Pour Jean Diederich, le président de l’Apsi, le digital n’est pas une priorité pour les associations professionnelles au Luxembourg. (Photo: Maison moderne / archives)

Pour Jean Diederich, le président de l’Apsi, le digital n’est pas une priorité pour les associations professionnelles au Luxembourg. (Photo: Maison moderne / archives)

Monsieur Diederich, pourquoi l’Apsi a-t-elle décidé d’intégrer Digital Europe?

«Cela fait un certain temps que nous réfléchissons à la meilleure façon pour le Luxembourg de constituer un écosystème bénéfique pour le développement de l’industrie numérique, un peu comme le fait l’industrie des fonds d’investissement avec l’Alfi. Nous pensons qu’il est important de se détacher de problématiques purement nationales pour voir un peu plus loin.

Digital Europe est un lobby très puissant qui se focalise d’abord sur les ‘policies’ européennes sans considérer les intérêts locaux de chacun. La volonté de l’Apsi en adhérant à Digital Europe est donc de sortir les dimensions politiques du secteur digital au Luxembourg.

Pensez-vous que les questions qui tournent autour du numérique sont trop politisées au Grand-Duché?

«Oui. Qu’il s’agisse des syndicats ou des partis, le digital est utilisé pour servir des intérêts politiques. Pour ceux qui représentent les salariés, il doit faire peur; pour ceux qui représentent les entreprises, il doit être mis en avant.

Il y a beaucoup de discussions, mais peu d’actions concrètes.

Jean Diederich, président de l’Apsi

Même au sein du gouvernement, il y a des agendas différents: celui du Premier ministre, celui du vice-Premier ministre, celui du ministre des Finances… Cela est malsain pour le milieu dans son ensemble. Il y a beaucoup de discussions, mais peu d’actions concrètes.

Il existe plusieurs associations qui représentent les intérêts de l’industrie du numérique au Luxembourg. Êtes-vous sûr de représenter les intérêts de l’ensemble des acteurs au sein de Digital Europe?

«Nous représentons les intérêts de nos 80 membres. Mais plus largement, l’idée est de devenir le pont entre l’Europe et le Luxembourg. Nous ne marchons sur les plates-bandes de personne, et notre intérêt est de faire avancer le Luxembourg sur le digital en élargissant la perspective à l’échelle européenne.

Le digital n’est pas une priorité pour tout le monde.

Jean Diederich, président de l’Apsi

Même au sein de la plateforme ICT Luxembourg, qui regroupe les différentes sections digitales des associations professionnelles, il y a des désaccords. Chacun défend ses propres intérêts, et les préoccupations sont généralement celles du patronat traditionnel. On sent bien que le digital n’est pas une priorité pour tout le monde.

Vous allez donc faire du lobbying au niveau européen en portant la voix du Luxembourg?

«Oui. En intégrant Digital Europe, nous nous retrouvons aux côtés d’acteurs comme Bitkom, qui représente 80% de l’industrie digitale de l’Allemagne. Nous jouons dans la cour des grands, et cela nous donne plus de poids.

C’est une chance pour tout le pays et un énorme challenge pour nous.

Jean Diederich, président de l’Apsi

De plus, nous allons avoir accès à de grandes entreprises partenaires de l’association, comme Airbus, Adobe ou SAP, qui ne disposent pas de centres de décision ici. C’est donc une chance pour tout le pays et un énorme challenge pour nous. L’Apsi reste l’Apsi, mais au sein de Digital Europe, nous avons voulu un nom et un logo plus modernes. Nous serons donc Digital1st.lu.»