L’entourage de Donald Trump est pointé dans ce travail d’investigation. (Photo: licence cc )

L’entourage de Donald Trump est pointé dans ce travail d’investigation. (Photo: licence cc )

À deux jours du premier anniversaire de son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump voit les soupçons de lien de son entourage avec la Russie être renforcés par les révélations des «Paradise Papers».

Le nom a été choisi par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et ses 96 médias partenaires, soit 400 journalistes de 67 pays pour présenter des révélations qui s’appuient cette fois sur une fuite de documents transmis, en 2016, au quotidien allemand Süddeutsche Zeitung.

Après les Panama Papers, ce travail s’intéresse aux montages de sociétés offshore dans différentes destinations à la fiscalité avantageuse, autrement appelés paradis fiscaux, et qui bénéficient – légalement jusqu’ici – sinon à des élus, à des personnalités de premier plan. ICIJ s’est basé notamment sur 6,8 millions de documents internes du cabinet international d’avocats Appleby, basé aux Bermudes.

Les investissements de Sa Majesté

Parmi les personnalités citées figure le Premier ministre canadien Justin Trudeau. Un de ses proches conseillers, Stephen Bronfman, est cité avec sa société Claridge pour une participation dans la structure basée aux îles Caïmans, le Kolber Trust.

Les Paradise Papers mettent aussi en lumière les intérêts et les activités de la reine d’Angleterre Elisabeth II, qui détient des intérêts dans plusieurs fonds d’investissement dans des paradis fiscaux comme le Dover Street VI Cayman Fund LP, une structure basée aux des îles Caïmans.

«Russian connexions»

On apprend donc aussi que l’un des membres de l’entourage direct du président américain, le secrétaire d’État au commerce Wilbur Ross, a conservé neuf sociétés depuis son arrivée au pouvoir. Celles-ci sont domiciliées aux îles Caïmans ou les îles Marshall. Selon ICIJ, l’une d’elles, Navigator Holdings Ltd, spécialisée dans le fret maritime, lui permet notamment de gagner plusieurs millions de dollars chaque année et vient directement concurrencer des entreprises de transport américaines. Une possible situation de conflits d’intérêts.

Cette société est aussi en relation avec des groupes russes dans le giron d’oligarques pourtant visés par des sanctions américaines après l’invasion russe de la Crimée en 2014. De quoi renforcer les soupçons de lien entre l’équipe de campagne et désormais l’administration de Trump pendant la campagne présidentielle de 2016.

À noter que les Paradise Papers révèlent les discrets investissements de structures proches du pouvoir russe dans Facebook et Twitter en 2011 et 2012.

Outre la relance du débat de la légalité vs la moralité fiscale, ce travail de l’ICIJ pointe l’impérieuse question des conflits d’intérêts et des relations d’influences cachées que certains décideurs pourraient entretenir malgré leur devoir de neutralité et d’agir dans l’intérêt public.