À l'heure actuelle, il y a 400 déboutés qui, de manière plus ou moins justifiée, continuent d’occuper des places dans des centres d'accueil du gouvernement. (Photo: Maison moderne / archives)

À l'heure actuelle, il y a 400 déboutés qui, de manière plus ou moins justifiée, continuent d’occuper des places dans des centres d'accueil du gouvernement. (Photo: Maison moderne / archives)

L’intervention de la police grand-ducale suite à une altercation entre migrants dans le hall 6 de Luxexpo, à la mi-janvier, a été l’étincelle qui a enflammé le débat sur l’organisation de l’accueil des migrants. Car si la gestion de l’afflux de réfugiés venant de Syrie en 2015 a été remarquable, selon les organisations humanitaires, il faut aujourd’hui en revoir les méthodes.

Et le temps presse. «Il ne reste plus que 700 à 800 places libres dans nos foyers, sur les 4300 disponibles. Quand on sait qu’environ 200 nouveaux demandeurs d’asile arrivent pas mois, ça ne nous laisse pas beaucoup de temps», confie l’Office luxembourgeois de l’accueil et de l’intégration (Olai).

Le ministre des Affaires étrangères sera amené à s'exprimer sur le sujet ce mercredi en séance plénière à la Chambre. Jean Asselborn défendra d'une part un projet de loi transposant une directive européenne et d'autre part clarifiera la gestion de l'accueil des demandeurs d'asile déboutés dans le hall 6 de Luxexpo.

Démasquer les abus

Un sujet qui suscite divers prises de positions dans les rangs politiques. La ministre de la Famille, n'avait pas mâché ses mots. Dans une interview à nos confrères de RTL, le mois dernier, Corinne Cahen a en effet estimé que «ceux qui ne sont là que pour profiter du système n'ont pas leur place au Grand-Duché». Elle faisait notamment allusion aux migrants qui ont enregistré une première demande d'asile dans un autre pays européen et viennent tenter une nouvelle fois leur chance au Grand-Duché. Sous le coup du «Règlement Dublin III», le Luxembourg a la possibilité de les renvoyer sans autre forme de procès dans ce premier pays.

«Il y a beaucoup de faux réfugiés qui n’ont pas besoin de protection mais essaient d’obtenir ce statut en frappant à la porte de plusieurs pays européens», a confirmé à Paperjam une source proche du dossier. «Certains essaient même de fuir des problèmes de justice dans leur pays d’origine et cherchent à se faire oublier.»

À la Croix-Rouge, qui gère près de la moitié des foyers d’accueil de l'Olai, soit environ 2.000 lits, on pèse plus ses mots. «Nous ne sommes pas ici pour juger ces gens-là, mais nous partageons le constat des politiques que tous les demandeurs de protection internationale ne peuvent pas bénéficier des mêmes moyens d’accueil», explique le directeur général adjoint de la Croix Rouge luxembourgeoise, Marc Crochet. Et d’ajouter: «Il faut privilégier ceux qui fuient la guerre.»

Imposer les retours en douceur

À l'heure actuelle, il y a 400 déboutés qui, de manière plus ou moins justifiée, continuent d’occuper des places dans ces centres du gouvernement. Mais la surcharge des capacités d’accueil s’explique aussi par d'autres facteurs. La difficulté de trouver un logement pour les familles ayant obtenu leur statut de réfugié, par exemple. Le prix élevé des locations et la réticence des propriétaires de louer leurs biens à des étrangers en situation précaires, même s’ils bénéficient généralement du revenu minimum garanti (RMG), en est la principale raison. Il y a ensuite le refus de plusieurs communes d’accueillir sur leur territoire des «villages conteneurs», ces centres d’accueil de grande capacité que le gouvernement souhaite construire.

Conscient de ces difficultés, le ministère des Affaires étrangères, en charge de la gestion administrative des migrants, a décidé de transformer le hall 6 de Luxexpo en «structure de retour». Ouvert en octobre 2015 pour accueillir les nouveaux arrivants, cet espace sera donc désormais réservé aux déboutés, dans l'attente de leur renvoi.

Le ministère s’est toutefois défendu de vouloir recréer un centre de rétention, comme celui du Findel qui accueille déjà des demandeurs qui doivent être renvoyés. «La rétention et le retour forcé sont en principe à éviter dans la mesure du possible et ne constituent que des mesures de dernier ressort. Ainsi sur un total de 569 personnes retournées au courant de l’année 2016, 456 personnes (80%) ont opté pour un retour volontaire», a précisé lundi le ministère dans un communiqué, en réponse au Commissaire aux droits de l'Homme du Conseil de l'Europe. Le hall 6 de Luxexpo sera donc géré en régime semi-ouvert. Pour le reste, Jean Asselborn a promis d’en dire plus mercredi devant la Chambre des députés.