Les panneaux «merci» destinés aux militants pour célébrer une victoire aux Rotondes n’ont pas été utilisés. (Photo: Anthony Dehez / archives)

Les panneaux «merci» destinés aux militants pour célébrer une victoire aux Rotondes n’ont pas été utilisés. (Photo: Anthony Dehez / archives)

Certains réveils sont plus douloureux que d’autres. Pour le CSV, le matin du 15 octobre a été difficile. La reconduction de la coalition DP-LSAP-Déi Gréng est à la une des médias et leur maintien dans l’opposition semble inéluctable. Quelques heures plus tôt, aux Rotondes, les panneaux «merci» destinés aux militants pour célébrer une victoire n’ont pas été déballés. Même s’il restait le principal parti du pays, son président, Marc Spautz, reconnaissait la montée des Verts et des Pirates lors de ces élections législatives bien compliquées pour les chrétiens-sociaux. Resté silencieux toute la soirée, le chef de file et prétendant au poste de Premier ministre, Claude Wiseler, estimait que le pays avait besoin d’un gouvernement fort.

Le mantra du CSV était simple: afficher une disponibilité pour entrer dans une négociation et miser sur l’échec des discussions pour une Gambia 2. «Le CSV est légitime pour faire partie des négociations de coalition, en tout cas, plus que certains», déclarait Claude Wiseler le 18 octobre dans une première analyse à froid des résultats électoraux. En ligne de mire: le LSAP, qui recule de trois sièges, et sa tête de liste nationale, le vice-Premier ministre sortant, Étienne Schneider, «qui obtient moins de voix que Paul Galles», le dernier des sept candidats CSV élus dans la circonscription. 16.872 voix pour l’un, 16.942 voix pour l’autre.

La réconciliation avec les socialistes s’annonce longue, pour autant que les partis et leurs leaders le souhaitent.La préférence du CSV s’oriente donc vers le DP, «dont le programme est plus facilement compatible avec notre vision de l’avenir du pays, des compromis seront plus faciles à trouver», précisait encore Claude Wiseler.

Sièges mouvants

Après cinq ans d’opposition forcée, le voilà de nouveau débordé par les trois mêmes partis. Le CSV a pourtant laissé toute une série d’options ouvertes durant la campagne, ne souhaitait pas tracer de ligne rouge et se positionnait dans un – large – centre, selon son secrétaire général, Laurent Zeimet. Pour la première fois depuis les années 80, le parti a dû mener campagne sans le très populaire Jean-Claude Juncker (jusqu’en 2013) et ses 55.000 voix. Il récolte 21 sièges et 28,31% des suffrages, mais affiche une baisse malvenue après une période où le renouveau était mis en avant. En interne, la fronde gronde vis-à-vis d’une campagne jugée trop vague, trop molle. Au lendemain du scrutin, le secrétaire général sortant, Laurent Zeimet, faisait son mea culpa au micro de 100,7.

Claude Wiseler, en homme d’État, ne s’est pas dérobé face à ses troupes réunies le 16 octobre et qui lui ont renouvelé leur confiance. Une séquence qui révèle bien la volonté du CSV d’afficher sa stabilité et d’éviter toute révolution, voire polémique, en externe. Les cadres sont confirmés au moins jusqu’à la tenue du congrès national en 2019. Le premier échevin de la capitale, Serge Wilmes (36 ans) – troisième score dans le centre avec 20.809 voix derrière Xavier Bettel et Claude Wiseler – s’est rapidement dit prêt à prendre ses responsabilités dans ce contexte de désaveux pour l’équipe dirigeante en place. Il est prié d’attendre. Rentrez dans les rangs.