« La construction offre des métiers d’avenir, et qui ne sont pas délocalisables. »  (Photo : David Laurent / Wide)

« La construction offre des métiers d’avenir, et qui ne sont pas délocalisables. »  (Photo : David Laurent / Wide)

Le secteur de la construction connaît une « réévolution » qui va en s’accélérant. Bruno Renders, directeur de l’IFSB, s’en réjouit, lui qui prône comme lignes conductrices la durabilité, l’innovation et l’intégration.

Monsieur Renders, la crise économique a-t-elle eu un impact sur l’IFSB et plus généralement sur le secteur de la construction ?

« Oui car, comme vous le savez, le secteur du bâtiment a eu son lot de faillites. Bien entendu, il y a eu des gens qui ont perdu leur emploi et les médias en ont fait l’écho. On a moins dit que le secteur s’est mobilisé pour ces gens et que beaucoup d’entre eux ont récupéré un emploi au sein d’autres entreprises du secteur. L’IFSB a joué son rôle en mettant en place des mesures qui ont porté leurs fruits. Ainsi, sur 64 candidats formés en 2011, 70 % ont retrouvé un emploi grâce à ces formations. Nous avons des responsabilités sociétales que nous prenons à bras le corps.

D’un autre côté, avec ce ralentissement économique, certaines entreprises ont profité du temps disponible pour former leurs salariés. Le nombre de personnes formées et le nombre d’heures de formation, ne cessent d’augmenter. Notre croissance est continue, depuis maintenant 10 ans.

J’ajoute que notre secteur a été naturellement touché par l’évolution réglementaire qui impose aux entreprises de s’adapter. On fait souvent la différence entre évolution et révolution. Dans notre secteur, je dirais que nous sommes à mi-chemin entre les deux : nous sommes en train de ' réévoluer', un néologisme pour signifier que les acteurs du secteur accélèrent leur évolution technologique.

L’avenir devrait donc se poursuivre dans cette optique ?

« Tout à fait. L’évolution du secteur va encore s’accélérer. Le standard réglementaire actuel au Luxembourg est la classe B, qui suppose que tous les bâtiments neufs doivent répondre aux critères de performance énergétique qui s’y rattachent. En 2017, le standard sera la classe A, autrement dit, la maison passive. Et à l’aube de 2020, c’est le bâtiment Zero Energy qui sera la norme. Ceci implique une adaptabilité de tous, de l’architecte à l’électricien, en passant par l’ensemble des corps de métiers. Je considère ces normes comme une opportunité car elles sont génératrices d’innovation et de durabilité. Cela doit se faire de manière cohérente en tenant compte des dimensions technologiques (permettre au secteur d’aborder les avancées liées à l’objectif Zero Energy), managériales (développer le management de la durabilité au travers des outils CSR 26000, RSE, GRI, etc.) et pédagogiques (attirer les jeunes via de nouvelles méthodes, intégrant les technologies interactives qu’ils utilisent quotidiennement).

Ceci suppose-t-il des changements dans votre politique RH ?

« Nous recherchons actuellement cinq formateurs supplémentaires. Notre priorité va vers des gens du métier (ingénieur ou technicien) qui maîtrisent les techniques de construction durable et qui ont, par ailleurs, la fibre pédagogique. Je dois avouer que nous avons du mal à les trouver.

Plus généralement, comme les effectifs vieillissent, il est important d’expliquer aux jeunes que nos métiers ont changé, qu’ils sont plus structurés, plus sécurisés, plus techniques. Il est paradoxal que le nombre de jeunes au chômage croisse et qu’en parallèle, les métiers de la construction soient en pénurie récurrente de main-d’œuvre. C’est aussi le devoir sociétal de l’IFSB et du secteur de leur offrir des opportunités de métier et de carrière. Il y a moyen de les intéresser et nous l’avons constaté au travers de nos actions (comme le building games).

Comment améliorer votre secteur d’activité ?

« Il y a beaucoup de travail de promotion à faire. Notre travail porte ses fruits. Mais il faut poursuivre : la construction offre des métiers d’avenir, et qui ne sont pas délocalisables. En développant leur responsabilité sociétale, les acteurs du secteur vont immanquablement attirer les jeunes. Mais il faudrait alléger les questions administratives qui entravent le rapprochement entre les écoles et le secteur. »