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 (Photo: Laurent Antonelli / Blitz)

Le « Bring Your Own Device » (BYOD)est un concept simple et souple : il consiste, pour un travailleur, à utiliser ses propres équipements mobiles (laptop, smartphone, tablette, etc.) dans un contexte professionnel. S’il fait parler de lui dans le landerneau managérial, le concept n’est, dans la pratique, que peu observé. Pour Rénald Wauthier (CTG), il s’agit essentiellement d’une notion à visée marketing. Selon lui, les barrières sont de deux ordres. Applicatif d’abord, car amener son matériel personnel suppose d’installer les applications en usage dans l’entreprise puis, le cas échéant, de les désinstaller. De sécurité ensuite : des solutions BYOD existent pour répondre aux problèmes de sécurité, mais s’avèrent, de l’avis d’experts en la matière, encore non satisfaisantes. Les entreprises, craignant des opérations frauduleuses qui visent à récupérer des données professionnelles et sensibles, sont réticentes à laisser entrer ce qu’elles considèrent comme un cheval de Troie. Les institutions financières et bancaires ne lésinent pas sur la sécurité, allant jusqu’à bloquer les ports USB ou encore supprimer tout lecteur graveur de CD. Pour elles, adopter le BYOD, c’est aller à contre-courant de leur propre politique.

« Selon mes observations, le Bring Your Own Device n’existe pas vraiment au Luxembourg, déclare Rénald Wauthier. Chez nous, chacun peut utiliser son propre matériel mobile, pour consulter ses e-mails ou accéder à l’intranet de la société. Mais aucun accès à des données du client n’est bien sûr permis. »

L’outsourcing est une tendance de fond qui continue, d’année en année, à prendre de l’envergure. « Selon nous, c’est à mettre en rapport avec l’ouverture inhérente, nécessaire aux différentes plateformes à supporter », ajoute le directeur de CTG.

Connecté sur ses clients

Il est en effet devenu extrêmement difficile pour les sociétés utilisatrices de l’IT de fournir à la fois la souplesse attendue par les équipes fonctionnelles et la rigueur souvent exigée par les équipes IT. L’usage du cloud ou du SaaS (Software as a Service), par exemple, ainsi que l’appel aux services spécialisés externalisés vont, selon Rénald Wauthier, dans ce sens, celui d’une ouverture grandissante des possibilités offertes au business, tout en se reposant sur des partenaires prenant en charge les aspects qui y sont rattachés. « Chez nous, l’approche est forcément modifiée par cette tendance. Nos développements, par exemple, se basent sur la notion de ‘Responsive Web Design’ lorsque nous pouvons l’appliquer et utiliser des technologies ouvertes, multiplateformes, pour autant que cela soit compatible avec les contraintes architecturales de nos clients , dit-il. Maintenant, soyons clairs, nous n’avons aucun client qui nous autorise à nous connecter sur son système critique avec nos propres outils. Il y a principalement deux raisons à cela : l’aspect sécurité et les licences. Néanmoins, nous sommes, par exemple, connectés en VPN aux réseaux d’entreprise de certains clients. »

Pourtant, le BYOD a ses aspects positifs, notamment en termes de confort pour les utilisateurs qui savent réellement ce dont ils ont besoin. Or c’est de plus en plus le cas, à mesure que la compréhension et la culture IT évoluent et gagnent en importance. Et les générations à venir ne feront que renforcer cet état de fait. Mais, pour l’heure, Rénald Wauthier nuance : « Les besoins en termes de sécurité, de facilité, de maintenance et de support, restent de vrais challenges, lorsqu’on doit intégrer des systèmes orientés ‘legacy’ et se conformer à de nombreuses normes et réglementations. » Pour lui, la conclusion suivante s’impose : « Le BYOD est avant tout un modèle pour le particulier, qui permet d’accéder de n’importe quel appareil à ses applications de type web banking, assurances, factures d’électricité, entre autres. Mais il est, pour l’heure, quasiment hors de question pour l’employé de venir au bureau avec son propre ‘device’ et de se connecter aux systèmes informatiques de son employeur. »