

Javier Juncadella, CEO de Nektria

Et de citer une étude réalisée par le transporteur UPS: plus de la moitié des acheteurs de produits en ligne ont déjà abandonné en cours de route leur processus d’achat en raison d’un manque d’informations ou de possibilités quant à la livraison. «Cela concerne tout aussi bien le prix que le lieu ou la date exacte de la livraison», explique M. Juncadella. Par ailleurs, Entre 25 et 30% des livraisons échouent, ce qui est un taux inacceptable.»

En faisant un «mix du meilleur des humains et des machines», les solutions logicielles proposées par Nektria permettent d’optimiser chacune des étapes de la chaîne d’approvisionnement, depuis la commande passée en ligne jusqu’à la livraison au consommateur. Avec à la clé entre 5 et 10% de décisions d’achats supplémentaires, une réduction de 20% des coûts logistiques et une baisse non négligeable des échecs de livraisons.

«Luxembourg constitue pour nous une localisation idéale, car nous cherchons à recruter des personnes hautement qualifiées en R&D et nous pouvons disposer d’un partenariat efficace avec l’université», se réjouit M. Juncadella.

Nektria vient, elle aussi, de boucler un tour de table à deux millions d’euros (et même 2,07 millions pour être précis), dans lequel Digital Tech Fund a pris 500.000 euros. La société compte boucler le recrutement de ses premiers développeurs en septembre et table sur une dizaine d’embauches dans les 12 prochains mois. 

La société revendique plus de 200.000 commandes déjà opérées et compte parmi ses références des grandes enseignes comme Carrefour ou Dia.

Dans ces deux premiers dossiers, Expon Capital, le gestionnaire du Digital Tech Fund, et les autres parties prenantes ont reconnu unanimement la qualité des services proposés, la position concurrentielle sur le marché et le potentiel de croissance. «Mais nous avons aussi noté le professionnalisme de leurs dirigeants, que nous jugeons à même d’exécuter les promesses annoncées», a ainsi affirmé M. Rodermann, le managing partner d’Expon.