Le cimentier franco-suisse Lafarge a été inculpé jeudi, notamment pour «complicité de crimes contre l’humanité». Ceci après avoir été accusé d’avoir financé indirectement à travers ses activités des groupes djihadistes, dont l’organisation État islamique en Syrie, a-t-on appris de source judiciaire.
Les juges d’instruction ont également retenu contre la holding les chefs de violation d’un embargo et de mise en danger de la vie d’autrui. Lafarge SA est soumise à un contrôle judiciaire comprenant une caution estimée à 30 millions d’euros.
Des activités maintenues en Syrie
La justice française enquête sur les conditions dans lesquelles le cimentier français, racheté entre-temps par le suisse Holcim, a maintenu en activité son usine de Jalabiya en 2013-2014 dans une région du nord de la Syrie, qui était alors sous contrôle du groupe État islamique (EI).
En juin 2017, le Parquet de Paris avait alors ouvert une information judiciaire pour «financement d’entreprise terroriste et mise en danger de la vie d’autrui». Ce n’est pas la première affaire judiciaire pour Lafarge puisque huit anciens dirigeants et cadres, dont son ex-PDG Bruno Lafont, ont déjà été mis en examen.
L’ONG Sherpa et le Centre européen pour les droits constitutionnels et humains (ECCHR) sont à l’origine de l’information judiciaire. Ces derniers demandaient à ce que le cimentier français soit aussi mis en examen pour complicité de crimes contre l’humanité en Syrie.