Après un premier passage au Grand-Duché en octobre dernier, Michel Barnier était de retour mardi dans la capitale luxembourgeoise. Mais alors qu’il y a six mois, le négociateur en chef en charge du Brexit avait rencontré le seul Premier ministre, le programme de son nouveau passage était bien plus dense. Échanges avec Jean Asselborn (LSAP), ministre des Affaires étrangères, puis les membres des commissions des finances et du budget, des affaires étrangères et européennes, sans oublier les chefs de fraction, avaient précédé une nouvelle entrevue avec Xavier Bettel.

Autrement dit, une visite aux représentants du pouvoir exécutif, mais aussi législatif, quelques jours après le déclenchement officiel de l’article 50 du Traité de Lisbonne par le gouvernement britannique, qui a donné le coup d’envoi officiel du processus de divorce entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.

On ne peut pas réussir cette négociation dans le secret.

Michel Barnier, négociateur en chef en charge du Brexit

«Pour réussir cette négociation – et nous voulons la réussir -, il y a plusieurs conditions, dont celle de l’unité des 27», a indiqué Michel Barnier à la sortie de son entretien officiel au ministère d’État, précisant que «cette unité ne se décrète pas, mais qu’il faut la construire avec du dialogue et de l’écoute non seulement avec les chefs d’État et de gouvernement, mais aussi avec les Parlements nationaux».

Des échanges d’autant plus importants que l’accord qui verra le jour après les deux années prévues de négociations devra être validé par les Parlements des États membres à la majorité qualifiée et par le Parlement européen. Revendiquant une démarche transparente, l’ancien ministre français des Affaires étrangères et ancien commissaire européen assure qu’il rencontrera également «la communauté économique ici au Luxembourg, ainsi que les syndicats», car selon lui, «on ne peut pas réussir cette négociation dans le secret».

Le peuple britannique verra les conséquences en fin de parcours.

Xavier Bettel, Premier ministre

Nommé négociateur unique pour les 27, Michel Barnier devrait recevoir sa feuille de route officielle le 29 avril prochain, date de la tenue d’un conseil européen extraordinaire au cours duquel chefs d’État et de gouvernement s’accorderont sur l’agenda et les points de négociation. Selon Xavier Bettel, le mandat devrait rester identique à l’idée défendue depuis le référendum du 23 juin 2016, à savoir l’absence de volonté «de punir la Grande-Bretagne», tout en refusant pour autant «de la privilégier par rapport à d’autres».

Répétant une nouvelle fois «regretter mais respecter» le choix du peuple britannique, le Premier ministre luxembourgeois a estimé que ce dernier «verra les conséquences de ce choix en fin de parcours». D’après les éléments livrés mardi par Michel Barnier, le vrai round de négociation devrait débuter «à la fin du mois de mai», date à laquelle non seulement le mandat, mais aussi «les détails» auront été clairement définis.