L’ambitieuse Ispace a un rêve. Celui d’alimenter un jour en carburant les fusées dans l’espace depuis une base sur la lune.
Cette start-up japonaise, spécialisée en microrobotique, s’est installée au Luxembourg en 2016 dans le cadre de l’initiative gouvernementale Spaceresources.lu.
Elle envisagerait de créer du carburant sur la lune, via la décomposition de l’eau, en hydrogène et en oxygène. «Nous développons des technologies spatiales dans le but de trouver de l’eau sur la lune et l’exploiter à terme, comme la loi luxembourgeoise nous le permet», explique à Paperjam Maia Haas, responsable de la communication chez Ispace Europe.
Mais ce n’est pas tout. La base lunaire serait aussi habitable. «Elle devrait accueillir 1.000 résidents et 10.000 visiteurs ponctuels à l’horizon 2040.»
Un détecteur développé par les chercheurs du List
Pour conquérir la lune et détecter la présence d’eau dans un premier temps, Ispace a développé un microrobot rover à quatre roues et s’est associée également au List (Luxembourg Institute of Science and Technology).
Et ce n’est pas un hasard. Dans les laboratoires de l’institut public de recherche luxembourgeois, une équipe de scientifiques travaille depuis de longues années au développement d’un détecteur appelé spectromètre de masse, utile dans divers domaines, dont la santé et les nanoanalyses – l’analyse de l’infiniment petit.
«Depuis 2016, date du début de la collaboration entre le List et Ispace, nous travaillons également sur le développement d’un spectromètre de masse spécifique au domaine spatial et qui sera intégré au microrobot rover d’Ispace», explique le docteur Tom Wirtz, chef du groupe de recherche AINA au département MRT – Materials Research and Technology – du List, et présent ce mercredi matin à la présentation de l’état d’avancement du programme dans les locaux d’Ispace à Luxembourg.
«Après deux ans d’études de faisabilité sur le spectromètre de masse compatible avec les contraintes du spatial, nous pouvons dire aujourd’hui que nous entrons dans la phase de prototypage du détecteur», ajoute le scientifique.
«La phase suivante sera donc dédiée à la phase de prototypage du spectromètre de masse complet et aux tests en conditions réelles, à savoir dans des conditions de température et rayonnement propres au milieu spatial. Les tests comprennent également la mesure de la résistance aux vibrations lors du lancement, notamment.»
Ce détecteur, développé par le List, équipera le rover mobile conçu par Ispace d’ici septembre 2020. Mais pour l’heure, aucune date de lancement sur la lune n’est encore prévue pour ce projet subventionné par le FNR à hauteur de 499.470 euros et financé sur fonds propres aussi par Ispace.
Premier voyage lunaire
Ce qui est certain, c’est qu’en 2020, la start-up effectuera son premier voyage sur la lune, en partenariat, cette fois, avec Space X. «Nous avons mis au point un rover et un lander qui seront envoyés en orbite en 2020 dans le but de collecter des données sur la surface de la lune», annonce Maia Haas.
«En 2021, le lander, ou atterrisseur lunaire – équipé d’un rover –, se posera sur la lune dans le but d’apporter des images et de tester notre technologie dans un premier temps.»