Paperjam.lu

 

Le Luxembourg pays de Cocagne de l'audiovisuel' Nous nous sommes posés la question' et nous les avons posées à Guy Daleiden et toute son équipe du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle. Le Fonspa a pour mission de mettre en pratique l'ensemble de la politique de soutien du Gouvernement au secteur de la production audiovisuelle. Voici une synthèse de leurs réponses. 

Quelles aides de l'Etat à la production'

Il existe actuellement deux types d'aides: les aides financières sélectives (AFS) et les certificats d'investissement audiovisuel (CIAV). Toutes les deux sont administrées par le Fonspa.

Les AFS permettent de soutenir les productions grâce à des avances sur recettes (il ne s'agit donc pas d'une subvention). En 2001, 76 millions de LUF sont disponibles. Ces aides doivent aider le développement (écriture de scénario, recherche de partenaires), la production et la distribution internationale. En 2000, ce sont 6 longs métrages, 3 documentaires, 3 moyens métrages, 3 courts métrages de fiction qui ont été soutenus.

Les CIAV sont destinés à favoriser l'investissement dans une production audiovisuelle. Ainsi, grâce au mécanisme financier des certificats d'investissement audiovisuel, les sociétés de production agréées au Luxembourg peuvent récupérer - à la fin d'une production - une partie de leur investissement, sur base des dépenses effectuées lors de la production de l'oeuvre. Le total de la valeur faciale des CIAV émis était d'environ 1,5 milliards de LUF en l'an 2000, soit, pour le trésor public, une moins-value fiscale d'environ 450 millions LUF (si l'on considère 30%, taux d'imposition maximal des sociétés). Cette moins-value fiscale est cependant compensée, en partie, par des retombées pour l'économie nationale. Une évaluation réalisée par le Service des Médias et des Communications avec le concours du STATEC et de l'IGF permet de conclure qu'environ la moitié du montant investi par l'Etat retourne directement dans les caisses du trésor public par le biais d'impôts et de prestations de services, etc.

Les films luxembourgeois

s'exportent.

L'année 2000 a en effet vu plusieurs films luxembourgeois à l'affiche des grands festivals internationaux. Plusieurs nominations et prix témoignent de la qualité cette production grand-ducale. paperJam s'était ainsi fait l'écho de la première nomination aux Oscars d'un film coproduit avec le Luxembourg (Shadow of the vampire).

Il faut également souligner que le pays tient à s'intégrer à une démarche européenne. En effet, le Luxembourg a entamé en 2000 l'élaboration d'un accord de coproduction avec la France qui sera signé par Mme Tasca et M. Biltgen lors du festival international de Cannes en mai 2001. Cet accord est destiné à favoriser et à promouvoir la création de coproductions entre le Luxembourg et la France.

eLuxembourg également pour la production audiovisuelle?

Le programme eLetzebuerg constitue la réponse du Gouvernement aux défis lancés par l'émergence de la société de l'information. Au niveau européen, des aides en faveur du contenu numérique sont prévues à travers le programme communautaire eContent. Néanmoins, il n'existe pas encore d'interaction directe avec les missions du Fonds. Toutefois la loi sur les certificats d'investissement audiovisuel permet également de soutenir tous les projets de création de contenu audiovisuel quel que soit le support choisi. De fait, des projets multimédias et autres contenus audiovisuels en ligne pourront en bénéficier, pour autant que ceux-ci soient conformes aux dispositions de la loi.

Vers la création d'un fonds de garantie?

Le Luxembourg s'était, lors de sa dernière Présidence de l'Union européenne en 1997, beaucoup investi pour créer au niveau communautaire un fonds de garantie pour les productions audiovisuelles. À l'époque, les réticences de certains pays membres ont fait que ce système n'a pas pu voir le jour.

Aujourd'hui, la Commission Européenne, la Banque Européenne d'Investissement (BEI) et le Fonds Européen d'Investissement (FEI) viennent de relancer l'idée d'impliquer le secteur financier dans l'investissement dans la production audiovisuelle. En effet, ils viennent ensemble d'engager différentes actions destinées à renforcer la compétitivité de l'industrie audiovisuelle et de favoriser le développement de contenus audiovisuels européens.

Pour le Luxembourg, le Gouvernement s'est dit prêt à étudier, dans le cadre de la réforme fiscale, toute proposition de création d'un mécanisme de «venture capital» pour le secteur de la production audiovisuelle.

Dix ans de développement

En 1983, année de sortie du premier long métrage luxembourgeois «Congé Fir e Mord», alors que le cinéma était presque centenaire, le secteur de la production audiovisuelle est inexistant au Luxembourg. Depuis, les choses ont bien changé. Fin 1989 le parlement adopta la loi instaurant un régime fiscal temporaire spécial pour les certificats d'investissement audiovisuel et 1990 vit la création du Fonds national de soutien à la production audiovisuelle.

Aujourd'hui, on dénombre 245 projets audiovisuels de tous genres réalisés avec une aide d'Etat (CIAV et/ou AFS). Les longs métrages viennent au premier rang, suivis dans l'ordre par les documentaires, les moyens métrages et les courts métrages. On recense au Luxembourg une quarantaine de sociétés actives dans le secteur, dont 15 sont agréées dans le cadre de la loi «CIAV»: 5 studios d'animation, 24 sociétés de production dont 2 studios de tournage, 5 sociétés de post-production et 4 sociétés spécialisées dans le multimédia. Le site audiovisuel fait travailler actuellement environ 500 techniciens. L'animation à elle seule emploie quelques 250 personnes.

Avec la mise en place d'infrastructures de production et de post-production, ainsi que l'établissement de plusieurs sociétés de production et de services audiovisuels, le site luxembourgeois, qui jadis était essentiellement axé sur des activités de diffusion a connu une véritable diversification

De plus, outre les retombées pour l'économie luxembourgeoise (sociétés de services, hôtellerie, etc.), on ne doit pas oublier le savoir-faire et le professionnalisme que les cinéastes locaux ont réussi à acquérir au fil des dix dernières années. De nouveaux emplois sont créés, l'image du Luxembourg comme pays créatif et culturellement actif en profite, bref le bilan est positif. «