Mardi 22 mars marquera la réouverture du Casino Luxembourg, 20 ans jour pour jour après sa création. Pour cet anniversaire, le centre d’art contemporain a revu ses espaces et propose désormais à ses visiteurs un rez-de-chaussée réaménagé avec l’introduction d’un café-restaurant.

Une nouvelle exposition à l’étage consacrée à l’artiste Lara Almarcegui réserve une surprise de taille aux visiteurs.

Accueil repensé

Commençons tout d’abord par le rez-de-chaussée qui a été réaménagé suite à un concours restreint remporté par l’architecte Claudine Kaell. Désormais traversant, le hall du centre d’art est beaucoup plus ouvert, plus lumineux et remplit pleinement sa fonction de forum.

Avec la nouvelle entrée côté boulevard Roosevelt, les visiteurs peuvent entrer indifféremment d’un côté ou de l’autre du bâtiment, qui dispose en effet de deux façades principales. La caisse a été déplacée, quittant l’escalier pour s’installer plus posément dans le hall. Un comptoir est réservé à la mise en valeur des publications du centre d’art.

L’aquarium conserve sa fonction d’espace de travail pour les ateliers pédagogiques et l’InfoLab son rôle de bibliothèque et centre de documentation. Par contre, on note deux nouveaux espaces qui sont le Ca(fé)sino, une brasserie contemporaine, installée dans les salons Saint-Hubert et agrémentée d’une œuvre lumineuse de l’artiste Claudia Passer et la BlackBox, un nouvel espace de projection de vidéos.

C'est le duo Johan Herelixka et Laurent Bouchend'Homme qui avait été sélectionné pour prendre en charge le restaurant.

Claudia Passeri : Zeitgeist - Karl Cobain from Casino Luxembourg on Vimeo.

Pour l’ouverture, c’est le duo David Brognon et Stéphanie Rollin qui est invité à présenter ses créations récentes, ramenées de ses récents séjours en Israël. Cette BlackBox, libre d’accès, est complétée par une salle attenante dans laquelle sont présentés des documents vidéo en lien avec les expositions.

«Même si tout le rez-de-chaussée est désormais en libre accès, l’art est quand même bien présent dans les différents espaces et nous espérons ainsi que les visiteurs qui viendront pour aller au Ca(fé)sino, par exemple, auront un jour la curiosité de découvrir les expositions», précise Kevin Muhlen, directeur artistique du Casino Luxembourg. 

L’art de la transformation

Les expositions sont désormais uniquement présentées à l’étage. Pour ce nouveau départ, c’est l’artiste Lara Almarcegui qui est la première invitée.

Lara Almarcegui - Gypsum from Casino Luxembourg on Vimeo.

«Pour la programmation de cet anniversaire, je ne voulais pas tomber dans le caractère nostalgique. En invitant Lara Almarcegui, nous avions la possibilité d’intégrer le processus de transformation architecturale dans le propos artistique», explique Kevin Muhlen, commissaire de cette exposition intitulée «Le Gypse».

Car il faut savoir que l’artiste espagnole a pour habitude de travailler avec les matériaux de construction et de les intégrer pleinement dans ses œuvres. Au Casino, elle a saisi l’opportunité donnée par l’équipe de détruire les «White Cubes» qui avaient été mis en place au moment de la création du centre d’art.

Nous avons choisi de sortir de notre zone de confort et de modifier les espaces d’exposition.

Kevin Muhlen, Casino Luxembourg. 

«Au bout de 20 ans, les cimaises avaient souffert du passage des différentes expositions. Plutôt que de les refaire, nous avons choisi de sortir de notre zone de confort et de modifier les espaces d’exposition. Nous avons donc proposé à Lara Almarcegui de s’approprier comme elle le souhaitait ces murs. Ce qu’elle a fait, en choisissant de tous les détruire et de n’en conserver que le plâtre qu’elle expose dans une installation.»

Aussi, c’est le bâtiment originel du Casino Bourgeois qu’il est désormais possible de redécouvrir, dans son jus, avec ses peintures fanées, ses traces de cimaises au sol et le système d’éclairage encore en place selon le schéma des White Cubes. Mais les volumes apparaissent surtout dans toute leur immensité, principalement pour la salle côté boulevard Roosevelt, qui accueillent les 20 tonnes de plâtre de ce que fut autrefois les murs d’exposition.

Côté rue Notre-Dame, deux espaces se dévoilent. Un de taille moyenne, dans lequel est présenté un inventaire chiffré des constituants de l’enveloppe architecturale du Casino, un autre de plus petite taille où l’artiste a choisi de présenter sa réflexion sur les sous-sols du Casino, dans lesquels se trouve un gisement de gypse. Avec l’aide d’un géologue, elle a introduit une demande aux autorités compétentes pour réaliser un forage et exploiter potentiellement ce sous-sol. Ce qu’elle a obtenu, soulignant ainsi la problématique de la propriété des sous-sols et leur exploitation dans un système capitaliste.

Enfin, sur le palier, est présentée la publication «Luxembourg souterrain» (publié en collaboration avec Maison Moderne) qui n’est autre qu’une mise en lumière d’une réalité invisible, celle des sous-sols de la ville, une compilation de textes scientifiques retravaillés en un texte continu qui nous permet de comprendre ce qu’il y a sous nos pieds. Son format de poche est une incitation à la lecture dans la ville, dans le bus, au gré de nos pérégrinations.

Loin d’une rétrospective nostalgique, c’est bien une nouvelle lecture du bâtiment qu’il est donné à voir, une réflexion sur un espace en transition, une transformation menée de manière sensible et intelligente, qui trace un chemin à construire pour les années à venir sans jamais oublier son passé.

Vernissage mardi 22 mars, suivi d’une semaine portes ouvertes ponctuée d’événements dont le projet Public Collection des artistes Alexandra Pirici et Manuel Pelmus.

Programme de réouverture disponible sur le site du Casino.