Me Pierre Hurt, l'avocat de Maison Moderne, s'est montré particulièrement agacé par la volonté de l'avocat de feu Thierry Leyne de relancer l'affaire. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Me Pierre Hurt, l'avocat de Maison Moderne, s'est montré particulièrement agacé par la volonté de l'avocat de feu Thierry Leyne de relancer l'affaire. (Photo: Christophe Olinger / archives)

Le litige opposant la société financière Leyne Strauss-Kahn à Maison Moderne, l’éditeur de Paperjam, n’a plus de raison d’être, depuis le suicide de Thierry Leyne – le 23 octobre 2014 – puis la faillite et la liquidation des sociétés du groupe qu’il avait dirigé avec Dominique Strauss-Kahn, l’ancien directeur du FMI. Or, à la surprise générale, l’avocat de feu Thierry Leyne, Me Patrice Mbonyumutwa, a demandé à la juge des référés de «bien vouloir refixer cette affaire pour plaidoirie», alors que toutes les parties en cause s’étaient accordées pour sa radiation.

«Indépendamment du débat démocratique inhérent à cette affaire qu’il sera intéressant de trancher, je maintiens ma demande d’indemnité de procédure dans la mesure où j’occupe toujours pour la succession de M. Leyne», a écrit Patrice Mbonyumutwa, en précisant qu’il n’avait pas eu mandat de suspendre l’affaire, ni d’ailleurs de la poursuivre.

Quelles motivations?

Cette demande de refixation avait interpellé les avocats des différentes parties sur les véritables motivations de l’avocat du disparu, dans la mesure où son conseil n’a pas été mandaté par les héritiers de l’homme d’affaires franco-israélien, de très jeunes enfants, pour poursuivre une affaire qui risque de mener nulle part, sinon, dans l’hypothèse où il la perdrait, à leur laisser une nouvelle dette en héritage. On ignore aussi si les représentants légaux des jeunes orphelins ont accepté la succession.

Dans les couloirs du Palais de justice, on entendait les avocats de la partie adverse – qui avaient dû se déplacer à l’audience dès 9 heures quand Me Mbonyumutwa y est arrivé avec une petite heure de retard – dire leur agacement sur l’évolution des choses et le caractère totalement déplacé à la demande de refixation (uniquement pour plaider sur le volet des indemnités de procédure); à se demander aussi si leur confrère ne faisait pas primer son propre intérêt en réclamant une indemnité de procédure, sur celui de ses clients, propos dont il s’est d’ailleurs offensé. «Je suis scandalisé», lui a quant à lui fait savoir Me Pierre Hurt, l’avocat de Maison Moderne.

Question d'honoraires?

La juge des référés a semblé elle aussi sur cette ligne: «Me Mbonyumutwa veut penser à lui», a-t-elle lâché à l’audience en appelant l’affaire, avant de demander un peu plus tard à l'avocat quel était le montant de ses honoraires. L’avocat s’est contenté d’assurer qu’ils étaient «symboliques».

Certaines allégations tenues par Me Patrice Mbonyumutwa méritent d’être soulignées. L’avocat a laissé entendre à l’audience ce jeudi que la demande originelle de ses clients (LSK, Assya Asset Management et Thierry Leyne), de faire interdire la publication d’un article dans Paperjam.lu relatant les déboires judiciaires et financiers du groupe présidé à l’époque par DSK, «était une question de vie ou de mort». «À l’époque, je ne le savais pas, aujourd’hui on le sait», a-t-il assuré en imputant ainsi implicitement le suicide de Thierry Leyne au fait que la presse ait révélé ses problèmes financiers. Drôle de manière de voir le fameux «débat démocratique» évoqué dans sa lettre du 14 janvier.

La juge des référés a refixé l’affaire au 27 avril prochain «pour radiation», ce qui devrait signifier son épilogue.