«La quantité de données transmises par satellite est en train de rattraper celle qui transite dans les réseaux terrestres», affirme Steve Collar, le CEO de SES. «Notre business traditionnel est en plein chamboulement et c’est très existant.» (Photo: Matic Zorman / archives)

«La quantité de données transmises par satellite est en train de rattraper celle qui transite dans les réseaux terrestres», affirme Steve Collar, le CEO de SES. «Notre business traditionnel est en plein chamboulement et c’est très existant.» (Photo: Matic Zorman / archives)

Un chiffre d’affaires en baisse de 6,4% et un résultat net qui chute de 17,3%... Le premier semestre 2018 de SES ne restera certainement pas dans l’histoire de l’entreprise. Pourtant, son CEO, Steve Collar, se dit «plutôt content» de ces chiffres.

Aux affaires depuis le mois d’avril et le départ de Karim Michel Sabbagh, le Britannique avait invité la presse vendredi au château de Betzdorf, siège du groupe, pour offrir son analyse sur ces résultats.

Très à l’aise dans cet exercice, il a commencé par insister sur la progression de 1,5% du chiffre d’affaires récurrent, c’est-à-dire qui exclut les recettes périodiques et les autres revenus. Ajoutant que l’entreprise respectait pour l’instant les objectifs fixés pour 2018.

Un marché en pleine mutation

Car ces résultats en baisse sont, pour Steve Collar, le prix à payer pour se préparer à mieux rebondir sur une tendance qui est en train de «disrutper» le secteur. Si la transmission de contenus vidéo a constitué la base de la croissance de SES pendant des années, aujourd’hui, ce marché est en train de caler.

En revanche, la transmission de données par satellite est en pleine expansion. Et si elle ne représente pour l’instant qu’un tiers des activités du groupe, contre deux tiers pour la vidéo, elle constituera plus de 40% du chiffre d’affaires de l’entreprise d’ici 2020.

«La quantité de données transmises par satellite est en train de rattraper celle qui transite dans les réseaux terrestres», affirme Steve Collar. «Notre business traditionnel est en plein chamboulement et c’est très excitant.»

Une croissance à deux chiffres

On comprend mieux son enthousiasme quand on regarde plus en détail les résultats présentés vendredi. Le seul chiffre positif qu’on y trouve est celui de SES Networks, la division qui s’occupe de la transmission de données.

Celle-ci enregistre une progression de 10,6% de son chiffre d’affaires récurrent, alors que SES Video, la division qui recouvre les activités traditionnelles du groupe, s’inscrit en repli de 2,3% selon les mêmes critères.

Le marché de la vidéo reste vaste et profitable, mais ne grossit plus

Steve Collar, CEO de SES

«Il est extrêmement rare dans le secteur satellitaire de voir une croissance à deux chiffres», précise Steve Collar. Avant de résumer: «Le marché de la vidéo reste vaste et profitable, mais ne grossit plus, alors que celui des données est très dynamique et constitue désormais le moteur de croissance de SES.»

En contrat avec la Défense américaine

Et pour l’instant, le marché des données est tiré par deux secteurs. D’un côté, les solutions de mobilité aéronautique, comme le développement de l’internet dans les avions, et de l’autre, les services aux administrations publiques.

Ces derniers ont d’ailleurs été le principal levier de croissance de SES Networks durant la première partie de l’année. Si le lancement début février de GovSat-1, le satellite militaire luxembourgeois opéré par SES, a constitué un moment-clé pour l’entreprise, c’est la signature d’un important «contrat d’achat cadre» avec le département américain de la Défense qui a permis à l’entreprise d’afficher une telle progression.

Celui-ci se base sur les services fournis par la flotte de ses satellites en orbite terrestre moyenne, O3b, qui ont obtenu l’autorisation d’opérer au mois de juin. Plus globalement, ce type de services est déjà fonctionnel pour des «centaines» d’autorités publiques à travers le monde, affirme le directeur de SES.