«Le Luxembourg est un pays en mutation. La France ne nous fait pas la meilleure publicité notamment en ce qui concerne la finance. Mais ne vous fiez pas aux clichés. Apprenez plutôt à nous connaître. Venez nous rendre une petite visite. Les chemins sont courts au Luxembourg.»
C’est en substance le message vidéo que Xavier Bettel a tenu à adresser aux étudiants d'HEC, le 12 février, à l’occasion de la journée organisée au sein de la grande école par HEC Alumni Luxembourg. Un message de «bienvenue» que s’est également attachée à relayer la délégation grand-ducale qui avait fait le déplacement. «Globalement, ce sont 80 personnes qui se sont mobilisées», se félicite Nicolas Henckes, le président d’HEC Alumni Luxembourg qui est à l’initiative de cette opération. Des représentants de 16 entreprises grand-ducales, mais également Paul Dühr, l’ambassadeur du Luxembourg à Paris, et Nicolas Mackel, le CEO de Luxembourg for Finance, sont montés au créneau.
C’est dans les locaux d’HEC Alumni, en face du Grand Palais, qu’ont débuté les festivités avec une conférence destinée aux anciens d’HEC, aujourd’hui cadres ou dirigeants d’entreprise sur Paris avant de se poursuivre au sein même de l’école, à Jouy-en-Josas, avec une conférence, des workshops et des stands.
Au-delà des clichés
Du côté d’HEC Alumni Luxembourg, l’accent a bien entendu été mis sur ce qu’est aujourd’hui le Grand-Duché, au-delà des clichés évoqués par le Premier ministre. «La place financière a deux images. Il y a celle véhiculée par la presse (française) et les politiciens (souvent français) qui s’attachent à relayer des clichés qui trouvent leurs racines dans un péché originel: le secret bancaire. Et une autre image, celle qu’en ont les professionnels du secteur financier qui hissent le pays parmi les centres financiers les plus performants au monde, le 1er à l’échelon de l’eurozone», a notamment précisé Nicolas Mackel. «Aux premiers, je rappelle tout de même que depuis 2009, le Luxembourg s'est engagé dans la voie de la transparence. Et malgré cela, le nombre de banques a progressé et les actifs sous gestion des fonds d’investissement ont été multipliés par deux.»
«Si la finance tient une place importante dans le PIB, le Luxembourg poursuit une politique de diversification dans des secteurs comme la santé/biotechnologies, les TIC, les matériaux, les équipements et services au secteur automobile, le spatial et la logistique via des clusters. Pour avancer, nous avons besoin de main-d’œuvre, de partenaires et de créateurs d’entreprise. Des porteurs de projet et des investisseurs que nous invitons à nous prendre au mot et à nous tester. Au Luxembourg, les procédures sont courtes et le ministre de l’Économie vous donne son numéro de portable pour que les choses avancent rapidement», a quant à lui notamment précisé Paul Dühr, lors de son intervention.
Du discours aux actes… «J’ai envoyé un e-mail, un jour à 5 heures du matin pour prendre contact avec l’ambassade du Luxembourg à Paris. Dans l’après-midi, j’avais un premier retour. Trois semaines après, le dossier était bouclé. Et j’ouvre prochainement un centre de recherche en intelligence artificielle et sa filiale e-commerce, au Grand-Duché. En France, on vous taxe avant même de commencer à travailler. Au Luxembourg, tout est fait, avant tout, pour vous accompagner et faciliter votre installation. Pour un Français, c’est un vrai choc culturel», a témoigné Fabien Pedezert, le patron d’Arrakys, une société pour l’heure installée à Saint-Malo.
Attirer de la matière grise
Le message est-il passé? Oui à en croire les réactions glanées ici et là parmi les étudiants et les anciens diplômés. «Le Luxembourg fait effectivement partie des pays qui m’intéressent. Pour deux raisons. La première, j’ai le sentiment que c’est une économie qui a compris les enjeux à venir. Secundo, la capitale grand-ducale semble offrir une qualité de vie plus agréable que Londres ou Paris. La vie y semble moins stressante. Je suis de retour d’une mission économique en Chine et je vais profiter de mon retour en Europe pour visiter les différentes capitales susceptibles de m’intéresser. Je passerai par Luxembourg, avant de me décider», confie Eugénie Dufour, diplômée HEC. Quoi qu’il en soit, l’opération est d’ores et déjà un succès. Plus de 300 étudiants ont fait le déplacement pour faire le plein d’informations et de conseils, avec, pour beaucoup d’entre eux, un CV en poche. «Il y a assurément de l’intérêt de la part des étudiants pour le pays. C’est une bonne nouvelle. Le monde financier a évolué et, en ce qui nous concerne, nous avons besoin d’attirer de la matière grise », explique Pascal Martino, partner advisory & consulting chez Deloitte, qui a fait le déplacement à Paris. «C’est également l’occasion de balayer d’autres clichés qui veulent que les Big Four ne soient actifs que dans l’audit alors que nous déployons toute une palette de services», ajoute Julien Froumouth, senior manager advisory & consulting, également chez Deloitte.
«Il est difficile de mesurer l’impact de ces rendez-vous dans la durée. Mais entre la précédente édition que nous avions organisée, en 2013, et aujourd’hui, le nombre de diplômés de HEC, actifs au Luxembourg, est passé de 210 à 260. J’espère que la tendance va se confirmer dans les années à venir», conclut Nicolas Henckes.