S&P s'inquiète de la trop forte dépendance de l'économie au secteur financier. (Photo: Bengavoice/licence CC)

S&P s'inquiète de la trop forte dépendance de l'économie au secteur financier. (Photo: Bengavoice/licence CC)

Standard & Poor's attribue une perspective négative à la note de crédit du Luxembourg. Les finances publiques du pays restent menacées par une très faible prévision de croissance, évaluée à seulement 0,2 % en 2012 et par la forte dépendance de l'économie au secteur financier.

L'essentiel est préservé. Le Luxembourg, qui avait été placé sous surveillance négative le 5 décembre dernier par Standard & Poor's, garde son précieux AAA. Dans le même temps, les notes de huit pays de la zone euro ont été dégradées, dont celles de la France et de l'Autriche, qui bénéficiaient de la meilleure note possible et ne sont plus évaluées que AA+, un cran en dessous.

Comme le Luxembourg, l'Allemagne (seul AAA dont la perspective reste stable), les Pays-Bas et la Finlande ont été épargnés par l'agence de notation et restent premiers de la classe européenne. La Belgique (AA) n'a pas été sanctionnée non plus, cette fois-ci.

Le Grand-Duché fait donc encore partie du club très fermé des 12 pays notés AAA dans le monde : l'Allemagne, l'Australie, le Canada, le Danemark, la Finlande, la Grande-Bretagne, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas, la Suède, la Suisse, et Singapour.

Mais il y a un bémol puisque Standard & Poor's, qui avait décidé d'abaisser la note des États-Unis l'été dernier, laisse planer une menace sur le Luxembourg en associant une perspective négative à sa note de crédit à long terme. Autrement dit, une dégradation reste possible d'ici à la fin 2013.

Perspectives moroses

« Cette confirmation (de la note AAA, ndlr.) reflète notre opinion que les forces intrinsèques du Luxembourg - un environnement politique stable, le contrôle avéré des finances publiques et la situation financière très saine de l'État - seront suffisantes pour encaisser les chocs externes provenant de la crise actuelle de la zone euro. Selon nous, le Luxembourg a la capacité budgétaire de mettre en œuvre les mesures qui aideront à compenser ces chocs », explique S&P.

Néanmoins, l'agence de notation s'attend à une croissance économique de seulement 0,2 % en 2012, bien loin de cellle établie par le Statec, à 1,4 % pour l'année en cours. « Étant donnée la dépendance de l'économie luxembourgeoise au secteur financier, nous estimons que les perspectives de croissances resteront moroses sur le long terme. De quoi peser sur les finances publiques », poursuit-elle.

L'agence de notation indique qu'elle dégradera la note du Luxembourg « si le secteur financier était susceptible d'être exposé à des risques plus élevés, à une détérioration significative des volumes dans un environnement plus compliqué sur les marchés de capitaux ».

Tant les organisations patronales que syndicales trouveront des arguments dans l'analyse de Standard & Poor's sur l'état du pays. Les partisans de réformes urgentes avanceront que le risque d'une perte du AAA est réel, les défenseurs du statu quo que le Luxembourg reste dans l'élite financière européenne.

S&P a aussi prévenu que le FESF (Fonds Européen de Stabilité Financière) perdrait également son AAA dans les prochains jours en raison de la dégradation de la France et de l'Autriche, sauf si l'Allemagne, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas, les derniers AAA de la zone euro, acceptaient d'augmenter leur participation dans cette structure de soutien aux pays en difficultés de la zone euro, établie au Luxembourg.

« Nous confirmons de nouveau la détermination inflexible des États membres de la zone euro de faire ce qu'il faut pour surmonter la crise, assainir les finances publiques, renouer avec la croissance et les créations d'emploi », a commenté Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe.