Face à une concurrence de plus en plus accrue entre les pays, voire les villes, les sommes qui peuvent être débloquées par le Digital Tech Fund sont trop faibles pour attirer des start-up étrangères à fort potentiel, estiment les dirigeants d’Expon Capital. (Photo: Licence C. C.)

Face à une concurrence de plus en plus accrue entre les pays, voire les villes, les sommes qui peuvent être débloquées par le Digital Tech Fund sont trop faibles pour attirer des start-up étrangères à fort potentiel, estiment les dirigeants d’Expon Capital. (Photo: Licence C. C.)

«En proportion du nombre d’habitants, ce fonds pèserait 2 milliards d’euros en France, ce qui est énorme. Mais 20 millions d’euros, ça reste une petite somme pour espérer attirer des start-up étrangères à fort potentiel au Luxembourg.»

Alain Rodermann, founding partner chez Expon Capital, la société de capital-risque en charge de la gestion du Digital Tech Fund, cherche à convaincre ses investisseurs de s’engager davantage. L’enveloppe prévue lors du lancement du fonds d’amorçage public-privé pourrait, par exemple, être revue pour que l’initiative porte pleinement ses fruits, propose-t-il.

«Nous sélectionnons en moyenne une entreprise pour 80 dossiers analysés, ce qui représente un taux de sélection 10 fois plus faible que si nous n’avions pas de contrainte géographique», argumente-t-il. «En d’autres termes, nous n’avons pas beaucoup de choix.»

Une concurrence accrue

Car la contrainte principale du Digital Tech Fund est que les start-up dans lesquelles il investit doivent être établies au Luxembourg. Un exercice possible, mais compliqué. L’écosystème luxembourgeois ne dispose pas encore d’un nombre critique de start-up pour espérer trouver suffisamment de pépites prometteuses au sein du vivier local.

La deuxième option est d’en attirer de l’étranger. Mais face à une concurrence de plus en plus accrue entre les pays, voire les villes, les sommes qui peuvent être débloquées par le Digital Tech Fund sont trop faibles, estime Alain Rodermann.

«Nous sommes en train de discuter de cette question avec les investisseurs, car la situation a changé depuis la création du fonds. Aujourd’hui, une start-up américaine qui souhaite s’installer en Europe a bien plus de choix, et les sommes que l’on propose ne sont pas un argument suffisant», ajoute-t-il.

Un bilan provisoire «dans les clous»

Lancé en avril 2016, le Digital Tech Fund – il rassemble entre autres le ministère de l’Économie, la Société nationale de crédit et d’investissement (SNCI), l’Université du Luxembourg, Post, la Bil, SES ou encore Proximus – bénéficie d’une enveloppe de 20 millions d’euros et a pour objectif de financer entre 15 et 20 start-up luxembourgeoises sur une période de 6 ans.

Le montant maximum qui peut être investi dans une entreprise est de 1,6 million d’euros.

Malgré toutes ces contraintes, le fonds d’amorçage affiche un portefeuille d’investissement déjà très intéressant. En 2017, il a investi un demi-million d’euros dans la start-up d’origine espagnole Nektria, spécialisée dans la logistique, et une somme identique dans l’allemande iTravel, qui ambitionne de devenir le tout premier tour-opérateur intégralement digital.

Si nous ne grossissons pas, nous ne pourrons qu’avoir des ambitions limitées dans l’attrait de start-up étrangères.

Alain Rodermann, founding partner chez Expon Capital

En début d’année, c’est une luxembourgeoise spécialisée dans l’intelligence artificielle au service de l’industrie, Wizata, qui a reçu le soutien du fonds. Là aussi à hauteur de 500.000 euros. Plus récemment, la française Finarta a rejoint le groupe, mais pour une somme qui n’a pas été dévoilée.

«S’il fallait faire un premier bilan, on peut dire que nous respectons pour l’instant les objectifs que nous nous étions fixés», assure Alain Rodermann. Avant de rappeler: «Mais si nous ne grossissons pas, nous ne pourrons qu’avoir des ambitions limitées dans l’attrait de start-up étrangères.»