Gerard Lopez: «Il est toujours surprenant de voir un petit pays comme le Luxembourg participer à des prises de décision importantes, notamment au niveau de l’Europe.» (Photo: Luc Mullen-Berger)

Gerard Lopez: «Il est toujours surprenant de voir un petit pays comme le Luxembourg participer à des prises de décision importantes, notamment au niveau de l’Europe.» (Photo: Luc Mullen-Berger)

Monsieur Lopez, votre travail contribue au rayonnement à l’international du Luxembourg. Quand en avez-vous pris conscience pour la première fois?

«En 2005, à Davos. J’avais déjà eu l’occasion, auparavant, de participer au Forum et d’y rencontrer des gens avec la ‘carte Luxembourg’, mais c’est cette année-là que la dimension ‘Rout-Wäiss-Blo’ a eu le plus d’impact en ce qui me concerne. C’était avec Skype: les gens se sont rendu compte que Skype était une vraie société luxembourgeoise et pas simplement une boîte postale.

Il n’y avait pas que les fonds qui étaient à Luxembourg, mais aussi les personnes qui prenaient les décisions. Tout cela faisait que Skype était une société luxembourgeoise, avec des fonds luxembourgeois, une prise de décision luxembourgeoise… Nous écrivions une success-story luxembourgeoise et c’est la première fois que j’ai réellement pris conscience du rayonnement et de l’impact que cela pouvait avoir.

Comment se positionne le savoir-faire luxembourgeois en matière d’investissement et d’entrepreneuriat à l’international?

«Il est clair que le Luxembourg est connu – et reconnu – comme plateforme très solide pour établir des fonds d’investissement, faire passer des flux financiers, structurer des sociétés. Mais ce n’est pas nécessairement un hub où vont s’installer les décideurs. Il faut faire en sorte que les personnes viennent au Luxembourg, pas simplement leur fonds d’investissement… En termes d’entrepreneuriat à l’international, c’est pareil. Nous avons des success-stories, comme Skype ou SES.

Il y a quelques semaines, lors d’un de mes déplacements aux États-Unis, je me suis rendu compte que mes interlocuteurs ne savaient pas qu’il s’agissait de deux start-up ‘luxembourgeoises’… Il reste beaucoup de chemin à parcourir pour promouvoir les succès luxembourgeois qui, d’autre part, sont encore trop rares.

Peut-on parler d’un savoir-faire typiquement luxembourgeois dans ces domaines?

«On peut parler d’une base solide, mais pas d’un savoir-faire typiquement luxembourgeois, du moins au niveau de la perception. Tout simplement parce qu’on ne communique pas assez bien ou de façon suffisamment précise et ciblée. Comme je viens de le dire, il est surprenant de constater que la Société européenne des satellites, quoique leader mondial, soit tout sauf ‘luxembourgeoise’ aux yeux de nombreuses personnes. Il y a un problème de communication, sur lequel le gouvernement travaille actuellement.

Se pose aussi un problème d’entrepreneuriat, lié à ce que j’appellerais ‘l’effet luxembourgeois’: on trouve, d’un côté, un taux de chômage assez faible (surtout parmi les gens parlant le luxembourgeois ou étant de nationalité luxembourgeoise) avec une intégration sur le marché de l’emploi relativement aisée et, de l’autre côté, un pool insuffisant d’entrepreneurs devant servir d’exemple. Il faut donner envie aux jeunes, pas seulement à 17-18 ans, mais dès 12, 13 ou 14 ans, quand ils sont les plus influençables. Pour créer enfin ce fameux savoir-faire luxembourgeois!

Luxembourg est un pays... fiable, dynamique et ouvert. Reconnaissez-vous le Luxembourg dans ces mots-clés retenus par le gouvernement?

«Fiable, certainement. Dynamique – oui, par à-coups. Dynamique parce que c’est un pays dont le gouvernement et la structure de gestion sont assez petits, donc aptes à réagir rapidement face à certaines situations. Ouvert – oui, mais le Luxembourg devrait l’être encore plus! 

Que vous disent vos interlocuteurs à l’étranger sur le Luxembourg?

«C’est ‘le’ plus grand problème de notre pays, encore à l’heure actuelle: les raccourcis qui sont faits entre Luxembourg, marchés financiers, secret bancaire, etc. En termes d’image, le pays est cantonné – un peu comme la Suisse avec le chocolat et les montres – à un genre de ‘safe harbour’ très sûr, joli, propre, multilingue, etc. Tout tourne autour d’une seule industrie, celle de la finance. Souvent de manière positive, mais, malheureusement, pas toujours… Le Grand-Duché a beaucoup plus à offrir et devrait en offrir encore davantage!

Celebrating Luxembourg

Et qu’est-ce que vous leur répondez pour leur donner envie de visiter le Luxembourg?

«Il y a plusieurs réponses, car notre pays a énormément de facettes. Sur le plan touristique, nous avons la chance d’avoir une belle capitale avec de beaux bâtiments anciens, une nature magnifique dans le nord, un riche patrimoine industriel dans le sud… On peut découvrir beaucoup de choses sur un espace très réduit. C’est aussi un excellent point de départ pour aller voir ce qui se passe autour. Si vous venez au Luxembourg, vous pouvez aussi aller visiter l’Allemagne, la France, la Belgique… la Hollande aussi. S’agissant du business, je dis à mes interlocuteurs qu’au Luxembourg, on peut ‘monter’ des choses de manière efficace parce que les chemins de décision sont courts – une caractéristique souvent mise en avant, mais dont pas assez de personnes profitent…

À quelle occasion avez-vous pu particulièrement être fier du Luxembourg?

«Récemment, après le 0-0 du Luxembourg face à la France! Plus sérieusement, il est toujours surprenant de voir un petit pays comme le Luxembourg participer à des prises de décision importantes, notamment au niveau de l’Europe. Je pense que c’est quelque chose dont le pays peut être fier.»

L’aventure #CelebratingLuxembourg continue sur celebratingluxembourg.com pour découvrir toutes les personnalités.