Moskito entend renforcer son emprunte dans l'audio dans les prochains mois. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Moskito entend renforcer son emprunte dans l'audio dans les prochains mois. (Photo: Luc Deflorenne / archives)

Madame Retter, que vous évoque la rétrospective des 10 ans de Moskito qui sont célébrés ce soir?

«Je ne connais pas l'agence de l'intérieur depuis sa naissance, car je l'ai intégrée en 2009, mais quand je pense à ses débuts en tant qu'agence interne de Vox (opérateur mobile devenu Orange) orientée sur l'audiovisuel - même si des clients exprimaient déjà des besoins en print ou, dans une moindre mesure, sur le web - je remarque que nous avons bien évolué vers une agence full services qui emploie désormais dix personnes.

Que signifie «full services» en 2014?

«Cela veut dire vraiment connaître le client, être à son écoute. Le conseil occupe de plus en plus de place dans nos métiers. Nous devons véritablement nous mettre dans la peau du client et bien connaître le marché local. C'est la raison pour laquelle nous accordons une attention particulière à engager des collaborateurs qui connaissent très bien le marché et les habitudes des habitants qui sont tellement différentes des pays voisins. 

Peut-on parler d'une spécialisation dans un domaine d'activité?

«Nous n'avons pas de typologie de clients précise. Nous pouvons traiter de communication technique, B2B, d'une demande d'un commerçant local ou encore d'une thématique plus délicate. Je pense ainsi à une campagne que nous venons de réaliser pour des pompes funèbres. Nous avons accompagné le client en télévision et en radio pour faire passer ses messages avec émotion, tout en recherchant la juste mesure.

Avec l'émergence et la montée en puissance du web, le marketing-mix évolue-t-il significativement selon vous?

«Pour un annonceur qui dispose du budget suffisant, il est évidemment préférable de combiner médias traditionnels et canaux digitaux. Tout est souvent une question de moyens. Mais grâce aux nouveaux médias, nous pouvons justement trouver des solutions qui correspondent à des budgets limités qui n'existent pas forcément en print et radio, encore moins en télévision. Outre l'aspect budgétaire, nous constatons que la radio continue de marcher très bien pour les annonces, cela reste une particularité de notre pays en Europe.

Pensez-vous que le projet de radio francophone au Luxembourg, régulièrement évoqué, fasse du sens?

«Oui, car les annonceurs sont régulièrement à la recherche d'une radio francophone pour toucher cette partie de leur public et s'orientent vers Must Fm ou Classique 21 par exemple.

La création web est encore parfois décrite comme suiveuse au Luxembourg comparée aux autres pays, partagez-vous ce constat?

«On observe à la fois un usage encore classique de l'outil web, tout en percevant une augmentation de l'attention des sociétés portées à leurs sites, de même que plus d'investissements dans les campagnes Google par exemple. Les agences effectuent dans le même temps un travail pour être plus créatives, au-delà des banners traditionnels.

Vous êtes arrivée dans l'agence au cœur de la crise. Comment conjugue-t-on développement d'entreprise et manque de prévisibilité en raison de l'incertitude économique?

«Je n'ai pas connu véritablement les 'années folles'. Le contexte que nous connaissons a toujours été la donne, ce qui nous pousse à trouver les meilleures solutions pour nos clients, dans son budget imparti. Il nous a semblé important par ailleurs de diversifier nos clients afin de ne pas être trop dépendant de quelques grands comptes en cas de difficultés éventuelles qu'ils pourraient être amenés à rencontrer.

Considérez-vous qu'il y ait trop d'agences au Luxembourg compte tenu de la taille relative du marché?

«Il y a certes beaucoup d'agences, mais ce n'est pas forcément négatif pour le marché, car cela stimule la concurrence. Il reste ceci dit compliqué pour une agence unipersonnelle ou de petite taille de proposer un vrai full service et d'inclure la partie conseil. Nous n'avons pas constaté de départ de clients vers des petites structures qui se créent.

Quels sont les prochains projets de Moskito?

«Les projets sont nombreux, même si je ne peux pas tous les dévoiler. Nous allons pousser à nouveau l'audio, car nous avons remarqué que beaucoup de nos clients éprouvent des besoins dans leur identité sonore au sens large.

Si vous deviez retenir une campagne qui vous a marquée depuis votre arrivée...

«Une de mes premières et celle qui nous a permis de décrocher plusieurs awards est la campagne Yellow.

(Remise d'un Media Award en 2014 pour la campagne Yellow. Cliquez sur l'image pour agrandir.)

Je note aussi le travail pour Creos avec Claude Moes qui n'est malheureusement plus parmi nous et qui m'a tant appris.

Avez le recul, était-ce un challenge osé de prendre la direction de l'agence en 2011, à l'âge de 29 ans?

«J'ai l'impression que j'ai pu convertir d'éventuelles faiblesses en avantages, dont le fait d'être une jeune femme dirigeante, ce qui n'est pas toujours facile. Tout en me positionnant sur le marché, j'ai porté une attention à ne pas perdre l'esprit d'entreprise familiale, ce que j'espère avoir réussi. Je retiens par ailleurs qu'il est important de compter sur des mentors comme Claude Moes que j'évoquais, mais aussi Jean-Claude Bintz qui a fondé l'agence. Si l'on est jeune et à la tête d'une entreprise, il ne faut pas hésiter à demander conseil, à bénéficier de l'expérience pour prendre confiance en soi. C'est ce qui m'aide beaucoup.»